TSCHUMI, Bernard, 1988 : Introduction : notes towards a theory of architectural disjunction, in Architecture and Urbanism no.216, pp13-15.

JUSTET François

 

TSCHUMI, Bernard, 1988 : Introduction : notes towards a theory of architectural disjunction, in Architecture and Urbanism no.216, pp13-15.

La notion de DISJONCTION (logique de déconnection) ne peut être vu comme un concept architectural, mais plus comme un effet immédiat sur le site, sur la construction et le programme selon les directives du projet.

 

Si l’on devait définir le terme ” disjonction ” au-delà de son sens premier, il faudrait insister sur l’idée de LIMITE et d’interruption. La STRATEGIE DE DISJONCTION prend forme au moyen d’une exploration systématique d’un ou plusieurs thèmes ou opérations de transformations comme la compression, l’insertion, le transfert, la superposition, la distorsion ou la décentralisation. Une telle expérimentation ne peut être menée dans l’abstraction, ex-nihilo.

 

TSCHUMI souligne l’importance de la pluridisciplinarité et l’intervention d’autres champs d’activité comme la littérature, la philosophie, les techniques vidéo dans un projet d’architecture, ou action expérimentale.

 

Il tente de développer la discipline de l’architecture par la transgression de ses limites, en rejetant toutes synthèses et totalités en conservant des situations conflictuelles et déstabilisantes ; l’accentuation devient donc un jeu afin de résister à toutes stases : les ralentissements, la stagnation et l’arrêt.

 

L’idée de L’ORDRE est constamment remit en question, défié, mi à l’écart. Cependant la notion d’unité reste la base même si selon TSCHUMI, un travail architectural n’a ni de début, ni de fin.

 

Un projet n’est jamais achevé, ses limites ne sont donc jamais fixées.

 

I don’t like architecture, I like Making architecture. ” – ORSON WELLES .

 

Les limites agissent comme un ” mémento ” ou une mémoire tampon pour TSCHUMI. Son propre plaisir ne s’est jamais manifesté en regardant une construction, ni dans les grands travaux historiques, ni même dans l’architecture du présent mais plutôt dans leur démontage, leur déconstruction. Pour travailler en marges, aux limites de l’architecture, la notation dégage certains domaines externes à toutes théories bien qu’aucun mode de notation, aussi logique ou mathématique qu’il soit, ne peut retranscrire la complexité d’un phénomène architectural. Le progrès de cette notation est lié au renouvellement à la fois de l’architecture et de ses concepts culturels. La transgression des canons modernes de l’architecture ne devrait pas être une régression vers l’empirisme formel.

 

DECONNEXION & AVANT-GARDISME ?

 

En architecture, de telle disjonction telles que : homme/objet, objet/événements, événements/espace implique qu’à aucun moment cela doit devenir un tout autosuffisant et fini. Chaque partie mène à une autre, l’objectif étant de dégager de nouveaux concepts à la fois de la ville et de l’architecture. Si nous qualifiions celle-ci ou une méthode architecturale de ” disjonctive “, son dénominateur commun serait le rejet de la traditionnelle opposition entre forme architecturale et usage au dépend de la superposition et la juxtaposition de plusieurs termes composants l’analyse.

 

L’accentuation, comme méthode directrice, porte sur la dissociation, la superposition et la combinaison d’éléments déclenchant un dynamisme qui s’étend dans tout le système architectural éclatant, comme dit précédemment, les limites jusqu’à en proposer leur nouvelle définition.

 

Le concept de ” disjonction ” est incompatible avec l’immobilité, l’autonome et les structural view of architecture. Cependant, il n’est pas anti-autonomie, ni anti-structurel. Il implique simplement une constance, une succession d’opérations mécaniques qui produisent systématiquement une dissociation dans l’espace et dans le temps des éléments ; où ces éléments architecturaux prennent fonction seulement lors de la collision avec un élément programmé, avec le mouvement des corps.

 

De cette façon, la STRATEGIE DE DISJONCTION (” logique de déconnection “) devient un outil systématique et théorique pour la pratique de l’architecture, particulièrement de la déconstruction.

 

TSCHUMI, Bernard, 1988 : Introduction : notes towards a theory of architectural disjunction, in Architecture and Urbanism no.216, pp13-15.