MAYNE, Thom, 1999 : Morphosis Buildings and Projects, Éditions RIZZOLI.

CAUVIN Marine

 

MAYNE, Thom, 1999 : Morphosis Buildings and Projects, Éditions RIZZOLI.

 

L’agence MORPHOSIS a été créée en 1972 par les architectes Thom MAYNE, et Michael ROTONDI, elle est située à SANTA MONICA, en CALIFORNIE.

 

L’architecture de MORPHOSIS est propre à l’architecture de la côte ouest des ETATS-UNIS, où l’expérimentation à fortement sa place, notamment en CALIFORNIE (CASES STUDIES HOUSE).

 

MORPHOSIS, c’est la forme, le terme vient de metamorphosis: la forme changeante, en mouvement, en transformation, la métamorphose.

 

C’est justement par ce terme que l’agence décrit son architecture, caractérisé par l’expérimentation. L’expérimentation des formes, dans leurs contextes.

 

Thom MAYNE cherche la forme, c’est indéniable, mais il se défend fortement de chercher la forme par et pour l’esthétique; l’esthétique pour l’esthétique, ça ne l’intéresse pas. C’est sans doute là que l’on sépare l’architecture de Thom MAYNE à celle de Franck. O. GEHRY, tous deux pritzkérisés.

 

Le travail de Thom MAYNE résulte d’un processus d’un type de pensée, qui va dans le sens de sa génération. Ce processus demande un certain nombre de questionnement sur la relation des éléments, pas des éléments entre eux, mais au fait que l’architecture amène une certaine complexité de relation entre ces éléments.

 

D’après le travail de Thom MAYNE en 1993 sur l’ ” isolement connecté “, on retrouve toute la logique du travail qui précède chaque projet de MORPHOSIS.

 

Dans tout projet, Thom MAYNE, se pose la question du public et du privé, afin d’intégrer une certaine cohérence dans le programme. Ensuite il développe des méthodes afin de soutenir et contribuer à l’idiosyncrasie. Puis il adapte les besoins aux besoins quotidiens, et les intégrer dans une vision plus contemporaine, plus authentique de cette vie quotidienne.

 

Thom MAYNE note l’importance de resituer l’architecture dans le présent. C’est d’ailleurs ce qui lui vaut le pritzker price, un membre du jury évoque Thom MAYNE comme un architecte qui propulse l’architecture du XXème siècle au XXIème siècle.

 

D’après cette étude à l’échelle humaine, il se poste à l’échelle de la ville, et la redéfinit dans sa ” réalité ” géographique et historique. Aujourd’hui la ville est libérée de toute limite et connexion matérielle. Il redéfinit la communauté, ce ne sont plus des connexions proches telles que le voisinage qui la font, mais des connexions plus généralisées grâce aux télécommunications, les intéractivités ne sont plus dépendantes des proximités physiques.

 

Cette connexion plus généralisée entraîne l’effacement de la personne physique, elle l’isole, l’asociabilise, alors que paradoxalement il s’ouvre à une communauté plus grande, mais dénouée d’attachement physique. Thom MAYNE parle de désaffection sociale, qui développe en l’individu une notion d’intimité et d’autonomie plus importante.

 

Il évoque une sphère publique inconfortable et une sphère privée de plus en plus rétrécie, refermée. Ces sphères posent des questions sur la capacité d’un groupe ou d’un individu seul à résoudre des problèmes de société. Il évoque le livre de Reinold NIEBUHR ” Moral Man and Immoral Society ” : l’homme seul est rationnel, tandis que le groupe exprime plus de difficultés à réunir le rationnel et le social. Cependant au final dans une société c’est le groupe qui est plus fort que l’homme seul, car il est trop effacé.

 

L’architecture peut ne pas prendre partie et décider de se poster au milieu de ces deux sphères. Thom MAYNE constate d’ailleurs qu’aujourd’hui la notion de limite se place au niveau de l’intérieur/extérieur et du public/privé.

 

A propos de l’urbanisme, Thom MAYNE défend la différence et la diversité et va à l’encontre de l’universalité, la standardisation de la société qui avait sa place au XXème siècle notamment par le travail à la chaîne et la production en série. Il cherche à exploiter le dynamique plutôt que de trouver la stabilité, le figé, il met à profit l’ ” énergie ” de la ville. Il cherche la complexité que l’homme adulte tend à avoir, et critique l’urbanisme simple et standardisée que l’enfant est.

 

On reconnaît facilement les projets de MORPHOSIS, tous d’acier et de verre, d’une constante dite ” destructurée ” , tantôt torturée et cassante, tantôt douce et organique, cependant ces formes ne sont que le résultat d’un contexte particulier dans lequel le projet se situe et naît, il résulte du bilan d’une étude poussée à la fois urbaine, sociale, géographique, fonctionnelle, économique, écologique, politique, et esthétique, chaque thème se comporte comme un pôle isolé mais connecté avec un, deux ou tous les autres, c’est de cette connexion que résulte l’architecture de MORPHOSIS.

 

En plus de toute cette philosophie auquel Thom MAYNE, et MORPHOSIS sont raccrochés, la notion d’écologie dans leurs projets est toujours présente de manière forte (doubles peaux, intégration d’éoliennes dans la tour à la Défense…)

 

MAYNE, Thom, 1999 : Morphosis Buildings and Projects, Éditions RIZZOLI.

 

MAYNE, Thom, 1995 : Morphosis: Connected Isolation, Academy Editions, Architectural Monographs No 23.