LARUE, Anne, 2006 : THÈME : ART ET ARCHITECTURE, Monolithe et monochromes : la science-fiction au carrefour des arts, conférence École Normale Supérieure.

BELLAMY Laura

 

LARUE, Anne, 2006 : THÈME : ART ET ARCHITECTURE, Monolithe et monochromes : la science-fiction au carrefour des arts, conférence
École Normale Supérieure.

 

ANNE LARUE est intervenue à l’ENS dans le cadre du mois de la science fiction. C’est un professeur de Lettres à l’Université Paris XIII, elle a réalisé de nombreux sujets sur des thèmes très classiques qui contrastent notamment avec la conférence MONOLITHE ET MONOCHROME, LA SCIENCE FICTION AU CARREFOUR DES ARTS.

 

La conférence a été réalisée en 30 minutes, l’intervenante a choisit d’aborder le thème de l’immensité confrontée à l’espace réduit très intime dans le film 2001 ODYSSÉE DE L’ESPACE de STANLEY KUBRICK. Elle pose également la question du rapport entre le monolithe, personnage énigmatique de 2001 , appartenant au monde de l’Art et le film lui même. Elle vient ensuite formuler l’impact que 2001 ODYSSÉE DE L’ESPACE a eu sur la culture architecturale des années 60.

 

La conférence aborde donc tour à tour la question de l’Art dans le film puis la question de la “fuite“, idée très présente à l’époque de sa réalisation, et sa manifestation dans des projets architecturaux science fictionnels.

 

Au début le film se voulait être un documentaire mais peu à peu KUBRICK élimine tout ce qui est parole. Il a la tentation du film muet mais préfère la contemplation et travaille l’image sur la même base qu’un peintre, afin de rendre l’image auto suffisante; la réalité devient évanescente. “II veut créer une expérience visuelle pure qui contourne l’entendement qui contourne tout les élément verbaux à la manière de la musique, de façon atteindre la subjectivité profonde du spectateur“. On regarde le film comme quelque chose de plastique, on recherche le vague, l’abstraction pour toucher la sensibilité.

 

C’est dans ce contexte qu’ANNE LARUE introduit son hypothèse selon laquelle: l’ART AMÉRICAIN des année 60 est résumé et concentré à travers ce film.

 

On évoque dans la conférence le MINIMALISME à travers les monolithes de DONALD JUDD, et les monochromes d’AD REINHARDT, le LAND ART avec les réalisations de CHRISTO et SPIRALE GETTY des SMITHSONS, et l’ART CONCEPTUEL par l’ART LUMINISTE de DAN FLAVIN. On identifie dans le film la présence plus ou moins flagrantes de ces réalisations afin de montrer comment le film se les approprie et les rend accessibles à un large public.

 

Les fauteuils de CLARCK, la présence de monochrome noirs dans la peinture Américaine dont ceux d’AD REINHARDT “ULTIMATE PAINTING” que l’on met en rapport avec le monolithe du film prouve bien que le film entre dans le cadre d’un contexte graphique et design . Le monolithe n’a pas une forme cubique comme c’est souvent le cas mais a plutôt l’apparence d’un tableau .Les formes monolithiques apparaissent avec les réalisations de DONALD JUDD, on a un retour monotone de la forme à l’identique par la répétition d’un même volume. La clef de l’énigme de ces représentations est absente des monochromes d’AD REINHARDT comme de la figure du monolithe. Dans ce film il n’y a pas d’histoire, il y a des séquences narratives travaillées chacune par l’apparition du monolithe, on ne résout en rien l’énigme liée à la présence de ce monolithe.

 

Chacun émet une hypothèse quant à sa signification; EMILIE BARON nous éclaire sur les moyens utilisés par KUBRICK pour décrire l’évolution de l’humanité dans laquelle est inscrit le monolithe noir:

 

II semble que Kubrick croit en l’évanescence du monde, voyant l’Art comme un moyen de dépasser la surface des choses pour rendre au réel une transcendance fluide et abstraite libérant le monde phénoménologique de l’homme et des mythes que celui ci crée pour s’approprier cette ambiguïté de la réalité. KUBRICK se refuse à la reproduction mécanique de la réalité empirique… Le cinéma ne nous parle donc pas de façon naturaliste, mais bien de façon poétique et subjective. L’Art vient donc modeler le monde au service de la subjectivité de l’artiste, cherchant à reproduire par la métaphore et l’analogie l’expérience individuelle de cette transcendance que l’artiste ne peut qu’approcher sans jamais la réduire à un cliché photographique, à une image bidimensionnelle imprimée sur carton ou sur pellicule.

 

La recherche de KUBRICK est celle de la déshumanisation et de l’aliénation de l’homme face à cette universalité. Il représente cette recherche en quatre actes correspondant à l’évolution de l’humanité. Le singe, qui correspond à un état primitif de l’homme, lorsqu’il est confronté au monolithe, il atteint un nouvel état d’évolution en apprenant à se servir d’os pour se défendre.

 

Tandis que l’homme moderne, persuadé d’être l’apogée de l’évolution humaine est renfermé sur lui même depuis quatre millions d’année, il tente de réduire le monolithe en une image photographique et demeure ainsi dans un état d’aliénation. Il ne se remet pas en question, il cherche à se protéger de l’immensité et de l’inconnu.

 

Pour se débarrasser de l’ombre inquiétante de l’infini, les astronautes sont en tuyautés et enfermés dans des petits espaces propres à dissiper un totalitarisme abstrait.

 

Les studios d’architecture de l’époque ont repris l’idée de protection et on réduit l’homme à sa propre cellule pour l’éloigner des espaces infinis. On a par exemple la combinaison inventée par COOP HIMMEL(BL)AU, un petit espace dans lequel on peu se lover.

 

Dans un contexte spatiale on apporte une réflexion par rapport à la protection sensorielle, cette idée a nourrit le rêve de la bulle chez les architectes: membranes souples qui seraient des protections.

 

Aujourd’hui on a la vogue des tentes pliables quechua mis en place par les DON QUICHOTES . Les architectes ont développé des thèmes de petites bulles mais ils ont aussi exploré la dimension infinie de l’univers: mur continu. L’imaginaire de la fuite est typique des années 60 : dans “chronique martienne” de RAY BRADBURRY on rêve de vivre sur la Lune, on s’évade en Ardêche dans des communautés Hippies…

 

On invente des SUPERARCHITECTURES délirantes mais on retrouve toujours une petite échelle humaine. On a également la NON STOP CITY qui est une structure immenses avec beaucoup d’espace pour s’évader. Le monde contemporain a été vu par des architectes dont les projets sont comme des fantasmes sciencefictionnels qui se branchait sur une impossibilité de travailler.

 

On retrouve toujours la confrontation de très grands espaces et de toutes petites cosses qui représentent comme la grotte et le vaisseau spatial dans le film des refuges au milieu de l’immensité de l’univers.

 

LARUE, Anne, 2006 : THÈME : ART ET ARCHITECTURE, Monolithe et monochromes : la science-fiction au carrefour des arts, conférence
École Normale Supérieure.

 

KUBRICK, Stanley, 1968 : 2001, ‘Odyssée de l’espace, Metro-Goldwyn-Mayer, 156′.

 

BRADBURY, Ray, 1954 : Chroniques martiennes, Denoël collection Présence du futur N°1, trad. Henri ROBILLOT.