LA PEAU EN ARCHITECTURE.
CRETIN Ingrid
THÈME : LA PEAU EN ARCHITECTURE.
Rapport entre architecture et mode
1-ARCHITECTURE.
N’utilisez plus le mot ” façade “, mais ” peau ” ; ce terme est employé depuis les années 90’s, il est donc propre à l’architecture contemporaine.
L’enveloppe du bâtiment représente un enjeu majeur pour l’architecte et son commanditaire. C’est une icône qui permet de s’inscrire dans son époque, de se démarquer ou de s’intégrer au cadre environnemental.
Qu’imagine t’on à l’énoncé du mot peau? Quelque chose de fin, de recouvrant, un continuum entre murs, sol et plafond. C’est ce qui ” habille” le bâtiment, ce qui nous permet de l’identifier.
Sa fonction oscille entre ossature et formelle, elle est en relation entre ce qui ce passe à l’intérieur ou le contexte dans lequel elle s’inscrit. Bien sur, on pourrait jouer en contradiction mais ce serait trahir l’édifice. Lorsque l’architecture ce fait communicative, voir bavarde, elle se rend accessible, compréhensible du plus grand nombre. Elle peut également choisir de tout garder pour elle, et de ne rien laisser transparaître ni de sa fonction, ni de son utilisation. C’est un parti pris fonctionnel et esthétique, un jeu entre ombres, couleurs et textures.
Tout est une question d’apparence, d’image que l’on veut donner à son architecture, comme l’image que l’on veut donner de soi même. L’impression positive ou négative que nous renvoie un édifice ou une personne se fait lors de la première approche ; cette approche est physique, simplement basé sur ce qui est vu.
C’est par la fonction, la recherche de matière et l’harmonie esthétique générale, que l’on peut établir un lien entre architecture et mode, entre la peau protectrice d’un bâtiment et celle de l’homme.
Cela nous amène à l’utilisation d’un vocabulaire commun: riche, transparente, pigmentée, climatique, tendue, plissée ; ou encore: de maille, de résille, de dentelle, d’écailles, de lamelles, de sérigraphie…etc.
2-EXEMPLES
La diversité des textures, des rendus de peaux, est due en grande partie aux nouvelles technologies issues de la recherche. Et que cherche t’on? A donner un nouveau visage à l’architecture qui réponde aux besoins et aux préoccupations contemporaines.
-La peau pour se protéger, qui s’adapte au climat, à l’orientation du soleil…, pour donner un bâtiment évolutif ; comme le siège de la compagnie autoroutière, à LOS ANGELES (MORPHOSIS). Entièrement recouvert d’une peau métallique, dont les panneaux d’aluminium perforés se modulent automatiquement en fonction du soleil, réglant ainsi chaleur et lumière. En début d’après midi, la façade est totalement fermée, la surface est continue et opaque. Elle se transforme progressivement au cour de la journée pour devenir transparente au crépuscule.
Dans ce jeu d’ouverture et de fermeture, ce n’est pas le côté high-tech qu’il faut retenir mais la modularité. Que cela soit en architecture ou en mode, tout est fait pour le confort de l’utilisateur, en fonction des contraintes ou des envies de chacun. Cela enlève le côté immuable, pour nous laisser apparaître non pas un mais plusieurs édifices.
• La peau dût à une fonction interne, c’est le cas en quelque sorte de l’exemple précédent. Ici, l’esthétisme de la peau dévoile ce à quoi sert le bâtiment. Le choix porté sur l’institut audiovisuel, au PAYS BAS (Neutelings & Riedijk) est dû au traitement des façades qui soulève la problématique de l’image en architecture. Une peau composée de milliers de plaques de verres imprimées en relief, d’images couleurs tirées de la télévision hollandaise. Le rapport direct avec le contenu du bâtiment semble indiquer que l’architecture ici, sert d’outil de communication.
• La peau dût au contexte dans lequel elle s’inscrit est, semble-t-il, avec l’exemple précédent, la raison la plus couramment invoquée. Pour ce type de peau, évoquons L’AÉROPORT DE JEDDAH en ARABIE SAOUDITE (Rem KOOLHAAS), qui apparaît très ” couture “. En effet, l’aéroport est constitué de deux anneaux, comme deux oasis en plein désert ; l’un réservé à la famille royale, est entièrement recouvert de dentelle. L’inspiration vient en fait des moucharabiehs, motif typiquement orientale, mais ce travail si fin sur l’enveloppe de couleur blanche fait plus facilement penser à la dentelle.
• La peau comme fonction structurelle. Plus semblable à de la résille qu’à de la dentelle. Le magasin PRADA de TOKYO (HERZOG ET DE MEURON) a en plus de sa fonction esthétique, une fonction structurelle. Les tubes d’acier forment l’ossature de l’enveloppe qui est reliée aux noyaux verticaux afin de contreventer en cas de séisme. Dans ce cas, la peau ne peut être dissociée de l’édifice, elle est en tout point justifiée, tant dans le contexte de la ville de TOKYO (sujette aux catastrophes naturelles), que dans son utilisation (magasin de vêtements de luxe) de par cette trame évoquant le tissu.
J’énonce ici, par succession d’exemples, quelque types d’utilisation de la peau en architecture en m’efforçant de trouver un lien avec la mode. J’ai cherché à trouver des raisons à ces peaux au delà de leur attractivité. En effet les possibilités sont telles, que la limite entre fonction et pur formalisme est mince. La peau peut devenir le nouveau déguisement de la décoration, j’entend par là que l’on peut s’éloigner peu à peu de l’édifice pour arriver à quelque chose de juste clinquant, qui transforme l’architecture en objet.
La peau des édifices ” fashion victime ” ; nous pourrions illustrer cela par le magasin SELFRIDGE’S à BIRMINGHAM (FUTURE SYSTÈMS). Il s’agit de 15000 disques d’aluminium habillant le béton, on plonge complètement dans l’effet de parure à la Paco RABANE (ce styliste est l’inventeur de la robe métallique).
On pourrait y voir un côté déviant de l’architecture, qui trouve son équivalent, voir son explication dans la haute couture. Certaines collections, sont le résultat d’une recherche de formes et de couleurs poussée à son paroxysme, dans le but d’apporter un nouvel éventail de possibilité, c’est une manière de renouveler la créativité. C’est peut être là que se trouve l’utilité d’une telle recherche de formes et de matières en architecture, c’est le moyen de donner un élan neuf, et d’ouvrir le champs des possibilités.
3-HAUTE COUTURE
La mode sait tirer profit de son lien avec l’architecture, depuis quelques années, elle cherche à conquérir un nouvel Eldorado: Le Japon. Les plus grandes marques rivalisent dans la construction de magasins pour y affirmer leur présence. Pour cela elles font appellent à de grands architectes ayant pour mission de s’approcher au plus près de l’image de la marque en s’inspirant de ses motifs et matériaux emblématiques tout en édifiant des structures originales. Renzo Piano pour HERMÈS TOKYO, Herzog et De Meuron pour PRADA TOKYO (cité précédemment), Kazuyo SEJIMA pour DIOR TOKYO, ou encore Peter MARINO qui a conçu pour la maison CHANEL, un bâtiment de dix étages recouvert d’une peau inspirée du motif le plus charismatique de la marque, le tweed. C’est une façade en feuilles de verre, le motif est en nid d’abeille en acier poli, le tout éclairé de centaines de diodes électroluminescentes.
“ L’architecture inspire la mode et vice-versa. La mode a besoin d’être représentée dans un écrin qui met en valeur ses qualités et souligne l’inspiration de la collection “- Giorgio ARMANI.
-Je finirais par Franck GEHRY, qui a lui aussi la charge de bâtir pour une grande marque (la fondation Louis VUITTON), et qui à mon sens est l’architecte le plus couture. Bâtiments asymétriques, volumes enchevêtrés, enveloppes brillantes dansantes sous l’effet du soleil, on retrouve l’extravagance, l’élégance, et le déstructuré des tenues des défilés de mode.
Cette troisième partie avait pour but de montrer l’échange direct et clairement signifié entre les deux professions. Je ne montre pas à travers ce travail toute l’étendue des possibilités qu’offrent les ” peaux “. L’architecture établi des liens avec d’autres domaines artistiques que celui de la mode,tel que le cinéma, la littérature, ou les arts plastiques, et la peau peut être un moyen d’expliciter ces liens.
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