RISSELADA, Max, et COLOMINA, Beatriz, 1993 : Raumplan Versus Plan Libre, Adolf Loos and Le Corbusier, 1919-30, Éditions RIZZOLI.

PEYTAVIT Flavien

 

RISSELADA, Max, et COLOMINA, Beatriz, 1993 : Raumplan Versus Plan Libre, Adolf Loos and Le Corbusier, 1919-30, Éditions RIZZOLI.

 

Là où naît l’ordre, naît le bien-être.

 

Les choix de LE CORBUSIER en architecture sont ceux qui définissent le purisme : simplicité des formes, organisation, rigueur. Cette vision est mêlée d’utopie, le bonheur étant l’une des clés de ses réflexions sur l’urbanisme.

 

LES CINQ POINTS D’UNE ARCHITECTURE NOUVELLE

 

En 1927, LE CORBUSIER publie dans la revue L’Architecture Vivante les éléments d’un “CODE NOUVEAU DE L’ARCHITECTURE” qu’il intitule “Les cinq points d’une architecture nouvelle” :

 

 

1. Les pilotis. La maison sur pilotis! La maison s’enfonçait dans le sol: locaux obscurs et souvent humides. Le ciment armé nous donne les pilotis. La maison est en l’air, loin du sol; le jardin passe sous la maison, le jardin est aussi sur la maison, sur le toit.

 

2. Les toits-jardins. Le ciment armé est le nouveau moyen permettant la réalisation de la toiture homogène. Des raisons techniques, des raisons d’économie, des raisons de confort et des raisons sentimentales nous conduisent à adopter le toit-terrasse.

 

3. Le plan libre. Jusqu’ici : murs portants; partant du sous-sol, ils se superposent, constituant le rez-de-chaussée et les étages, jusqu’aux combles. Le plan est esclave des murs portants. Le béton armé dans la maison apporte le plan libre ! Les étages ne se superposent plus par cloisonnements. Ils sont libres. Grande économie de VOLUME bâti, emploi rigoureux de chaque centimètre. Grande économie d’argent. Rationalisme aisé du plan nouveau !

 

4. La fenêtre en longueur. La fenêtre est l’un des buts essentiels de la maison. Le progrès apporte une libération. Le ciment armé fait révolution dans l’histoire de la fenêtre. Les fenêtres peuvent courir d’un bord à l’autre de la façade. La fenêtre est l’élément mécanique-type de la maison; pour tous nos hôtels particuliers, toutes nos villas, toutes nos maisons ouvrières, tous nos immeubles locatifs …

 

5. La façade libre. Les poteaux en retrait des façades, à l’intérieur de la maison. Le plancher se poursuit en porte-à-faux. Les façades ne sont plus que des membranes légères de murs isolants ou de fenêtres. La façade est libre; les fenêtres, sans être interrompues, peuvent courir d’un bord à l’autre de la façade.”

 

LOOS

 

Adolf LOOS est profondément influencé par l’École de CHICAGO dès le début du siècle. Il s’oppose au courant de la Sécession viennoise (courant architectural autrichienne proche de l’ART NOUVEAU) et à d’autres mouvements

 

L’immeuble à gradin est un des thèmes récurrents de son travail. Il est aussi à l’origine du RAUMPLAN, plan en trois dimensions avec des pièces de hauteurs variables selon les besoins. Il prend en compte avec attention les séparations jour/nuit, lieux publics/privés, qu’il articule par des escaliers. LOOS développe une monumentalité qui n’est pas académique.

 

Il prône l’utilisation juste des éléments de l’architecture sans faux-semblant.

 

LOOS considère l’ornement comme un artifice complet, qui engendre la laideur : la décoration doit sourdre du matériau et non être ” plaquée” dessus.

 

L’architecte est un maçon qui à appris le latin “.

 

Cette fameuse expression définit parfaitement la vision que Loos a de l’architecte : un maître bâtisseur qui a acquis une culture, notamment classique, de l’architecture. En tant que maître bâtisseur, il accorde une grande importance à la nature des matériaux et à leur façonnage et mise en oeuvre qu’il contrôle dans les chantiers sur lesquels il se rend fréquemment. Un architecte qui a appris aussi la grammaire latine, à laquelle ” nous devons la discipline de l’âme et la discipline de la pensée“. Un architecte dont l’éducation, comme nous le verrons, repose sur le respect de la tradition et sur la formation classique.

 

Se plaignant de ne pas être invité au WEISSENHOF de STUTTGART, LOOS affirme :

 

Pourtant j’aurais eu quelque chose à exposer, à savoir la solution qui consiste à répartir les pièces à habiter dans l’espace, et non étage après étage dans le plan, comme cela s’est fait jusqu’à présent. Avec cette invention, j’aurais épargné à l’humanité, dans son évolution, beaucoup de temps et travail (…) Car telle est la grande révolution en architecture: la résolution d’un projet dans l’espace!

 

LE RAUMPLAN – PRINCIPES FONDATEURS

 

Si nous nous référons à la description du RAUMPLAN énoncée par Heinrich KULKA, nous pouvons caractériser cette notion par les principes de projet suivants :

 

– Projeter en trois dimensions. ” J’apprends ainsi à mes élèves à penser dans les trois dimensions, en volume.

 

– Utiliser des volumes réguliers et compacts, ” dont la configuration géométrique élémentaire repose sur des règles de composition classique

 

– Attribuer à chaque pièce une hauteur appropriée à sa fonction.

 

– Établir un modèle spatial centrifuge, déterminé souvent par des rotations axiales et qui ” donne lieu à une multitude d’annexes en forme de niches, de part et d’autre des différents espaces ” ainsi que des points de vue diversifiés, accentués par des symétries partielle ou des asymétries.

 

– En effet, à partir d’un volume prismatique, travailler par l’addition ou la soustraction de volumes simples, subordonnée à l’organisation intérieure des espaces.

 

– Procéder de l’intérieur vers l’extérieur. Pour LOOS ” les murs, les plafonds, les planchers, l’enveloppe matérielle déterminant les espaces de la vie quotidienne constituaient l’élément premier; les façades l’élément second. Mais dans cette hiérarchie de la conception, ” second ” ne signifie pas superflu : il désigne la seconde phase, il désigne la seconde phase, ce qui se produit dans un second temps.

 

– Dessiner la façade selon des règles compositives, la forme et la disposition des ouvertures ne suivant pas des impératifs fonctionnels.

 

– Établir un seuil entre les étages par des circulations verticales souvent différenciées. En effet, ” l’escalier ou plutôt les escaliers sont souvent des éléments de transition, non pas dans le sens fonctionnel, mais formel, entre les différentes parties compositives, entre les différentes centralités. L’escalier purement fonctionnel, lien direct entre les différents lieux, est toujours cloisonné. ” .

 

Dans la majorité de ses villas, LOOS caractérise de façon spécifique le changement d’étage par des escaliers différenciés – à une volée unique, à double volée, etc. – et orientés de plusieurs manières. Dans ce sens, il contribue à ce que le parcours à la verticale, du rez à l’attique, soit vécu comme une série d’expériences diverses.

 

– Enfin, adopter un langage architectural basé sur des murs crépis, lisses et sans ornement. C’est le principe de discrétion et de simplicité car ” une maison moderne ne devait pas se distinguer, forcer l’attention. N’avais-je pas formulé cette règle : l’homme le mieux habillé, le costume le plus moderne est celui qui attire le moins l’attention ?

 

RISSELADA, Max, et COLOMINA, Beatriz, 1993 : Raumplan Versus Plan Libre, Adolf Loos and Le Corbusier, 1919-30, Éditions RIZZOLI.