HOPKINS, Candice, 2002 : Architectures nomades – la Nouvelle Babylone de CONSTANT, in HORIZONZERO 14.

CAUVIN Marine

 

HOPKINS, Candice, 2002 : Architectures nomades – la Nouvelle Babylone de CONSTANT, in HORIZONZERO 14.

 

CONSTANT Anton NIEUWENHUYS (1920-2005)

 

Plus connu sous le simple nom de Constant, Constant Anton Nieuwenhuys, était un peintre et sculpteur néerlandais.

 

Il est aussi connu pour avoir fondé CoBrA avec Christian DOTREMOINT, Joseph NOIRET, et Asger JORN.

 

En 1958 il crée l’Internationale Situationniste (IS), qui était une organisation révolutionnaire désireuse notamment d’en finir avec les sociétés de classes. Il aura travaillé 18 ans de sa vie pour le plus important de ses projets ” New Babylon “, une série de modèles, collages, écrits et autres projets en relation avec ses théories de développement urbain, et leurs interactions sociales.

 

NEW BABYLON

 

CONSTANT imagine ce projet face à une constatation d’un urbanisme en péril. Aujourd’hui l’urbanisme est un urbanisme d’urgence, on répond aux besoins directs, mais on ne se projette pas dans l’avenir.

 

Ces besoins sont des besoins relativement primaires: habiter, travailler, circuler. Il manque de logements, on en construit; trop d’embouteillages, on construit une autoroute, etc… Cette urbanisme ne tient pas compte des préoccupations ludiques.

 

C’est de là qu’intervient CONSTANT et son rêve d’ ” urbanisme pour plaire“. Au départ son projet a pour lieu la Lune.

 

Idée loufoque? Pas tellement car il pense à une insertion plus facile d’un nouvel habitat, car il n’existe encore aucun mode d’urbanisme et de vie sur le terrain. Pour CONSTANT la question des cités abritées sur d’autres planète annonce le type d’urbanisme du futur. Mais le projet est trop compliqué car sur Terre il manque d’une évolutions des pensées afin que le projet paraisse plus réaliste.

 

NEW BABYLON est tout d’abord une utopie sociale fondée sur l’Homo Ludens. La société serait libérée de l’aliénation du travail et de la productivité. Le loisir serait donc la seule occupation de l’Homme ce qui lui permettrait d’exprimer sa créativité sans contraintes. La créativité deviendrait notre seul moyen d’exister et de nous épanouir.

 

Son objectif en tête, CONSTANT imagine une ville sociale qui rapprocherait les hommes entre eux. A l’inverse des villes contemporaines actuelles qui les divisent par des espaces verts, la ville de CONSTANT est une construction spatiale continue, entièrement connectée, dégagée du sol. Le tout comprend à la fois les logements et les espaces publics. Il décompose la ville en différentes strates:

 

• La ville bâtie: sous-sol, étages.

 

• La ville sociale: parterre et terrasse.

 

• Les circulations rapides au sol.

 

C’est une construction d’une macro-structure à l’échelle du paysage. CONSTANT isole la ville du monde de la nature, pour que ses habitants puissent imaginer et construire la ville de leur rêve sans contraintes, dit-il.

 

Pour Constant, il est très important d’isoler la macro-structure de la nature, c’est sa volonté de vaincre la nature, et de soumettre à notre volonté le climat, l’éclairage, le bruit des espaces intérieurs. Le jour et la nuit sont bannis, l’éclairage artificiel est entièrement contrôlé par l’homme et donc l’homme contrôle le temps.

 

Chaque habitant est donc le propre créateur de son conditionnement.

 

La ville est donc la création pure et simple de l’homme qui y habite, chacun y apporte sa contribution, selon ses désirs, et c’est pourquoi la ville est en perpétuelle mutation, en perpétuelle fluctuation.

 

L’architecture nomade est créée. La population est dite ” nomade ” car elle peut se déplacer à sa guise dans ces différents espaces et ambiances et tisser par la même occasion de nouveaux liens sociaux et artistiques. La spatialité joue un important pouvoir social. La ville est un labyrinthe dynamique, remettant en jeu l’importance de la promenade et de l’exploration.

 

Le degré de réalisme du projet de CONSTANT atteint des degrés importants. CONSTANT envisage l’utilisation de nouveaux bétons et de titane renforcé pour venir y accueillir les macro édifices mas aussi de systèmes d’isolations et encore plus des systèmes d’éclairages adaptés aux aspirations évoquées précédemment. Malgré la réflexion poussée du projet, celui ci n’atteindra que le stade de la maquette et du photomontage.

 

Le projet n’a donc pas atteint le degré de la réalisation, mais cependant ce n’est pas du qu’aux limites techniques; mais aussi aux limites des mentalités actuelles.

 

Constant écrit même:

 

” Rêve fantaisiste réalisable du point de vue technique, souhaitable du point de vue humain et indispensable du point de vue social. “

 

Le projet de CONSTANT intervient dans une sorte de réaction contre la rigidité de l’environnement bâti de son époque, qui d’après lui étoufferait la population, et en serait la ” gardienne ” de l’ordre social.

 

L’architecture nomade est une forme d’environnement urbain très vieux, on le retrouve notamment chez les indiens qui créaient des logis caractérisés par leur impermanence. Depuis les années 20 existe les caravanes, maisons sur roues, font aussi parti de cette architecture d’évasion.

 

Itinerance comme source de liberté.

 

Ce projet qui est donc irréalisable n’est-il pas donc remarquable justement par son irréalisme??

 

Sans doute.

 

HOPKINS, Candice, 2002 : Architectures nomades – la Nouvelle Babylone de CONSTANT, in HORIZONZERO 14.

 

COLLECTIF, 2001 : Constant : une rétrospective, catal. expos., Musée Picasso-Réunion des Musées nationaux, ANTIBES-PARIS.

 

COLLECTIF, 1985 : Documents relatifs à la fondation de l’Internationale situationniste, 1948-1957, éd. établie par G. BERREBY, Allia, PARIS.

 

LAMBERT, Jean-Clarence, 1992 : Constant : les trois espaces, coll. Grands Peintres et sculpteurs, éd. du Cercle d’art, PARIS.

 

CONSTANT, Anton NIEUWENHUYS dit, 1971 : Autodialogue à propos de New Babylon, in Opus International No 27, Septembre 1971.

 

CONSTANT, Anton NIEUWENHUYS dit, 1997 : New Babylon, Constant, art et utopie. Textes situationnistes, PARIS.