PICON, Antoine, 1998 : www.architecture.com, in La ville territoire des cyborgs, Éd. de l’Imprimeur, p73 .
CHAMPETIER Alexis
PICON, Antoine, 1998 : www.architecture.com, in La ville territoire des cyborgs, Éd. de l’Imprimeur, p73 .
Ce texte traite de l’avenir de l’homme, de sa place au sein de la ville en perpétuelle mutation, une ville qui s’étend et perd toute notion de repères : la ville territoire.
Déjà dès 1960, des groupes comme ARCHIGRAM, ARCHIZOOM ou SUPERSTUDIO proposent des villes où l’humanité est branchée sur de vastes réseaux, une humanité en osmose avec son environnement technologique au point de ne plus pouvoir s’en passer.
Mais c’est vraiment avec le premier parc WALT DISNEY ouvert vers le milieu des années 1950 que l’expression la plus frappante de cette urbanisme voit le jour avec cette entité repliée sur elle-même, isolée mais tout de même nécessairement branchée sur l’autoroute. Ce monde circulatoire, composé de juxtapositions et de contradictions reflète déjà l’urbanité d’aujourd’hui.
1970, la fin des grandes utopies liées à la technologie due au premier choc pétrolier se voit remplacé par un historicisme prônant la lente sédimentation des centres anciens. Mais malgré cela la ville territoire continue à développer ses équipements, jusqu’à ce que la mondialisation fasse voler en éclat la façade de la typomorphologie aux profits des très grandes opérations.
Les grandes villes contemporaines semblent alors peuplées de quasi-objet, de pièces urbaines n’ayant plus de grandes significations individuelles, l’architecture et l’art urbain semblent alors secondaire par rapport aux infrastructures et réseaux qui ordonnent la ville territoire. La technique envisagée comme dynamique unitaire à pour vocation de répondre aux vieilles utopies des groupes comme ARCHIGRAM : réconcilier l’individualisme propre aux sociétés industrielles et le sentiment communautaire d’antan. Le coté hybride est la caractéristique de ce nouveau territoire.
Une autre ambiguïté due à la technologie est le désir des architectes de s’emparer des ressources de la technologie sans pour autant renoncer à leur indépendance de concepteurs. Le rapport, toujours hybride, entre le monde artisanal et le monde industriel n’a pas finit de se rêver en terme de possibilités. Tout le travail fait par les concepteurs sur la ville territoire se compose d’analogies et de contradictions, reflétant toujours deux natures opposées, tels les cyborgs. Les habitants des grandes villes contemporaines, cyborgs en puissance, n’ont de cesse de se questionner sur cette dualité et sur ce monde peuplé de réseaux et d’hybrides, dont il ne peuvent échapper. Le questionnement se fait alors sur l’équilibre entre démesure et modestie.
Le désir du citoyen cyborg de la ville territoire, désir écologique et technologique repose sur des anathèmes traditionnels de l’écologie, tels que les déplacements en voiture. La ville territoire ne peut plus se passer de l’automobile et se structure autour des installations réservés à son égard. La conciliation entre nature et équipement de masse reste envisageable. Le citoyen de la ville territoire est à son image : conciliation entre individualité et communautarisme, ensemble de contradictions et de d’oppositions, désirs et besoins paradoxaux, perte de repères et de compréhension….
Les architectes, comme Frank GEHRY ou Zaha HADID, font exploser la ” prison cubique ” au profit d’une architecture plus dynamique, en cohérence avec son environnement. C’est en terme de paysage que les architectes tentent de donner une lecture de la ville contemporaine, ville caractérisée par une rupture de hiérarchies et d’échelles. Jean NOUVEL cherche à cristalliser cette image de réseaux, de paysage mental. Devant la fondation Cartier, l’association qui s’opère entre les parois vitrées et les arbres devant lesquels elles passent évoque l’avènement d’une technonature peuplé d’hybrides. L’architecture offre un nouveau paysage grâce à un jeu de texture et de lumière.
Les problèmes auxquels se confrontent les villes territoires vont bien au-delà du beau et du laid. Toutefois l’esthétique va bien au-delà de ces notions en nous proposant une lecture du monde qui nous entoure, qui nous offre la compréhension de ces formes et motifs. Apprendre à regarder la ville territoire, apprendre à en déchiffrer les signes, tout en sachant qu’il ne formeront jamais une écriture complète, tel pourrait être la justification de l’architecture en ces temps d’incertitude.
PICON, Antoine, 1998 : www.architecture.com, in La ville territoire des cyborgs, Éd. de l’Imprimeur, p73 .
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