PICON, Antoine, 1998 : La mort de la technique, in La ville territoire des cyborgs, Éd. de l’Imprimeur .

CHAMPETIER Alexis

 

PICON, Antoine, 1998 : La mort de la technique, in La ville territoire des cyborgs, Éd. de l’Imprimeur .

 

1 – UN MONDE DE QUASI-OBJETS

 

L’apparition de l’ordinateur puis, plus tard la découverte de l’ADN on entraînes un changement des modalités de lecture des techniques.

 

La notion d’objet technique (outil) est brouillée. Jusqu’à maintenant la séparation entre objet technique (association entre forme et matière) et être vivant (matière indissociable) été bien distincte.

 

On voit apparaître aujourd’hui une notion d’hybridation entre ces deux éléments. Prenons pour exemple l’ordinateur, qui est dans sa matière moins naturel qu’une table en bois, mais a des logiques de fonctionnent se rapprochant des êtres vivants.

 

L’évolution de l’objet technique en terme de lignée perd sa pertinence dans la notion d’hybridation. Autrefois structure unitaire, l’objet technique doit aujourd’hui plutôt être décrit comme un empilement de couches successives. Remarquons qu’un empilement donne difficilement naissance à un individu.

 

La machine n’est donc plus autonome, on la retrouve sous forme de connecteurs ou de terminaux inséparables des réseaux dans lesquels ils s’insèrent. Ces objets ne sont donc plus que des quasi-objets.

 

La notion de système technique (ensemble de cohérences aux différents nivaux de toutes les structures, de tout les ensembles, et de toutes les filières composées) est aussi mis à mal par deux points :

 

• Il n’est plus constitué d’un centre et d’une périphérie ( ex de centre : triade fer charbon machine ). Le centre est aujourd’hui partout et la périphérie nul part.

 

• Les interactions des domaines techniques ne se représentent plus sous forme de graphe indépendant mais plutôt sous forme de nappe sans frontière.

 

Conséquences :

 

• Flou croissant autour de l’ingénieur, les quasi-objets donnent des quasi-ingénieurs. Remarquons l’actuelle admiration pour les ingénieurs du début du siècle.

 

• Fractures dans les rapports sociaux mis à nu, la technique les épouse maintenant très finement.

 

• Sentiment d’immobilisme : la fonction d’anticipation et ses connotations utopiques se défait.

 

• Absence d’autonomie des techniques contemporaines.

 

Le théâtre de la technique ou se jouait l’affrontement homme/machine s’est progressivement transformé en un environnement. On assiste à une technicisation de la société à tout les niveaux engendrant une perte de lisibilité du monde des techniques, des ses manifestations élémentaires à son organisation d’ensemble.

 

2 – RÉSEAUX ET PAYSAGE DE LA TECHNIQUE CONTEMPORAINE.

 

On observe une diversité et une omniprésence des quasi-objets dans le paysage des technologies contemporaines. Ce paysage n’a pas de limite il paraître donc envahissant, étouffant parfois.

 

Cette absence de limites apparaît également dans le paysage urbain contemporain. L’hybridation donne naissance à une confusion des genres dans le paysage (l’artificiel se mêle au naturel).

 

Ce paysage entretient des liens étroits avec la ville territoire, il émane d’elle, il constitue l’une des dimensions de son imaginaire. Il faut donc partir de la ville pour comprendre son organisation.

 

La notion d’échelle dis parait, la ville n’est plus qu’un pur agencement d’éléments secondaires.

 

Le paysage de la technique contemporaine s’organise en couches successives tantôt matérielle, tantôt logicielle. Entraînant ainsi le brouillage des frontières traditionnelles entre existant et non-existant, vérités et erreurs. Le principe de réalité se réfugie progressivement dans les articulations et les interconnexions entre réseaux et couches de ces mêmes réseaux.

 

Les réseaux eux même prennent des allures d’empilements, les points de passages et les seuils se multiplient, et génèrent des espaces ou se déploient des processus de traduction. Cependant certaines inégalités spatiales persistent encore ( internet, téléphone,…) aggravant les disparités du développement. Cet avenir de pure immatérialité créer des histoires, des songes, des espoirs des peurs, alors que l’on croyait avoir numérisé toutes les intrigues possibles.

 

C’est en partant des techniques et de leurs proliférations que l’on devrait sans doute s’interroger sur ce qui continue à faire projet au sein du désordre apparent de la grande ville contemporaine.

 

PICON, Antoine, 1998 : La mort de la technique, in La ville territoire des cyborgs, Éd. de l’Imprimeur .