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ROUSSIN Fanny

 

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Tout comme la ville le musée d’art contemporain est en perpétuel mouvement, il n’est pas figé dans le temps, il avance avec lui et avec l’évolution des tendances artistiques. L’espace urbain est un amoncellement de mouvement, de collage arrachage, montage, mixage, cadrage… Le musée au sein de cette ville peut en faire une œuvre.

 

Le musée est à la ville ce que l’oeuvre est au musée, si on considère le musée comme œuvre d’art à part entière, la ville devient alors une exposition géante , à la fois permanente et temporaire, et les élément urbains des œuvres successives plus ou moins organisées. Dans leur centre d’art à KANAZAWA les architectes Japonais SÉJIMA et NISHIZAWA décrivent leur concept architectural comme un morceau de ville avec des éléments similaires à des morceaux de quartiers…

 

Donc le musée ; élément fondateur et fondamental dans la ville, d’accord, mais est-il en liaison avec elle ? la liaison peut être physique ou/et visuelle. Certains projets sont complètement ouverts sur l’extérieur, là encore le CENTRE D’ART DE KANAZAWA, entièrement vitré sur son pourtour ou encore le MOMA de NEW YORK, qui offre des échappées visuelles… Renzo PIANO crée lui aussi ces échappés visuelles au MENIL et à BAYELER, mais il crée également l’espace extérieur sur lequel va donner son échappée… le déni de l’extérieur, de la ville, peut permettre une sorte d’intériorisation du visiteur et une complète concentration sur ce qu’il se passe à l’intérieur.

 

La liaison physique avec la ville est tout de même toujours omniprésente par l’entrée du musée, monumentale ou discrète elle est toujours ce lien avec l’extérieur.

 

QUAND L’OEUVRE SORT DU MUSÉE.

 

On a ce rapport entre l’art et la ville, par l’intermédiaire de l’objet musée, mais l’art est aussi dans la ville, il est donc hors des murs du musée, Le musée est représentatif de l’art dans la ville et devient son médiateur, quand l’espace urbain est meublé par les artistes, le musée va devenir comme publicité pour cet art urbain, il est institution et modèle de ce qui va se passer en extérieur, l’oeuvre va parfois même venir requalifier des espaces urbains proches du non lieu, et à cette échelle là, l’espace urbain, l’espace ville prend alors tout son statut et sa qualité de contenant de l’art, et se met au service du musée.

 

Paul ARDENNE parle de la ville comme d’un grand musée, car l’art est omniprésent dans cette ville.

 

Dans cette optique on peut alors dire que le musée devient œuvre parmi les œuvres, que l’architecture est l’art, et qu’ils se confondent, la ville serait alors une grande scénographie urbaine artistique, et la vie une exposition vacillant entre permanent et temporaire.

 

LA PLURIDISCIPLINARITE DES PROJETS

 

La diversification des publics s’accompagne d’un accroissement des espaces d’accueils et des services… Le hall va devenir lieu de vie et oriente vers la boutique, la librairie, l’auditorium, le salon, le restaurant, les ateliers… Les animations varient au fil des expositions temporaires … le musée devient centre commercial, mais sans l’aspect agressif de ce dernier « si les lieux commerciaux sans âmes nuisent à l’atmosphère de délectation attendue d’un musée, un après midi d’hiver au salon de thé du MAK de Vienne contribue à la retrouver »

 

Les expositions se parent de dispositifs capables d’assurer la sécurité des œuvres et une sérénité dans la visite tout en offrant au public des projets beaucoup plus libres, et open.

 

Cette diversité dans un projet, devient le lien, l’interface entre l’extérieur et l’intérieur, les musées incluent des forums dans leur programme, sorte de passage d’espace tampon être le dehors et l’oeuvre, on a un intermédiaire physique avent de se plonger dans le monde protégé de l’exposition.

 

Dans l’idée de Walter BENJAMIN le musée devient passage, carrefour, et si on pousse la comparaison plus loin, il devient centre commercial, bien sur tout est relatif.

 

ART POUR LE MUSÉE OU MUSÉE POUR L’ART ?

 

Constat de VALERY et de PROUST… L’institution muséale a transformé l’oeuvre d’art, l’art deviendrait art pour le musée, et non plus pour lui-même.

 

Le musée est dédié à l’art dans le cas d’oeuvres classiques, ou de culte, qui n’ont pas de destination à part l’endroit duquel elles ont été enlevées pour être suspendu dans un musée. Le musée est fonctionnel, récepteur, contenant.

 

L’Art est actif pour le musée dans le cas ou l’oeuvre est indissociable du lieu, par définition : in situ.

 

L’artiste conçoit son œuvre en général pour un espace,et pas un autre, la suspension est le problème majeur dans la relation entre l’art et le musée.

 

Finalement si on y pense, le vrai destinataire de l’oeuvre n’est pas le musée car la suspension risque de dénaturer la pensée de l’artiste, le vrai destinataire c’est le visiteur.

 

QUEL ESPACE POUR QUEL TYPE D’OEUVRE ?

 

COMMENT EXPOSE T’ON ?

 

La plupart des musées offrent au public un espace d’exposition permanent, et un espace temporaire ou la rotation des œuvres est fréquente, les animations y sont plus nombreuses et c’est cet espace qui incite le visiteur à revenir fréquemment.

 

Dans le cas de collections permanentes et quand l’architecte doit être l’instigateur de la muséographie, ce dernier doit se poser la question de la spatialité des salles d’exposition : flexibilité ou au contraire contrainte d’espace pour la présentation des œuvres déjà connues.

 

Les expositions temporaires varient donc fréquemment dans un musée, et impliquent une muséographie et une réinterprétation de l’espace à chaque fois différente. Dans cette optique là il semble évident de créer des espaces d’exposition très libres et flexibles, afin de pouvoir laisser libre arbitre aux conservateurs.

 

Les méthodes d’exposition vont varier selon les collections. «Concevoir une exposition consiste avant tout à raconter une histoire pour apporter un éclairage sur une collection » : c’est le parcours.

 

On peut faire une comparaison avec le cinéma, les conservateurs définissent les moyens muséographiques et scénographiques à mettre en place pour raconter l’histoire de la collection, et leur application. Ces moyens vont varier d’une expo à une autre surtout si l’on utilise des moyens audiovisuels. Tout en sachant que dans le cas d’un musée des beaux arts « la mise en place de l’oeuvre et la subtilité de l’accrochage susciteront une émotion et une imprégnation indispensable à sa compréhension

 

Adéquation entre le message (l’oeuvre) et les moyens de sa transmission.

 

« …certains sont conventionnels… obéir des conventions muséographiques, on n’a encore pas trouvé le moyen d’exposer Kandinsky, Picasso et Braque autrement que sur des murs clairs, et dans des espaces calmes » Jean NOUVEL.

 

Au delà de cette distinction Permanent/Temporaire , on voit de nouveaux espaces, architectures, scénographies se mettre en place ponctuellement pour des petites démonstrations d’art, tels que des mini musées, des annexes de salles d’exposition en extérieur , le plus petit musée du monde d’Alberto GARUTTI . Ou bien des éléments spectaculaires visant à masquer une absence de collection.

 

L’art contemporain est « en train de se faire » et il n’a aucune définition formelle, dans ce cas là, créer des espaces très flexibles, physiquement et temporellement est indispensable. Temporellement car selon les œuvres la période entre la conception et l’exposition doit être la plus réduite possible, et puis l’art contemporain peut aussi exister sous la forme d’une installation spontanée voire in situ… De plus en plus les artistes travaillent le lieu… Il faut faciliter l’installation et/ou l’accrochage des œuvres. Enfin la muséographie dans ce cas doit inclure les technologies nouvelles média, audio, visuel… aux espaces d’exposition.

 

QUAND L’ART DEVIENT CONTEMPORAIN…

 

…le musée est remis en question, le centre d’art prend toute sa dimension…

 

Les rapports entre Art/espace changent parfois, l’oeuvre devient espace d’exposition (BUREN à BEAUBOURG, Ann Veronica JANSSEN et son flou trichrome) le musée n’a plus lieu…

 

Tout d’abord parce que la question du support est remise en cause du tout au tout… ce n’est plus une toile accrochée sur un mur blanc… l’oeuvre contemporaine prend des formes multiples et prend lieu ou elle veut. Les projection vidéo, les œuvres sonores, les happening, n’ont pas besoin de l’enceinte protectrice qu’est la membrane du musée… ils s’exposent partout, se déclinent partout, l’artiste prend possession du lieu quel qu’il soit, se l’approprie et s’approprie la ville.

 

Avec l’art conceptuel nous avions eu un avant goût de l’art actuel avec des types d’oeuvre qui s’émancipaient pour n’être réduites qu’à des actions, ou à des définitions, la preuve de l’acte artistique était alors une photographie ou une vidéo… cette preuve était destinée à la monstration dans le musée… mais l’avènement des nouveaux médias et des nouvelles techniques de communication remplacent le musée.

 

Les installations audio visuelles du GROUPE DUNE à MARSEILLE sont projetées directement sur des bâtiments, et se découvre/visite telles une exposition, avec des codes, un parcours, des ambiances, une unité de l’oeuvre.

 

La danse également devient contemporaine et oeuvre à part entière, certains chorégraphes développent une interactivité telle avec le public dans le spectacle que le visiteur prend parti comme un déambulement dans un parcours muséographique.

 

Cette remise en cause parait n’être crédible que pour l’art contemporain

 

Et puis le musée virtuel, hologrammes, projections, reproductions, Quand l’art devient contemporain, il se met à l’échelle de la personne, et se n’est plus le visiteur qui vient voir l’oeuvre mais l’oeuvre qui va jusqu’à lui.

 

LE « SENS » DE LA VISITE.

 

• Les enjeux de l’accrochage.

 

• La cohérence de la muséographie.

 

• Le parcours comme science de la circulation et de la découverte.

 

• Le passage, la parenthèse, la perte de sens (Walter BENJAMIN).

 

QUAND IL S’AGIT D’AMBIANCES … LA LUMIÈRE

 

La lumière… élément fondateur d’un espace d’exposition, nécessaire pour la monstration des œuvres, mais également destructrice pour ces œuvres si elle est naturelle et directe.

 

Le problème c’est que c’est cette même lumière naturelle qui est la plus intéressante pour l’éclairement dans un musée.

 

Il faut donc l’occulter, la filtrer, créer des ambiances différentes, ou choisir avec la lumière artificielle.

 

La lumière est en quelque sorte l’ouverture du musée vers l’urbain, car quoi qu’il en soit, un musée d’art contemporain ne serait pas un enclos replié sur lui-même, ou un blockhaus, que se soit dans l’espace d’exposition, ou bien dans les espaces d’accueil.

 

Le musée et la lumière doivent avoir une relation fusionnelle, dans cette optique, les travaux de Renzo PIANO Au MÉNIL et à BAYELER sont exemplaires, la lumière artificielles dans ces projets est simplement accessoire, l’ambiance lumineuse évolue au fil du jour et au fil de la course du soleil… les ambiances changent, et avec elles la perception des oeuvres. Dans ces projets on accepte que l’éclairement ne soit pas toujours optimum, mais c’est la suite du concept architectural. Dans Éloge de l ombre, JUNICHIRO décrit la lumière naturelle et toutes ses déclinaisons comme fondamentale, c’est-à-dire qu’il faut accepter ses variations et ne pas aller à leurs encontre, dans cette idée, créer des ambiances différentes dans le musée est essentiel, sans parler d’accepter la pénombre totale ; mais qu’il est possible d’utiliser des dispositifs différents d’éclairage diversifiés dans des endroits différents du musée afin de créer des changements d’ambiances. Utiles au parcours, au sens de la déambulation, à la perception du visiteur.