Concevoir

DIET Audrey

Concevoir

Les Musées et Centres d’Art Contemporain sont, aujourd’hui, les œuvres architecturales de notre époque. Chaque ville se dote de son musée. La volonté de la construction d’un bâtiment culturel, tel qu’un musée, est avant tout un phénomène social qui fonctionne comme un signe, un signe par lequel un pays, une région, une ville affirme son appartenance à la culture. Cette culture peut prendre différentes formes : artistique (présentation de collections), scientifique ou encore commémorative (à la mémoire d’un lieu, d’un fait historique, d’une personne…).

La construction d’un musée devient alors un événement pour la ville. Il peut même lui apporter un certain prestige par sa simple présence, dès lors, que des architectes de renom s’attachent à leur conception. Ainsi, le Musée du Guggenheim de F.O. GERHY à BILBAO, le MUSÉE JUIF de D.LIBESKIND à BERLIN ou encore BEAUBOURG de R.PIANO et R.ROGERS à PARIS sont ancrées dans nos esprits et nous rattachent à la ville dans laquelle ils se situent.

Mais comment concevoir un Centre d’Art Contemporain, alors que l’art et sa relation au visiteur sont en pleine mutation dans notre société contemporaine? Dans tous les cas, comme nous l’avons vu lors du séminaire, la création d’un Centre d’Art Contemporain entraîne tout un questionnement, une démarche conceptuelle sur les différentes relations qui doivent être établies entre Art/Architecture et Musée.

Nous verrons dans une première partie les différents thèmes qui doivent être abordés lors de la création d’un musée.

Quel est le rôle d’un Centre d’Art Contemporain dans la ville ?

Comment le statut de l’art a-t-il évolué dans notre société ?

Et enfin, quel est le type d’architecture le plus approprié pour mettre en scène ces nouvelles œuvres contemporaines ?

I – UN CENTRE D’ART CONTEMPORAIN DANS LA VILLE

Les premières questions qui viennent à l’esprit lors de la création d’un musée sont :

Qu’est ce qui amène les villes à bâtir des Centres d’Art Contemporain et qu’attendent-elles de ce bâtiment ?

1) LE ROLE D’UN MUSÉE :

Un peu d’histoire…

Les Musées et tous les bâtiments culturels sont, très souvent, décrit comme un lieu de concentration, de conservation et de présentation des œuvres, objets témoins d’une culture.

C’est à partir du XVIIIème siècle, que la notion de « musée » apparaît comme un lieu spécifique pour exposer et conserver l’art. Jusqu’à la Révolution, le « musée » était un lieu privé, réservé à l’entourage du propriétaire et à une certaine population : collectionneurs, artistes, historiens… Par la suite, le musée s’ouvre à un public un peu plus large. Il devient un instrument de culture populaire. Cependant, sa fréquentation reste, tout de même, réservée à une classe élitiste. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre Mondiale que le statut du musée évolue pour s’adresser au « Grand Public ».

Les dernières décennies de ce siècle, ont connu une floraison inouïe de musées. Quelques exemples de musées construits dans cette période :

GETTY MUSEUM à LOS ANGELES de R.MEIER

GUGGENHEIM à BILBAO de F.O.GERHY

LA FONDATION BEYELER à BÂLE de R.PIANO

LE CARRÉ D’ART à NÎMES de N.FOSTER

EL CENTRO GALLERO DE ARTE CONTEMPORANEO à ST JACQUES DE COMPOSTELLE d’Alvaro SIZA

Et encore bien d’autres…

Les raisons qui expliqueraient cette prolifération de musées sont multiples :

• Tout d’abord, les progrès accomplis dans la conservation et présentation des œuvres (isothermie des locaux, surveillance électronique, sources d’éclairages…).

• Ensuite, l’évolution des structures de l’Art Contemporain où le musée qui tend à court-circuiter le couple galerie-collectionneur et donc acquérir des œuvres plus tôt et donc moins chères ( Raymonde MOULIN : « Le marché et le musée » – L’art contemporain international ).

• Et enfin, l’élargissement de la notion de culture qui dit que toutes les activités de l’homme et toutes les manifestations de son ingéniosité sont dignes d’intérêt.

CENTRE D’ART CONTEMPORAIN : ATTRIBUTIONS DE FONCTIONS DIVERSES

Un bâtiment culturel réunit plusieurs fonctions, dont la principale est celle de présenter des collections qui ont un intérêt historique, technique, scientifique ou artistique. La réalisation d’un Centre d’Art Contemporain est donc, tout d’abord, à un acte culturel.

Il doit, également, assurer la collecte, la rénovation et la conservation des œuvres en vue de pérenniser le patrimoine culturel.

Cependant, il ne faut pas oublier le public qui vient visiter ces lieux. Celui-ci doit y trouver un intérêt. Le Centre d’Art Contemporain doit participer à l’enrichissement personnel du visiteur qui vient à la rencontre de la création contemporaine. En somme, la conservation des œuvres n’est autre que le moyen d’assurer la rencontre essentielle entre le citoyen et les œuvres.

Aujourd’hui, les centres culturels tendent, de plus en plus, à être des lieux de rencontre, d’apprentissage, de découverte, de loisir et de détente, et donc par conséquent, un endroit privilégié pour la communication et le partage.

2) CENTRE D’ART CONTEMPORAIN : SA PARTICIPATION DANS LA VIE DE LA VILLE

La création d’un Centre d’Art Contemporain pose immédiatement la question de savoir comment imaginer la place de ce centre culturel dans la ville ? Quel est son rapport à la ville ? Comment agit-il sur elle ?

UN PÔLE CULTUREL ACTIF

Aujourd’hui, les villes souhaitent que son rôle ne soit plus seulement d’assurer la conservation et la présentation des œuvres, c’est à dire d’être un « Musée statique », elles attendent que ce lieu devienne un pôle culturel, un lieu attrayant un « Musée dynamique » qui joue le rôle de diffuseur culturel et d’incitateur touristico-culturel.

Pour que ce lieu fonctionne comme acteur culturel et économique pour la ville, il faut que cette culture s’adresse à un grand nombre d’individu, ce qui va susciter de nombreux débats au sein des sociétés actuelles. Faut-il réellement rendre l’art accessible à tous ? Et comment attirer un large public sans tomber dans le musée vitrine, où l’art devient objet de consommation ? Comment préserver la valeur artistique de l’oeuvre dans notre société de consommation ? La relation à la ville, à l’art et à l’architecture doit être modifiée pour être en accord avec les attentes de chacun.

Tout ceci amène à repenser la nature de ce lieu ? Comment concevoir ce lieu, doit-il être un lieu transparent ou opaque, moderniste ou classique, ouvert ou fermé, monumental ou fonctionnel, clair ou labyrinthique, intégré ou détaché du site dans lequel il se trouve?

CENTRE D’ART CONTEMPORAIN : OBJET SINGULIER AU SERVICE DE L’ART

Dans le texte, « Musées : un cheminement, des espaces conviviaux et de la lumière » extrait de Architecture et Musée, Jean BARTHELÉMY pose la question d’un musée œuvre d’art ou au service de l’art. En effet, le Centre d’Art Contemporain peut être dessiné comme une œuvre d’art, un objet à part entière qui possède sa propre autonomie. Il existe, alors, en tant que signe fort s’imposant sur un site ou alors imaginé comme un élément architectural s’inscrivant dans son contexte, voué à la présentation d’oeuvres.

Un des exemples du Musée « Oeuvre d’art » est le Musée du Guggenheim à BILBAO. Le bâtiment devient sculpture et son esthétique en fait un objet singulier dans la ville. Son écriture architecturale très spectaculaire a permis à la ville de BILBAO d’être reconnu internationalement. Henri-Pierre JEUDY, dans le texte « Quand le musée fait de la ville une œuvre », présente le musée comme un événement qui agit sur la ville et vient attirer l’attention du passant.

Cependant, faire d’un musée l’emblème d’une ville ne desservirait-il pas l’art qui y est présenté? La fonction essentielle d’un centre d’art étant de présenter une exposition à un public, le musée ne devrait-il pas être plus au service de l’art ? L’architecture ne devrait-elle pas s’effacer pour laisser place aux oeuvres ?

En fait, il s’agit de composer avec ces 2 éléments, l’architecture doit signaler la présence d’un bâtiment au caractère culturel et donc un objet particulier qui susciter la curiosité des citadins mais en même temps, l’art doit trouver sa place dans cet espace qui lui est dédié.

II – STATUT DE L’ART

1) L’ART PLUS ACCESSIBLE

L’ART POUR TOUS

L’art se démocratise pour intéresser un public varié. En effet, le centre d’art a pour vocation d’être un lieu ouvert à tous, un espace de rencontre qui réconcilie tous les types et classes de population. Cependant Fabienne BRUGÈRE, dans le texte « Le musée entre culture populaire et divertissement », expose l’idée que le musée a la volonté d’être un lieu démocratique mais sa pratique réelle révèle des inégalités sociales et culturelles.

Le musée doit-il devenir un lieu comme un autre et s’inscrive dans le quotidien de chacun pour devenir un lieu accessible à tous? L’art doit-il devenir un objet de consommation pour être plus en accord avec notre société ?

Certes, la culture ne doit pas être réservée qu’à une certaine catégorie de personnes. Le musée doit communiquer avec un public beaucoup plus diversifié. Il est nécessaire, pour cela, que le musée devienne un lieu accueillant et qu’il répondre aux attentes des différents visiteurs en y intégrant, pourquoi pas, des espaces en libre accès comme une médiathèque, une bibliothèque, une cafétéria. Tout ceci afin de faciliter les échanges et faire du musée, un lieu plus vivant. Il doit rassembler toutes les caractéristiques qui composent un lieu de vie.

Le musée doit alors s’humaniser pour s’adresser à tous, mais comment envisager un musée fait pour une telle diversité de personnes : jeune, moins jeune, initié, amateur, intellectuel ?

INITIER / EDUQUER / COMMUNIQUER CET ART NOUVEAU

Pour être un lieu accessible, il doit s’adapter aux besoins de chacun.

Le centre d’art ayant une vocation culturelle, il doit désormais pouvoir éduquer et instruire dans le plaisir afin que l’art présenté devienne compréhensible par tous. Les musées d’art moderne et d’art contemporain ont besoin d’initier leur public face à ces nouvelles formes d’art qui naissent.

Aujourd’hui, exposer l’art c’est montrer au visiteur une production immédiate pour laquelle il n’a pas toujours les codes d’interprétation. Comme c’est le cas pour l’art ancien, le temps n’a pas permit le recul suffisant pour que le visiteur soit imprégné de cet art. Le manque de connaissance peut même rendre l’oeuvre totalement incompréhensible pour un visiteur amateur.

Les œuvres exposées dans le musée représentent un message, une histoire, une époque propre qui leur appartient. Elles sont le témoin d’un travail et c’est à la muséographie de retransmettre cette pensée.

Le Centre d’Art doit prévoir des espaces pour informer le visiteur sur sa visite (textes écrits, dispositifs pédagogiques, visites guidées…).

SACRALISATION OU BANALISATION L’ART

Un autre thème très récurrent dans la conception d’un musée, faut-il réellement désacraliser l’art sous prétexte de le rendre accessible à tous?

En sacralisant l’art, comme dans la plupart des musées classiques, l’espace muséal peut être perçu par le visiteur comme un sanctuaire où les espaces monumentaux instaurent une sorte de respect face à l’institution culturelle. Parfois même, comme le décrit Paul VALÉRY, dans « Le problème des musées » extrait de l’Oeuvres, Tomes II, Pièces sur l’art, le visiteur peut ressentir une sorte de mal aise dans ces espaces où l’atmosphère y est froide, pesante, autoritaire. Le spectateur se sent « Seul contre tant d’art », il a même la sensation d’être inculte face à tant d’oeuvres.

Par contre si l’on accepte de banaliser l’art, comme dans les musées d’Art Moderne, où les espaces sont largement ouvert sur la ville afin d’attirer une population plus large, on s’aperçoit que le visiteur n’a plus de rapport particulier avec l’oeuvre. Il ne se retrouve plus en face à face intime avec l’art exposé. L’art se transforme en objet de consommation.

Tout ceci pose la question de la relation que l’on souhaite définir entre le visiteur et l’oeuvre présentée. Quelle ambiance créer ? Quelle idée désire-t-on développer : l’idée de respect face à l’art ou l’idée que l’art peut être consommé comme tout produit ? Pousser à l’extrême ces 2 concepts ne permettent pas une bonne approche de l’art.

Pour ces raisons, il s’agit de créer un Centre d’Art Contemporain qui allie l’idée d’être un lieu ouvert à tous, un lieu accueillant mais qui ne dévalorise pas pour autant la valeur des œuvres exposées

2) ÉVOLUTION DE L’ART

L’art a beaucoup évolué ces dernières années. C’est dans les années 60, que les artistes ont remis en cause la société et l’institution culturelle qui privilégiaient un visiteur averti, déjà sensibilisé à l’art et qui luttaient contre la consommation de l’art. Jusqu’ici, l’artiste créait des œuvres fixes (peintures, photographies, sculptures…) où le visiteur se trouvait dans une posture de contemplation.

C’est à partir de là, que les artistes ont cherché à adresser à un public plus large. Ils ont voulu l’éduquer, le faire participer avec d’autres formes d’art : l’art électronique, les vidéos (art plus en accord avec une société qui laisse beaucoup de place à la culture visuelle). Ces oeuvres plus attrayantes ont attiré un public très différent.

Les musées ou les centres d’art ont continué dans cette idée et leur ont commandé des installations ou encore des œuvres faites in situ. Tous veulent mettre en éveil les sens du visiteur en le faisant participer tout au long de sa visite. Daniel BUREN, lors de son intervention au CENTRE GEORGES POMPIDOU « Le musée qui n’existait pas » extrait du Technique et Architecture n°461-2002, cherche à créer un jeu de parcours avec différentes ambiances, et où l’oeuvre interagit avec le lieu. Le visiteur déambule et devient « goûteur d’ambiance ». L’oeuvre comporte également des textes « Buren, mot à mot » afin que le visiteur puisse comprendre toute la signification de l’oeuvre.

Les performances ou les spectacles demandent une participation encore plus active du visiteur. Ici, il n’est plus en position statique mais il devient actif, c’est même quelquefois lui ou le groupe de visiteurs qui fait l’œuvre. Le but de cet art vivant est de mettre le visiteur dans un état psychologique propre et de l’immerger dans son œuvre.

L’art se démocratise à tel point que les artistes vont dans les rues. Le GROUPE DUNES, dans « Etat de veille », propose une installation à MARSEILLE avec une projection d’images (images de petits objets ou grand paysage) sur les façades d’immeubles. Le tout accompagnés de sons. Le visiteur prend conscience de l’oeuvre au fur et à mesure de sa visite urbaine. L’art n’est plus seulement fait pour être exposé dans les musées. Pour Paul ARDENNE, dans « Expériences singulières du territoire » extrait du Technique et Architecture n°461-2002, l’art devient nomade. Il est fait pour être vécu comme une expérience.

La multiplication et la diversité des supports remet en cause la mise en exposition de ces oeuvres dans le musée.

Quels espaces le Centre d’Art Contemporain doit-il posséder pour accueillir ces nouvelles formes d’art ?

III – MONSTRATION DES ŒUVRES

1) CENTRE D’ART CONTEMPORAIN : SUPPORT DE L’ART

Malgré que l’art et sa relation au public ont évolué, la notion de musée, au sens large du terme, ne change en rien pour l’architecte et le conservateur. Il reste le réceptacle de l’art.

Le musée est un lieu de monstration. Il est, en fait, une surface d’accueil des œuvres. Le musée doit permettre de réinscrire des objets venus d’une autre époque, d’un autre lieu. Il joue le rôle d’intermédiaire qui assure l’interaction entre art et visiteur. Il permet que cette rencontre entre 2 temporalités différentes soit possible. J.L. DÉOTTE, dans le texte « Membrane et différence des temps » extrait d’un passage de Le musée, origine de l’esthétique, compare le musée à une membrane. Celle-ci, tout en assurant une protection, assure des échanges, des mouvements. Le musée fonctionne également de la même manière, il permet des échanges entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’art et le visiteur et entre des espaces/temps différents (qui correspondent à celui de l’oeuvre et du visiteur).

Lors d’exposition, le musée doit accueillir les œuvres et les présenter de telle manière à ce qu’elles prennent toute leur ampleur et toute leur signification. Il faut savoir, comme le présente J.L.DÉOTTE dans le texte « Destination ou suspension » extrait du même livre, que l’oeuvre a été retirée de son contexte initial et de sa destination, elle a donc perdu une partie de son sens. Elle est finalement abandonnée, figée et c’est au tour du musée de lui redonner une seconde vie.

Comment l’architecture doit-elle mettre en scène ces œuvres issues d’art différent? Pour Paul VALÉRY, dans « Le problème des musées » extrait de l’Oeuvres, Tomes II, Pièces sur l’art, c’est à l’architecture de restituer un espace, une place, un emploi, une lumière à ces œuvres afin que le spectateur puisse les admirer, les contempler à leur juste valeur.

2)CONDITIONNEMENT DU VISITEUR

L’architecture doit conditionner le visiteur avant sa confrontation physique avec l’oeuvre. Dans quel état d’esprit doit-il être ? J.L.DÉOTTE, dans « Apocalypse » extrait du livre Le musée, origine de l’esthétique, pose la question de « quelles devraient être les conditions mentales […] de la réception esthétique, de la visite muséale […] ? »

Le visiteur doit être préparé pour le face à face avec l’oeuvre. Pour cela, il faut créer une ambiance particulière qui permettra au visiteur de comprendre qu’il est dans un lieu singulier. Le seuil du musée marque la limite d’un univers bien particulier qui possède sa propre définition de l’espace / temps. Ici, les œuvres se confrontent toutes dans un même espace alors qu’elles possèdent chacune leur particularité, leur caractère, leur style, leur histoire, leur époque, leur sensibilité… Le musée réunit tant de diversité qu’il finit par être un lieu qui fonctionne avec ses propres règles.

CONTEMPLATION : MISE EN SCÈNE, ESPACE, LUMIÈRE

Dans de nombreux musées où l’objet artistique est voué à la contemplation, l’architecture offre des espaces les plus neutres possibles « le White cube » sans aucune interférence avec l’extérieur. En créant un contraste avec la couleur blanche des murs, l’oeuvre se détache pour exister enfin. L’art occupe toute la salle.

La mise en scène des œuvres dans cet espace en rupture avec la réalité extérieure incite le visiteur à la contemplation, à l’observation. L’architecte, en occultant le monde extérieur, aménage un silence dans son architecture. L’art n’a aucun contact avec la ville et rien ne vient perturber le dialogue entre visiteur et œuvre.

La mise en lumière des salles d’exposition, par éclairage zénithal diffus, la composition des espaces (recul, hauteur sous plafond, volume, plan libre ou espace fragmenté…) et de parcours doivent permettre d’un faire un lieu privilégié, un moment de pause et contribuer à une meilleure appréciation des œuvres exposées. François ALBERA, dans « cinéma : quand le décor s’exp(l)ose » extrait du ArtPress n°21, fait un parallèle entre le travail d’un architecte et celui d’un cinéaste. Les 2 travaillent sur les points de vues, les cadres, les séquences visuelles sur un parcours qu’il définit pour mettre en valeur les objets, les œuvres. L’architecture devient le décor et les œuvres vont prendre place sur cet ensemble.

Renzo PIANO, dans la FONDATION BEYELER à BÂLE ou la FONDATION DU MENIL à HOUSTON ainsi que Norman FOSTER privilégient des salles aux volumes simples avec un éclairage zénithal qui diffuse la lumière dans les salles d’exposition afin d’obtenir la plus grande neutralité. L’architecture ne gêne en rien la contemplation des oeuvres. Pour Jean Nouvel, dans Les objets singuliers, l’architecture doit savoir s’effacer pour ne laisser place qu’aux œuvres. Ce n’est pas à l’architecture d’être admirer, elle n’est pas là pour ça. L’architecte doit savoir maîtriser autant la disparition que l’apparition de l’architecture. Elle a sa place dans les espaces d’accueil pour en fait des lieux singuliers mais dans les salles d’exposition, elle doit mettre en valeur les œuvres exposées.

PARTICIPATION ACTIVE

Pour les œuvres qui sollicitent la participation du visiteur, la mise en scène n’est plus seulement de l’ordre de l’architecture, le conditionnement du visiteur se fait par sa participation physique à l’œuvre (performances, arts électroniques, spectacles…).

C’est le mouvement ou l’éveil de plusieurs sens qui capte l’attention du visiteur comme dans les vidéos, la projection d’images ou la diffusion de son. L’œuvre peut occuper tout l’espace qui lui est proposé.

3) PARCOURS

L’architecte peut faire le choix de parcours différents. Tout dépend de sa volonté suivant le rapport qu’il imagine entre le visiteur et les œuvres et l’environnement. Quelle mise en perspective va-t-il vouloir développer ? A quel moment va-t-il offrir des vues sur les œuvres, sur la ville ou une vue générale sur le musée ?

L’architecte fait le choix d’un parcours, il en existe plusieurs possibles, notamment :

• une boucle simple

• 2 boucles parallèles avec un point de connexion

• une boucle simple en forme d’hélice

L’architecte peut également faire le choix :

• d’un parcours continue, où l’on a une abstraction totale du site environnant. Le visiteur reste dans un espace clos en contact avec l’art sans qu’il n’y ait aucune interaction avec l’extérieur. Il se consacre exclusivement à l’art qui l’entoure.

• d’un parcours discontinu, où le visiteur à un rapport à la ville ponctuel. Des vues peuvent être aménagées à certain endroit (changement de salles d’exposition…) pour qu’il n’y ait pas de rupture complète avec son environnement extérieur. Le visiteur ne perd pas complètement ses repères spatiaux-temporels.

Toute la difficulté réside à aménager un parcours qui propose une variété d’expériences spatiales pour accueillir tous les types d’art et offrir des espaces suffisants pour la compréhension de chaque œuvre.