DEOTTE, Jean-Louis, 1993 : Adorno – Destination ou suspension, in Le musée, l’origine de l’esthétique ,Éditions L’HARMATTAN, p29.

DAMOUR Laurence

 

DEOTTE, Jean-Louis, 1993 : Adorno – Destination ou suspension, in Le musée, l’origine de l’esthétique ,Éditions L’HARMATTAN, p29.

 

Quelle relation existe-t-il entre musée et œuvre d’art ?

 

L’art pour le musée ou le musée pour l’art ?

 

Suspension : fait d’enlever l’oeuvre de son contexte, de suspendre dans un musée.

 

Destination d’une œuvre : lieu pour lequel l’oeuvre est conçu (avant des lieu de cultes… pour les commandes, aujourd’hui des salles de musées).

 

Constat (de PROUST et VALÉRY) : l’institution muséale a transformé l’œuvre d’art. L’art deviendrait art pour le musée.

 

ADORNO met en évidence 2 positions (de VALÉRY et de PROUST) contradictoires mais toujours au cœur des polémiques sur le Musée.

 

1 – PROUST :

 

Pour Marcel PROUST, le dépouillement des musées participe à la mise en valeur des œuvres. L’environnement de l’oeuvre n’a pas à être restitué dans l’exposition.

 

La nudité et le dépouillement d’une salle de musée caractérisent beaucoup mieux les conditions de création dans lesquelles s’est souvent abstrait l’artiste que la présentation des œuvres dans leur contexte, leur cadre socio-historique.

 

La suspensivité de l’oeuvre et donc du musée permet d’être « au plus près de la création » selon Proust puisqu’une œuvre n’enchaîne sur rien d’autre quelle même (cf. occurrence).

 

Même quand la muséographie est imposée, elle ne doit pas réduire la singularité de chaque œuvre. Un même message est transmis tout au long du parcours mais chaque œuvre se distingue des autres (cf. MUSÉE DE VÉRONE
de SCARPA).

2 – VALERY :

 

Il critique les rituels imposés dans les musées, comme au Louvre par exemple, qu’il considère comme des contraintes. Et compare alors les musées aux mausolées.

 

Pour Paul Valéry, l’art est perdu sans son contexte qui lui donne sa fonction, un sens. L’architecture donne une destination à l’oeuvre en lui donnant un espace, une lumière, un emploi… une vie.

 

Pour lui la destination de l’oeuvre est intimement liée à celle de l’architecture. Il rejoint le point de vue critique de QUATREMÈRE DE QUINCY sur la tradition du musée : « le musée délocalise l’oeuvre d’art ».

 

L’architecture offre un site commun d’exposition et de confrontation des œuvres alors peuvent être posées des questions purement esthétiques : sur la relation entre espace et temps, sur l’oeuvre et sur le site lui-même.

 

• 1ère étape du musée : musée pour l’art. Les oeuvres prélevées sur des lieux de culte n’ont plus de destination et sont uniquement suspendues. Le musée est fonctionnel (protection, conservation, lumière).

 

• 2ème étape du musée : art pour le musée. L’oeuvre est indissociable du lieu (ex.: LE MUSÉE RIVOLI), question de l’esthétique du musée (les nouveaux musée sont conçu comme des œuvres d’art). L’oeuvre à pour destination le musée, tous les musées.

 

• 3ème étape : l’art est conçu pour un lieu mais pas forcément pour un autre. Le véritable destinataire de l’art moderne est le visiteur.

 

Le musée est un lieu de suspension du jugement, il fait le vide autour d’une œuvre. Mais c’est aussi un lieu du savoir. A travers l’informatisation par exemple, ou à travers l’exposition d’instruments scientifiques… L’informatisation peut aussi induire une transformation des œuvres puisque certains aspects peuvent être réduits ou oubliés par la programmation.

 

Problématique de la transformation des œuvres en documents, en matière d’information uniquement et non plus en œuvre d’art en tant que telle.

 

SCARPA, Carlo, 1956 : Museo civico di Castelvecchio, VÉRONE, ITALIE

 

DEOTTE, Jean-Louis, 1993 : Adorno – Destination ou suspension, in Le musée, l’origine de l’esthétique ,Éditions L’HARMATTAN, p29.