IBELINGS, Hans, 2003 : Aéroports, in Supermodernisme, l’Architecture à l’ère de la globalisation, Éditions HAZAN, pp 78-88 .

TYSSAEN Simon

IBELINGS, Hans, 2003 : Aéroports, in Supermodernisme, l’Architecture à l’ère de la globalisation, Éditions HAZAN, pp 78-88 .

 

Hans IBELINGS établit dans ce chapitre une comparaison entre le rôle des musées dans les années 80 et celui des aéroports pour les années 90. Ces 2 programmes d’équipement sont en effet le terrain de convergence de nombreuses problématiques contemporaines et, par le nombre de réalisations et les moyens mis à leur disposition, ils sont également le lieu privilégié de recherches et d’innovations architecturales. L’auteur s’attache ensuite à décrire ce qui fait pour lui l’intérêt d’étude des aéroports : des lieux particuliers, hors du temps et de l’espace, engendrant une urbanisation et des pratiques spécifiques. Enfin, le texte se finit sur une analyse de l’urbanisation contemporaine des villes européennes, et sur la forme de ville qu’elle produit. H. IBELINGS présente le concept d’ « hétéropolis », introduit par Charles JENKS dans un de ces ouvrages publié en 1993 ( Heteropolis : Los Angeles, the Riots and the Strange Beauty of Hetero-Architecture, 1993).

CES LIEUX CONTEMPORAINS QUE SONT LES MUSÉES ET LES AÉROPORTS :

Hans IBELINGS relève l’importance, aussi bien physique (en étalement) que sociétale, prise par les aéroports ces dernières années. Leur croissance exponentielle est liée à l’évolution de notre société qui a changé d’échelle de mouvement et de rapport au territoire. Pour l’auteur, le musée sous-entendait (et encore de nos jours) ces questions, et étaient donc des terrains propices à la réflexion et à la recherche architecturale. Des exemples viennent ensuite pour nous illustrer ce point (entre autres, le GUGGENHEIM de GEHRY à BILBAO).

LES ENCLAVES :

L’auteur nous explique ensuite son analyse des aérogares, qui se sont étalées avec la croissance du trafic aérien. Elles ont engendré pour lui l’avènement d’un urbanisme particulier, correspondant à la consommation de masse,le long des axes de communication, et sont devenues d’importants centres économiques. Hans IBELINGS décrit ensuite, et cela nous intéresse plus, les pratiques des voyageurs dans ces lieux hors du contexte : une occupation d’un monde clos, sans relation avec les personnes autour. Rem KOOLHAAS avait précisé en donnant la formule suivante : « l’aéroport est un condensé à la fois d’hyperlocal et d’hypermondial parce qu’il propose des marchandises qui ne se trouvent pas même en ville, et hyperlocal parce qu’on s’y procure des produits qui n’existent pas ailleurs ». Cette offre particulière ressemble à celle présente dans les musées, et en fait des lieux hors du temps et de la ville, où l’individu peut enfin être « heureux », devenir « un véritable citoyen du temps » (cf. J.G. BALLARD). L’aéroport et le musée seraient donc les lieux contemporains par excellence : ceux qui correspondraient et mettraient le plus en relief la société actuelle basée sur le changement, le mouvement, l’image.

L’HÉTÉROPOLIS :

Ce terme introduit par Charles JENCKS exprime l’étalement des régions urbanisées, sans ordre ni forme cohérente, sans centre ni unité, à l’image de LOS ANGELES. Les centres des villes perdent leur valeur de cœur de la vie urbaine, et on voit apparaître l’idée de région urbanisée omniprésente. Tous les équipements viennent à présent se greffer le long des autoroutes et autres voies de circulations, illustrant ainsi les rapports qu’entretient la société contemporaine avec le territoire.

Notre musée doit-il être un objet similaire aux centres commerciaux et autres boites venant se disséminer dans l’aire métropolitaine, ou peut-il devenir monument et rappeler l’importance d’un tel édifice ainsi que du centre ? Doit-il créer un monde à part, en liaison avec l’Art et la culture mais coupé du monde, ou peut-il tisser de nouvelles relations avec la ville qui l’entoure ?

Ce qui est sûr, c’est que la société évolue en permanence, donc l’Art aussi et les musées qui doivent l’accueillir également. Réfléchir à un centre d’Art Contemporain, c’est se replacer dans un contexte en perpétuelle évolution. Les musées sont des lieux hors du commun, permettant au visiteur de créer une relation particulière aux œuvres mais aussi à l’Art, et à la ville.

IBELINGS, Hans, 2003 : Aéroports, in Supermodernisme, l’Architecture à l’ère de la globalisation, Éditions HAZAN, pp 78-88 .

JENCKS, Charles, 1993 : Heteropolis Los Angeles. The Riots and the Strange Beauty of Heteroarchitecture, ACADEMY Éditions, LONDRES.