VALÉRY, Paul, 1923 : Le problèmes des musées, in Œuvres, Tome II, Pièces sur l’art, Éd. NRF, p1290 .
VALÉRY, Paul, 1923 : Le problèmes des musées, in Œuvres, Tome II, Pièces sur l’art, Éd. NRF, p1290 .
3 problématiques du musée:
Confrontation des œuvres dans un chaos général.
Sentiment d’étouffement pour le visiteur pris entre tous ces chefs d’oeuvres.
Le musée finit par être un lieu de conservation, un lieu sacré au lieu d’être un lieu d’exposition.
Dans cette lecture, Paul VALÉRY nous explique pourquoi les musées lui paressent inhumains.
LE MUSÉE JOUE LE RÔLE D’UTILITÉ PUBLIQUE :
Pour Paul VALÉRY, les musées sont des lieux de réserves, de conservation des œuvres et tout ce qui est en rapport avec l’utilité publique (la conservation et le classement) a peu de rapport avec ce que devrait être un musée c’est à dire : «délicieux».
LE MUSÉE EST UN LIEU D’AUTORITÉ ET DE CONTRAINTE :
Son parcours commence par la salle des sculptures où sa première sensation vers les « œuvres » est soumise à l’autorité. Il trouve que les musées sont fait d’interdit, d’autorité, de contraintes. Leur ambiance est généralement froide. Le visiteur se sent mal à l’aise face à une telle diversité de postures et de sujets.
LE MUSÉE EST UN LIEU DE CHAOS :
Le musée représente un certain désordre. Il expose trop de confrontations de sculptures différentes, de tailles, de styles, de thèmes différents dans un même lieu. Il nous explique que les œuvres se confrontent les unes aux autres tout en s’ignorant. Elles cherchent toutes à attirer notre attention pour nous faire oublier la sculpture voisine et exister enfin. Lorsqu’il atteint la salle des peintures, la même sensation s’empare de lui. Là encore, les confrontations le surprennent. Ces œuvres se veulent toutes indépendantes et uniques. Mais en les réunissant, ici, elles deviennent adverses, ennemies surtout si elles ont le même thème. Le visiteur doit osciller d’un chef d’oeuvre à l’autre. Il trouve cette démarche à la fois inhumaine et paradoxale.
LE MUSÉE PROVOQUE UN SENTIMENT DE MAL AISE SUR LE VISITEUR :
Il s’aperçoit également que son attitude a changé. Il adopte la même attitude que dans un lieu sacré «Mon pas se fait pieux. Ma voix change et s’établit un peu plus haute qu’à l’église, mais un peu moins forte qu’elle ne sonne dans l’ordinaire de la vie».
Tout à coup, il s’interroge :
Il ne sait plus où il se trouve : entre temple et salon, cimetière et école…
Ni ce qu’il est venu faire : s’instruire, s’émerveiller ou remplir un devoir…
Il finit par être envahit par plusieurs sensations : l’ennui, la tristesse, l’accablement face à tout cet art «seul contre tant d’art» mais aussi l’admiration pour tout ce travail accomplit par ces artistes. Il adopte finalement 2 attitudes face à cela:
Il se sent submerger par le sentiment qu’il est superficiel : il en fait le spectateur de toutes ces expériences, de tout ce génie auquel il n’appartient pas.
Ou alors érudit : il connaît tout et ne fait finalement aucune distinction entre ce qui a de la valeur ou pas.
LES MUSÉES SONT LE RÉSULTAT DE NOTRE SOCIÉTÉ MODERNE :
Tout ceci, provient de notre société de surconsommation, où les goûts et les modes changent. On préfère accumuler un maximum de choses même ce que l’on aurait dédaigné. L’homme moderne cherche à montrer toutes les œuvres créées, produites sans sélection. Et tout fini par être exposé. En opposition, il cite l’EGYPTE, la CHINE ou encore la GRÈCE qui étaient des empires que l’on connaît bien pour leurs valeurs esthétiques bien définies, qui n’auraient jamais osé juxtaposer autant d’oeuvres de critères différents.
CONCLUSION
Le musée devient «la maison de l’incohérence» où sont réunies les œuvres dans le chaos. Il utilise la comparaison de l’oreille qui ne supporterait pas d’entendre plusieurs orchestres à la fois, et donc pourquoi le regard devrait subir autant de sollicitations ?
Pour Paul VALÉRY, les sculptures ou les peintures ont été crées par des artistes qui leur ont donné vie et comme nous l’avons déjà vu dans un des textes de J.L.DÉOTTE « Destination ou suspension », dans les musées, tout le contexte, le sens est rompu. Les œuvres d’art sont alors en suspension. Elles sont abandonnées et c’est au tour de l’architecture de redonner une place, un espace, une lumière à ces œuvres pour qu’elles soient appréciées à leur juste valeur.
VALÉRY, Paul, 1923 : Le problèmes des musées, in Œuvres, Tome II, Pièces sur l’art, Éd. NRF, p1290 .
|