BUREN, Daniel, 2002 : La rétrospective qui n’existait pas, in Techniques et architecture 461, p58.

DESCHANELS Nathalie

 

BUREN, Daniel, 2002 : La rétrospective qui n’existait pas, in Techniques et architecture 461, p58.

 

 

Dès les années 75-80, il intervient « in situ », il va créer des œuvres en rapport avec la spécificité des lieux.

 

L’ŒUVRE/SITE

 

Il investit le niveau 6 du CENTRE POMPIDOU (habituellement réservé aux peintures) de carrées en 3 dimensions très colorées et décorées. Il utilise ce bâtiment comme socle et va changer par son intervention le statut du centre Pompidou, de la provocation architecturale à une institution culturelle. Il part sur une trame ortho/conditionnée par la grille structurelle du centre g Pompidou et par son système métrique de la bande colorée sur fond blanc de 8,7 cm, qu’il a découvert en 65, sur un tissu de store du marché de st pierre à paris.

 

Il va créer 71 salles de 6m x 6m x 4m80 ht.

 

Certaines boites sont grises (inactives) et les autres salles sont toutes différentes :colorées, rayées, perforées avec dispositifs sonores, optiques.. (actives) Il a cherché des dispositifs différents pour chaque salle. Cette intervention apparaît comme une unité et comme une succession d’éléments changeants.

 

On peut parler de dimension rétrospective puisqu’il réutilise l’ensemble des dispositifs qu’il a déjà expérimenté (chambres colorées, cabanes éclatées, miroirs et reflets, projection lumineuse, bandes de 8,7cm…)

 

Par moment, il va déborder sur l’extérieur et toutes les boites sont ouvertes au niveau du plafond, et certaines d’entre elles au niveau des angles, pour laisser apparaître le bâtiment et obtenir une interaction entre le lieu et l’oeuvre. C’est cette multiplicité des points de vue sur le lieu d’intervention de l’oeuvre qui va créer ce dialogue entre l’oeuvre et le lieu. Il ne nie pas le lieu ni le contexte. Le croisement entre le lieu, ses contraintes et son œuvre contribue aussi à ce dialogue. Principe des œuvres in situ. Il s’inspire et se plie au lieu. Il reprend les contraintes du lieu et s’impose ses propres règles.

 

Il va donner un nom à chaque salle mais qui ne sera pas forcement en correspondance avec l’interprétation du visiteur, mais en fonction du travail effectué sur cette salle. Ex, de la cabane éclatée (pour le visiteur c’est un moucharabieh) et en fait c’est un travail de percement de la paroi.

 

PERCEPTION/RECONNAISSANCE DE L’OEUVRE

 

Pour lui, l’oeuvre est « uniquement ce que l’on voit, c’est ce qui est fait ». Croquis, photos ne sont que des témoignages d’une histoire ou d’un événement et peuvent faire l’objet d’une expo. en tant que tel.

 

Il accompagne son travail d’écrits comme le « Buren, mot à mot » qui contient une centaines de mots clé qui constituent les principaux épisodes de sa vie artistique et des messages contenus dans ses œuvres.

 

Il veut permettre aux visiteurs ou aux spectateurs d’accéder facilement à une œuvre qu’il a créer par une perception immédiate et par des clés qui vont lui permettre de la comprendre.

 

Son intervention au CENTRE POMPIDOU tient ce discours : d’abord cette perception immédiate de cet objet et ensuite on reconnaît cet objet. C’est la connaissance/reconnaissance qui est au cœur du regard sur l’art et la culture. Ce qui est vu et su.

 

VISITEUR/ŒUVRE

 

Le visiteur va soit subir, soit vivre ce type d’oeuvre comme un jeu de parcours.

 

Il va modifier le comportement du visiteur : il va avoir un autre comportement que dans un musée. Il devient « goûteur d’ambiance » et non « hôte du musée »

 

Il veut faire participer le visiteur en lui proposant différentes clés pour comprendre son œuvre.

 

Il cherche à immerger le visiteur dans son œuvre. Il change la posture du spectateur (il n’y a pas de position frontale comme dans un musée mais une multiplicité de point de vue)

 

Ce rapport du visiteur/œuvre et l’oeuvre/lieu n’est pas nouveau dans l’art. Le mouvement in situ et land art apparaît dans les an 60. Et Buren dans les an 60-70 découvre ce tissu de store et le conceptualise et c’est de la que né toute sa réflexion sur une œuvre / à un lieu.

 

Quel type de musée pour ce type d’intervention ? C’est le lieu d’exposition qui fait œuvre.

 

BUREN, Daniel, 2002 : La rétrospective qui n’existait pas, in Techniques et architecture 461, p58.