HOLL, Steven, 1998 : KIASMA, Musée d’Art Contemporain, Helsinki.

DUPIN Marion

 

HOLL, Steven, 1998 : KIASMA, Musée d’Art Contemporain, Helsinki.

 

KIASMA, le musée d’Art Contemporain, se situe au cœur d’HELSINKI, au pied du Parlement, à l’Ouest, de la gare d’Eliel SAARINEN à l’Est, et du Finlandia Hall d’Alvar AALTO au Nord. Le site dans lequel il se place est particulier, de par la proximité à ces monuments, mais aussi par son statut de charnière entre les différentes trames de la ville, ainsi que sa forme triangulaire, s’ouvrant sur la grande baie de TÖÖLÖ. Le plan urbain élaboré en 1961 par Alvar AALTO, et anticipant le déplacement du centre de la ville autour du Sud de la baie, est un point de départ à la réflexion de Steven HOLL sur le rôle de cet équipement à grande échelle. De plus, la lumière horizontale d’un pays comme la FINLANDE, très particulière, place le concepteur dans une attitude spécifique pour un projet tel que celui d’un musée.

 

Au niveau de l’espace muséal proprement dit, Steven HOLL ménage un « silence » dans son architecture, par l’élimination de l’échelle intermédiaire. Ainsi, les œuvres d’Art peuvent occuper cette échelle intermédiaire, contrastant avec les masses neutres des murs. Plutôt que de travailler les colonnes, les portes, les baies de fenêtres, le vocabulaire architectural est exprimé à travers des détails comme le toucher d’une poignée de porte.

 

Le musée est pensé comme un « Forum » de l’Art, ouvert et flexible à toutes les interventions et fonctions. Ainsi, les espaces comme l’auditorium, le café ou encore la librairie, sont placés au rez-de-chaussée, en contact direct avec la ville.

 

Le concept du KIASMA propose un entrelacement des géométries de la ville et du paysage, formalisé dans la composition de l’édifice. Une ligne de culture, courbe, le relie au Finlandia Hall, et une deuxième ligne, la ligne de nature, le connecte avec le paysage de la baie de TÖÖLÖ .

 

Steven HOLL, par un travail sur les séquences visuelles, propose une variété d’expériences spatiales. Considérant le statut particulier de l’Art contemporain, il essaie d’anticiper les besoins des artistes, y compris ceux dont le travail requiert une atmosphère très calme pour en libérer toute l’intensité. Le caractère général des pièces, conçues sur une trame fonctionnelle de 9m x 9m, permet un environnement silencieux et dramatique pour les expositions. La forme incurvée de l’édifice déploie la lumière horizontale de nombreuses façons différentes, induisant aussi un changement de la forme des galeries tout au long du parcours. Celles-ci sont silencieuses mais pas statiques pour autant, la dynamique vient de leur irrégularité.

 

C’est ainsi que se compose une série de séquences visuelles: les unes concentrées sur les œuvres contemporaines et dans leur mise en scène, les autres orientées vers des perspectives intérieures ou extérieures dans un rapport au contexte. Un parcours a priori, qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, libère le visiteur, et est fluidifié par le traitement des transitions, notamment aux changements de niveaux ; le grand escalier central en constitue le parfait exemple.

 

C’est toute la démarche de Steven HOLL qui est ici mise en relief, non seulement au niveau d’un projet d’architecture mais aussi au niveau du questionnement de la ville. Il privilégie une réflexion sur les relations entre les objets eux-mêmes, sur la tension que ces relations créent dans l’espace, sur les expériences spatiales qu’elles engendrent. Le vide, créé par la formalisation du plein, fait alors partie intégrante de la pensée dans la conception architecturale et dans la recherche de nouvelles compositions spatiales.

 

Aussi enseignant et auteur de nombreux essais, Steven HOLL, depuis 1977, a engagé une réflexion sur les modèles typologiques de l’architecture américaine, puis, avec le début d’une carrière plus internationale, a démontré l’aspect fondamental de la relation que l’architecture établit avec son site. Il arrive aujourd’hui à la conclusion que le rôle de l’architecte est d’assurer le lien conceptuel et phénoménologique entre l’édifice, le site et le programme, que l’espace n’est pas un concept abstrait mais le lieu d’une expérience physique.

 

HOLL, Steven, 1998 : KIASMA, Musée d’Art Contemporain, Helsinki.