DEOTTE, Jean-Louis, 1993 : Derrida – Apocalypse, in Le musée, l’origine de l’esthétique ,Éditions L’HARMATTAN, p49.

DUPIN Marion

DEOTTE, Jean-Louis, 1993 : Derrida – Apocalypse, in Le musée, l’origine de l’esthétique ,Éditions L’HARMATTAN, p49.

Professeur de philosophie en université, section «Arts, Philosophie, Esthétique», il écrit cet article se basant sur la pensée de Jacques DERRIDA, grand philosophe moderne (1930-2004).

Ce dernier est la figure de proue du mouvement littéraire de déconstruction, qui est à l’origine des bases philosophiques du déconstructivisme, école de pensée récente en architecture. Quelques architectes adeptes de cette école sont Peter EISENMAN, avec lequel J.DERRIDA a collaboré, Frank GEHRY, Bernard TSCHUMI, Rem KOOLHAAS, Daniel LIEBESKIND ou encore Zaha HADID.

LE CONDITIONNEMENT DU VISITEUR

« Quelles devraient être les conditions mentales […] de la réception esthétique, de la visite muséale […] ? »

Sur ce premier questionnement, l’auteur opte pour un climat d’objectivité laissant place à la perception. Aucun élément extérieur ne devrait interférer avec l’exposition, il parle ainsi de « la suspension du jugement» du spectateur.

Ceci se traduit pour l’architecte par la création d’espaces isolés, neutres, capables de recevoir une confrontation œuvre/spectateur pure.

En second lieu, il établit un rapport étroit entre cette occultation du monde, ou sa « mise entre parenthèses » et l’hypothèse apocalyptique rencontrée dans la philosophie moderne (Leibniz).

Le musée atteindrait alors sa limite dans l’époque moderne, se plaçant sur une sorte de « passage de la frontière ».

Le musée, nouveau site de l’art au XVIIIe siècle, voit son apogée au XIXe siècle, toujours dans la modernité.

L’APOCALYPSE COMME FICTION ET RÉALITÉ

Le thème de la destruction dans le musée.

Il traite des conditions d’acquisition des oeuvres dans les musées, qui détachent l’oeuvre de son contexte et suppriment les relations auteur-oeuvre-spectateur. (QUATREMÈRE DE QUINCY)

En particulier, il évoque la perte de destination des oeuvres, étant donné qu’une fois dans un musée, le destinataire n’est plus tellement défini.

Il aborde également le caractère matériel de cette nouvelle institution (édifice, archives…), et qui dit matériel, dit destructible.

Dans ces pratiques radicales de «suspension des destinations des oeuvres», suspension spatiale ainsi que suspension temporelle, le musée est mesurable à l’apocalypse.

«Comment alors exposer un tel art?»

Le Musée imaginaire permettrait donc de ne pas séparer les oeuvres, les objets exposés de leur contexte global, de leur lieu d’origine, de leur époque, car il est impossible de les apprécier à leur juste valeur sans leur logique de création. Musée sans frontière… seulement imaginable !

Or, en réalité, effectuant un arrachement de l’oeuvre, le musée lui recrée, lui trouve, d’un autre côté un destinataire.

Le Musée ne déclare pas comme «art» une oeuvre qu’il renferme, mais lui offre comme une seconde vie : il la place dans des conditions d’exposition et de réception non comparables à son contexte original. («la fiction de l’apocalypse»)

DEOTTE, Jean-Louis, 1993 : Derrida – Apocalypse, in Le musée, l’origine de l’esthétique ,Éditions L’HARMATTAN, p49.