FOUCHIER, Vincent, 1998 : Les densités urbaines et le développement durable : le cas de l’Ile de France et des villes nouvelles, SECRETARIAT GENERAL DU GROUPE CENTRAL DES VILLES NOUVELLES, 211p.

FONT Marine

FOUCHIER, Vincent, 1998 : Les densités urbaines et le développement durable : le cas de l’Ile de France et des villes nouvelles, Secrétariat général du groupe central des villes nouvelles, 211p.

« Les hommes occupent très peu de place sur terre. Si les deux milliards d’habitants qui peuplent la terre se tenaient debout et un peu serrés, (…) ils logeraient aisément sur une place publique de vingt milles de long sur vingt mille de large. On pourrait entasser l’humanité sur le moindre petit îlot du Pacifique. »

Antoine de Saint-Exupéry, “Le Petit Prince

Vincent Fouchier utilise comme référence plusieurs études menées précédemment sur la densité, le développement durable et la mobilité.

Par exemple l’étude menée par P. Newman et J. Kenworthy, « Cities and automobile dependance : an international sourcebook ».

Cette étude montre que plus les villes sont denses, moins elles consomment de l’énergie.

Cette étude se base sur 31 villes. Il en ressort par exemple que les villes européennes ont une densité 3 à 4 fois plus élevée que les villes américaines ou australiennes, quand aux villes asiatiques, leur densité est 10 fois plus élevée que ces dernières. Ou encore que les densités ont un lien avec les déplacements, plus la densité est faible, plus la consommation d’énergie est élevée.

Ils en déduisent donc que, si une ville se densifie elle va limiter sa consommation d’énergie voire la diminuer.

Ils définissent même une forme de “future ville” qui pourrait limiter la dépendance a l’automobile ; une ville avec des densités variées. Densités fortes dans le centre, comme des “villages urbains“, moyennes autour, dans des centres secondaires avec des stations de transport en commun, et faibles dans un rayon d’accessibilité en vélo autour des stations, ce qui correspond à la banlieue dont on souhaite limiter l’étendue et augmenter la densité.

Vincent Fouchier se demande dans cet ouvrage si l’on peut se suffire de leur étude pour réduire la nuisance de l’automobile par la densification urbaine.

Ce livre étudie le cas de l’Ile-de-France en répondant à la question suivante: “Peut-on confirmer les avantages supposés des fortes densités à l’égard des principes du développement durable ?

Il développe son étude en trois parties, la densité et la consommation d’espace en Ile-de-France, les fortes densités et la mobilité, et l’impact écologique et les fortes densités.

Densité et consommation d’espace en Ile-de-France

Dense: qui rassemble beaucoup d’éléments en peu d’espace. Le terme densité ne possède pas de réelle définition en urbanisme. Il n’est pas vraiment possible de la qualifier de forte ou faible car il n’existe aucun référent. Beaucoup de termes se rapportent à la notion de densité et pour tous il en est de même que pour le terme de densité, il n’existe aucun référent, tout change selon l’échelle utilisée. Vincent Fouchier définit dans cette première partie tous les termes nécessaires à la compréhension de son étude.

Fortes densités et mobilité

Les densité plus ou moins élevées se traduisent sur le fonctionnement des transports et la longueur des déplacements. Plus on s’éloigne du centre, plus la voiture devient un choix “nécessaire“, ou plus avantageux, car il y plus de stationnement (et il est moins coûteux), et moins de transports en commun.

Le taux de motorisation augmente au fur et à mesure des années, ce qui a amené à une automobile individuelle plus que familiale.

La taille des villes est historiquement liée à la capacité de déplacement, le mode de déplacement, les moyens de communication et l’organisation socio-économique.

Les systèmes de transport de plus en plus performants ainsi que les contacts et échanges devenus possible à distance par les moyens de communications permettent un éloignement croissant des centres ville.

Avant, la proximité n’était possible que part la densité et la mixité, aujourd’hui elle est plus temporelle, voir psychologique, et beaucoup moins spatiale.

Chacun cherche a tirer parti au maximum des opportunités spatiales sous deux contraintes : budget et temps. La contrainte saturée en premier selon les gens amène un degré de mobilité. Pour Paul Virilio, le temps l’emporte maintenant sur l’espace.

La géographie est bouleversée, ville et densité ne sont plus les seules réponses spatiales à la demande sociale d’interaction.

impact écologique des fortes densités

Une chose est évidente, la densité de développement urbain réduit son étalement. Cependant cela ne signifie pas que la densification suffit pour réduire l’usage de l’automobile. Les surfaces commerciales ou les équipements sportifs, scolaire et culturels ont une importance non négligeable, leur localisation par rapport aux transports en commun et aux autres quartiers est très importante. L’éclatement des fonctions dans la ville, plus que son étalement spatial ou son intensification a de lourdes conséquences sur les déplacements. Il faut s’intéresser aux caractéristiques qualitatives de l’urbanisme plus qu’à son étendue géographique du point de vue quantitatif. Créer des centralités commerciales ou récréatives sans cohérence avec les centralités de transport en commun accru la dépendance à l’automobile. La densité et la mixité sont donc les deux éléments qui doivent être combinés pour permettre le développement des transports en commun ainsi que la marche à pied ou le vélo.

On peut observer plusieurs paradoxes :

Les habitantes des communes de faibles densités parcourent des distances plus longues que ceux des fortes densités mais ont un temps de transport globalement plus court. L’éloignement est géographique mais pas temporel.

Les habitants des communes de faibles densités sont plus dépendants de la voiture et consomment plus d’énergie et produisent plus de pollution, mais ce ne sont pas eux qui en subissent le plus les conséquences.

Le taux de motorisation par habitant ou par ménage est plus faible dans les fortes densité, cependant la densité urbaine fait que la densité d’automobiles est supérieure dans les communes a fortes densités que dans celles à faibles densités.

De nos jours cependant la situation continue de s’aggraver, la consommation d’espace se poursuit et la longueur des distances augmente toujours.

Au final, Vincent Fouchier constate que les densités ont de réelles implications en terme de développement durable dans les deux domaines, consommation d’espace et conséquences environnementale de la mobilité.

Mais cette conclusion ne peut pas amener à une solution parfaite, d’autres éléments devant être pris en compte.

La demande croissante de nature dans la ville amène une urbanisation plus étendue, en même temps, densifier les espaces urbains pour sauver les espaces naturels périphériques risque d’amener la suppression d’espaces libres, ce qui est critère de départ des individus des fortes densités pour aller vers faibles densités.

Le progrès des vitesses de déplacement modifie la notion de proximité, elle n’est plus mesurée en distance mais en temps. La vitesse permet de maintenir la proximité en s’affranchissant de la densité.

Densifier pour réduire la pollution peut avoir pour conséquence une concentration supplémentaire des pollutions dans les fortes densités.

La densité n’est donc pas une solution unique et parfaite mais un point important auquel il faut ajouter de nombreux autres éléments.

FOUCHIER, Vincent, 1998 : Les densités urbaines et le développement durable : le cas de l’Ile de France et des villes nouvelles, Secrétariat général du groupe central des villes nouvelles, 211p.

SAINT-EXUPERY, Antoine de, 1943 (1999) : Le Petit Prince, Editions GALLIMARD/Folio, 93p.

KENWORTHY, Jeffrey; LAUBE, Felix; RAAD, Tamim ; POBOON, Chamlong ; GUIA, Benedicto, 2000 : An international sourcebook of automobile dependence in cities, 1960-1990, BOULDER, USA, Editions UNIVERSITY PRESS OF COLORADO.

NEWMAN, Peter, et KENWORTHY, Jeffrey,1989 : Cities and Automobile Dependence. An international Sourcebook, Editions GOWER TECHNICAL, SIDNEY.

SOULAS, Claude, et PAPON, Francis, 2003 : Les conditions d’une mobilité alternative à l’automobile individuelle, in Réalités industrielles novembre 2003.

WIEL, Marc,1999 : La transition urbaine ou le passage de la ville pédestre à la ville motorisée, Editions Pierre Mardaga, 149 p.