L’Art et la Ville maritime – recueil de textes sur la littérature, l’Art contemporain, la philosophie politique, l’ethnologie, l’histoire de l’art, la sociologie

SAINT GERMAIN Louis

Montpellier, port de Mer

L’Art et la Ville maritime – recueil de textes sur la littérature, l’Art contemporain, la philosophie politique, l’ethnologie, l’histoire de l’art, la sociologie

 

La ville de Montpellier à depuis plusieurs années entamé dans sa forme d’urbanisme un développement tendant à la relier à la mer. Elle peut de par cette démarche être considéré comme une future “ville maritime“, notion faisant appel a l’étude de quatre critères que sont la ville, la mer, le littoral et l’horizon.

L’éminence symbolique maritime est ainsi amenée à faire partie intégrante de la ville par le truchement de procédés divers. La déclaration de Barcelone en 1995 a permis de définir une sorte de code méditerranéen des relations maritimes. Le bassin de la méditerranée est ainsi envisagé comme zone de dialogue, d’échange et de coopération, faisant “abstraction” des forces historiques pour mieux penser une nouvelle représentation urbaine, celle de ville comme Montpellier. Ces entités urbaine ne se réorientent pas seulement, elles se déplacent vers la mer amenant parfois à la refonte de leur fonctionnement interne. La limite maritime avec la ville crée ainsi un point de vue, un regard. La prolifération d’espaces et de formes urbaines s’affronte à ce paysage minimal et symbolique. Ce dernier peut être décomposé en trois points :

 

La mer, riche en significations et évocations ; c’est un lieu d’échange, un lieu commun faisant preuve d’une communauté d’histoires a travers des partages, des mélanges et des circulations diverses. Elle véhicule un corpus d’images variant avec l’époque, pouvant être aujourd’hui matériellement associé à de nouveaux enjeux écologiques, économiques,…(la mer est considéré comme un des challenges du futur en terme d’exploitation énergétique). Le littoral crée lui la liaison, l’interface entre deux espaces ; l’un terrestre, l’autre maritime. C’est un lieu en permanente stabilisation sans contours définis. Au delà se situe l’horizon, troisième élément qui est a la fois clôture et ouverture. Son interprétation dépend selon le contexte historique et politique. Il peut être considéré que aujourd’hui nous vivons dans un monde où l’horizon est devenu vertical avec la permanente recherche de hauteur (planètes, constructions,).

Il s’agit pour la création d’une ville maritime de participer à l’invention d’images interprétant différent rapports ville/mer. Un des procédés est l’emploie de l’art comme modeleur d’espace commun. Les œuvres d’art issues de commandes publiques sont des éléments essentiels pour accompagner les mutations urbaines. Elles balisent des parcours, commémorent, interprètes, tentent de représenter ce qui est en cours… « La lecture de la ville, de l’organisation de ses parties, du rapport entre ville et mer, entre l’habitat et l’horizon, le rivage, le littoral et l’ailleurs, passera par ces œuvres parce quelles créent du sens, en ajoutant des images à d’autre images, des histoires à d’autres histoires.

Dans le cadre de l’utopie urbaine relative à “Montpellier port de mer“, il est nécessaire de prendre en compte la mission Racine de 1963, mission ministérielle pour l ‘aménagement touristique du littoral qui a influé sur l’orientation urbanistique de Montpellier. Plusieurs procédés sont pour cela mis en place. D’une part il fut nécessaire dans le cadre d’une réorganisation de la ville de redéfinir sa centralité urbaine et politique. Ce travail passera par l’intermédiaire de rites, emblèmes, signes et symboles qui légitimeront Antigone et Port Marianne en tant que nouveau centre de gravité du pouvoir. De plus les multiples commandes publiques permettront de diffuser par l’intermédiaire de différente œuvres d’art la notion de “maritimité” en ville. Des aménagements tel que le rond point Ernst Granier ainsi que d’autres permettent de rendre lisible au public les choix d’aménagements urbains. En complément est véhiculé l’image de Montpellier étant naquis de la mer et y retournant irrésistiblement. Le travail de justification des actes urbains va même jusque à la création d’un nouveau design pour les emblèmes et logos de la ville.

Mais l’image de maritimité produite par le pouvoir local s’établi essentiellement à partir d’une approche ludique et estivale de la mer, à travers ses fonctions de loisir et non a travers les champs du travail et de l’échange. Les œuvres et procédés semblent dans tous les domaines s’arrêter au niveau du sens premier de compréhension qui malheureusement est le plus souvent d’une trop grande légèreté. Ainsi Port Marianne est défini comme un quartier a l’architecture méditerranéenne faite de jeux d’ombres et de lumières, ce qui relève de l’ordre du stéréotype (ceci ne laisse pas place a une recherche “réfléchie” sur l’agencement des espaces). De même pour le tramway qui est sensé évoquer par le bleu la mer et par les hirondelles la migration. Quand à l’histoire, elle incorpore une pensée mythique, qui tord le fait historique pour le mettre au service du projet.

Cette mer, réduite à n’être qu’une bande de littoral consacré aux pratiques ludiques, manque alors singulièrement de profondeur symbolique. Le rayonnement de son développement urbain ne peut se limiter aux stéréotypes de loisir estival, celui de la mer “claire et bleu“. Ceci traduit dans le projet d’extension de la ville une incapacité à donner un véritable contenu à la maritimité de Montpellier.

 

MALGOR, Didier , 2005 : L’art et la ville maritime, Montpellier, Éditions ACTULAB, LABORATOIRE DE RECHERCHE DE L’ESBAMA, École supérieure d’Art de Montpellier Agglomération.

RACINE, Pierre, 1980 : Mission impossible ? L’aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon, Éditions Midi-Libre, collection Témoignages, Montpellier293 p.