BARANI, Marc, 2002 : Au-delà du visuel, in Techniques et architecture 461, p22.

OUGIER Camille

BARANI, Marc, 2002 : Au-delà du visuel, in Techniques et architecture 461, p22.

MARC BARANI, architecte et urbaniste français, nous explique dans cet article intitulé au-delà du visuel comment l’architecture peut aujourd’hui dépasser le visuel ?

Aujourd’hui, l’architecture et l’art sont étroitement liés, il s’agit d’un véritable échange permanent qui peut se développer de différentes manières.

Tout d’abord, nous pouvons observer chez DIDIER FAUSTINO qu’une seule et unique personne s’occupe des arts visuels (vidéos, scénographies, sculptures, arts, …) ainsi que de l’architecture. Les rapports du corps à l’espace sont très présents dans ces travaux. Tout ces projets d’architecture sont donc nourrit par diverses disciplines qui conservent toutes les spécificités.

Ensuite, il convient d’analyser le travail en tandem entre architectes et artistes : il s’agit ici d’élaborer des projets en commun, de combiner les méthodes de conception des uns et des autres, …

Grâce à ces réflexions communes, nous obtenons des travaux tels que melatonin room de DECOSTERD ET RAHM, où le spectateur est plongé dans un univers de rayons lumineux qui vont le bouleverser de manière hormonal et biologique et ainsi créer en lui de nouvelles sensations, notamment spatiales.

Des collectifs composés d’artistes et d’architectes comme par exemple : STALKER, propose une approche plus directe, plus sensorielle du lieu. En effet, afin de pouvoir connaître et reconnaître ces lieux urbains, il convient, pour ce collectif, d’appréhender directement, physiquement ces espaces. Ainsi, grâce à un travail de photographies, de vidéos et autres,il est possible d’analyser de manière politique et sociales ces espaces urbains.

De plus, des artistes comme SIAH ARMAJANI, ont une capacité à s’inscrire dans l’espace public avec leurs travaux et d’en modifier ainsi l’usage habituel (des sculptures en ce qui concerne S. ARMAJANI) tout en remettant en cause le statut de l’oeuvre d’art ainsi que leur rôle social. Par exemple, SIAH ARMAJANI a conçut un pont à STRASBOURG où la technique et l’esthétisme ont conduit à une passerelle : acte politique et social.

D’autre part, l’artiste REHBERGER a conçut des pièces destinées à des bureaux d’une société, installées donc dans un espace habité. Cependant, ces pièces sont conduites dans un musée : espace de représentation, la sensation corps/objet est donc totalement différente.

L’architecture est «une capacité à s’inscrire dans les flux d’information à extraire, à hiérarchiser et à remettre en ordre les données utiles pour projeter». Il s’agit d’un travail collectif de la conception à la réalisation : architecturer les savoirs face à la complexité d’un monde en perpétuel changement. Aujourd’hui, il n’est plus concevable de penser une discipline à partir d’elle même mais en relation avec celles qui lui sont proches.

De plus, il convient de trouver comment l’architecture doit «dépasser le visuel pour trouver dans les disciplines artistiques un écho plus profond, plus proche de sa nature même».

Parmi toutes ces disciplines, la vidéo est en résonance avec l’architecture : travail du temps, de l’espace et du corps. La vidéo permet de créer des sentiments différents de l’espace. En effet, ces espaces apparaissent comme fictions, l’homme conçoit son propre espace mental grâce à une réalité matérielle et un ressentit de l’image et du son.

YANN BEAUVAIS a expérimenté cette notion de bouleverser la perception de l’espace grâce à un jeu d’images séquencées et de sons hors champ. Ainsi le spectateur construit son image mentale de la ville par rapport à ce qu’il ressent, à ce que la vidéo lui évoque.

L’imaginaire permet donc de mesurer l’espace au temps.

Il est possible de mesurer l’espace au temps grâce à son corps. Patrick Hebrard met son corps à l’épreuve de ses hypothèses et filme. C’est avec un brouillage de notions basiques (haut/bas, verticalité/horizontalité, …) que le spectateur prend conscience de sa position physique dans l’espace.

La vidéo est ainsi un moyen de penser dans le temps et l’espace et un moyen pour l’homme «de se réapproprier l’expérience de sa vie : la connaissance de soi dans celle des autres et celle du monde».

Ainsi, l’architecture dépasse le visuel grâce aux différentes disciplines artistiques (vidéo, sculpture, …) et leurs spécificités. En effet, cette pluridisciplinarité bouleverse les sensations de l’homme : de grands questionnements sur les notions d’espace et de temps (toujours en rapport avec le corps). Il s’agit donc d’appréhender l’espace avec son corps dans un temps donné, entre réalité matérielle et esprit mental : l’imaginaire.

BARANI, Marc, 2002 : Au-delà du visuel, in Techniques et architecture 461, p22.

http://www.mesarchitecture.com/

FAUSTINO, Didier Fiuza, 2003 : One Square Meter House (la maison d’un mètre carré), Porte d’Ivry, PARIS, FRANCE.

FAUSTINO, Didier Fiuza, 2009 : Dr Jeckill & Mr Hyde, Ecluse n°75, SAINT-SYMPHORIEN-SUR-SAÔNE, FRANCE.

DECOSTERD, Jean-Gilles; RAHM, Philippe, 2000 : Melatonin Room.

http://www.stalkerlab.it/

StalkerLAB, 1995 : Il giro di ROMA, ROME, ITALIE.

ARMAJANI, Siah, 2003 : Passerelle George SIMMEL, STRASBOURG, FRANCE.

REHBERGER, Tobias, 2009 : Cafétéria de la Biennale de VENISE, VENISE, ITALIE.

BEAUVAIS, Yann, 1999 : Un art en mouvement, in VACARME, n°8 printemps 1999.

BEAUVAIS, Yann, 2004 : la chambre de Rimbaud, in La Maison d’Arthur Rimbaud – Maison des Ailleurs, exposition permanente, CHARLEVILLE-MEZIERES, FRANCE.

BEAUVAIS, Yann; KONER, Thomas, 2001 : Tu Sempre, exposition, in Festival Mettre en Scène, LA CRIÉE CENTRE D’ART CONTEMPORAIN, RENNES, FRANCE.