MITCHELL, William, 1996 : Recombinant architecture, Galleries / Virtual Museum, in Space, place, and the infobahn . City of bits , Éditions MIT PRESS, p47.

SEVRE Julie

MITCHELL, William, 1996 : Recombinant architecture, Galleries / Virtual Museum, in Space, place, and the infobahn . City of bits , Éditions MIT PRESS, p47.

Les galeries d’art et les musées proposent des expositions dont la visite est pensée et construite avec attention. Les visiteurs suivent le sens prédéfini de la découverte, en marchant de salle en salle, d’œuvre et œuvre. Traditionnellement, un bon musée présentant une visite structurée est le fruit de l’agencement de murs et de meubles d’exposition avec une lumière naturelle appropriée, créant un système de circulation qui conduit les visiteurs efficacement tout au long de la collection.

Au XIX° siècle, le néoclassicisme a vu naître des musées dont l’architecture s’organise symétriquement en de grands espaces rectangulaires autour de hall centraux à ciel ouvert. Les musées prennent une disposition allongée et sont divisés en pièces successives par des cloisons et sont complétés latéralement par des cabinets annexes. Les visiteurs entrent, s’orientent eux-mêmes et retournent au point de départ comme par exemple :

La Glyptothèque (Glyptothek) de Munich (1816-1830) de LEO VON KLENZE : les galeries se situent sur les côtés d’une cour carrée, ce qui permet d’assurer un circuit qui ramène le public à la sortie.

L’Ancienne Pinacothèque (Alte Pinakothek) de Munich (1826-1836) de LEO VON KLENZE : les galeries se croisent et se connectent de manière à ce que les visiteurs puissent partir du périmètre de l’anneau de circulation à leur convenance.

Le GUGGENHEIM DE NEW YORK par FRANK LLOYD WRIGHT (1959) offre un nouvelle alternative dans l’architecture muséale : une galerie simple et continue est tordue en hélice enroulée autour d’un atrium à ciel ouvert ; le visiteur accède d’abord au sommet et descend ensuite par un sol incliné, la notion de salle d’exposition disparaît ainsi au profit d’une continuité de présentation.

Les différentes formes d’agencement spatial organisent les expositions en des séquences qui ont du sens. Ces séquences peuvent suivre un ordre chronologique (comme à la Glyptothèque où le visiteur commence par l’EGYPTE, puis il passe par la GRÈCE et ROME et finit par les modernes) ou suivant les « écoles » (à la Pinacothèque, les salles sont organisées de l’école flamande à l’école italienne en passant par les écoles allemandes, françaises et espagnoles), ou encore suivant une progression en terme de qualité comme c’est le cas au Vieux Musée de SCHINKEL à BERLIN (1823-1828) qui aboutit, en fin de visite, à la « perfection » de la Haute Renaissance. Les musées d’histoire naturelle agencent, quant à eux, leurs expositions suivant les principes scientifiques par origine géographique ou ordre évolutif. Les anciens musées étaient pensés pour présenter des collections fixes mais de nos jours, une galerie doit proposer des espaces flexibles pour installer des expositions temporaires.

Les nouvelles technologies ont permis la création de musées virtuels où les images digitales de peintures, les vidéos d’organismes vivants, ou les simulations 3D de sculpture et de travaux d’architecture prennent la place d’objets physiques.

L’ordre temporaire de la visite joue alors le rôle d’ordre spatial le long d’une circulation. Une collection énorme peut être vue salle par salle, sur un ordinateur ou dans une petite salle de projection vidéo ; les espaces des galeries qui s’étalent ne sont plus nécessaires.

Tout est stocké sur des serveurs, les visiteurs ne sont plus à maîtriser et il n’y a plus de notion de capacité à gérer car chacun peut visiter à sa guise et sans problème de foule. L’agencement et l’ordre des présentations reste un problème, mais, étant gérés par un logiciel, ils deviennent flexibles et révocables.

De plus, ce mode de visite permet une meilleure densité d’informations car chaque œuvre peut être liée à une autre par des liens et ainsi, le visiteur se crée un parcours particulier se basant sur ses intérêts personnels. Les musées réels deviennent alors plutôt des lieux de retour aux sources. Au LONDON NATIONAL GALLERY, une salle à l’entrée du musée propose des ordinateurs où la collection entière est présentée sous forme virtuelle et le visiteur peut sélectionner les œuvres qui l’intéressent et imprimer un plan correspondant à son parcours personnalisé dans le musée réel : une superposition de l’espace virtuel sur l’espace réel change l’utilisation de ce dernier.

La disposition des espaces, les uns par rapport aux autres, est un élément primordial du bon fonctionnement d’un ensemble. Cette disposition oriente, crée une dynamique, permet un cheminement dirigé ou au contraire laissé au libre choix de l’utilisateur. Dans notre projet d’école d’architecture lié à des institutions architecturales et entrelacé d’espaces d’expositions, les circulations doivent certainement être pensées de manière à retranscrire l’esprit général du projet et guider les étudiants, le public et les professionnels dans les différents espaces et produire dans un but réfléchi.

MITCHELL, William, 1996 : Recombinant architecture, Galleries / Virtual Museum, in Space, place, and the infobahn . City of bits , Éditions MIT PRESS, p47.

KLENZE, Léo von, 1816-1830 : Glyptothèque de MUNICH, MUNICH, ALLEMAGNE.

KLENZE, Léo von, 1826-1836 : Ancienne Pinacothèque de MUNICH, MUNICH, ALLEMAGNE.

WRIGHT, Frank Lloyd, 1959 : Musée GUGGENHEIM de NEW YORK, NEW YORK, USA.

SCHINKEL, Karl Friedrich, 1824 : Altes Museum de BERLIN, BERLIN, ALLEMAGNE.