VIGARELLO, Georges; SAILLARD, Olivier; GROYS, Boris; ARASSE, Daniel, 2009 : Qu’est-ce que la beauté?, in Beaux Arts magazine 300, MAI 2009.
FONT Marine VIGARELLO, Georges; SAILLARD, Olivier; GROYS, Boris; ARASSE, Daniel, 2009 : Qu’est-ce que la beauté?, in Beaux Arts magazine 300, MAI 2009.
Outre de nombreuses information diverses sur l’art on trouve dans ce numéro des Beaux Arts de grands sujets, l’un sur la notion de « beauté », le deuxième sur les musées.
La beauté n’a eu cesse de changer de visage au cours de l’histoire. Cet article nous présente une enquête sur la beauté aujourd’hui. La beauté est toujours une notion suspecte. Est-ce que l’ambition qui anime tout artiste est la beauté ? Il faudrait d’abord pouvoir s’accorder sur ce qu’on entend par « beau » car c’est une notion absolu, incapable de ravir le sens et l’âme de chacun. La production artistique cherche tantôt à satisfaire le gout dominant, tantôt il vient le modifier en montrant de nouvelles beautés.
Tout d’abord, on peut définir rapidement l’histoire de la beauté à travers sept ruptures majeures.
RAPHAËL, à la Renaissance amène une nouvelle vision de la beauté, plus une beauté du divin ou ce qui s’y rapporte mais une beauté de la nature, le monde est beau pour celui qui sait le regarder.
CARAVAGE, début XVII, cesse de croire qu’il faut avoir de beaux modèles pour produire un bel art. Il le montre à travers par exemple du Martyr de Saint Mathieu, tableau qui s’inspire de personnages issus des masses populaires de ROME.
CHARDIN nous amène à découvrir la beauté d’un rien. Son tableau La Raie représente la chair meurtrie d’une raie, rien de noble dans ce tableau. Il nous révèle la beauté la ou on ne l’attendait pas par composition de tableau, une harmonie de rapports, des reflets et des ombres qui ravissent l’œil.
INGRES amène la bizarrerie dans le beau. La grande odalisque est un tableau moderne car la beauté s’y développe comme un jeu de formes et de lignes et non comme un hommage à de belles formes.
COURBET troque la beauté pour la vérité. La beauté réside dans l’expression et le rendu de la vérité. Les baigneuses, dans ce tableau la beauté vient de sujets tirés de la réalité sociale et non de l’imaginaire.
PICASSO apporte une vision de la beauté à l’état sauvage. Les Demoiselles d’Avignon, ce tableau évoque une certaine violence sur le nu féminin, les corps sont brisés, écrasés par la force vitale.
Pour finir, BACON amène la beauté du diable. Des organismes sans cohérence corporelle, proche de bouts de viandes, et pourtant doués d’une vie expressive. Il exploite la beauté de la souffrance et du mal être, une beauté interdite.
Ensuite, un sondage est mené afin de connaitre la vision des français sur la beauté. Pour la majorité, la beauté réside d’abord dans la nature, et de loin, avant d’être dans la culture. La notion de beauté se confond avec celle du bonheur et de la plénitude. Chacun a cependant sa vision de la beauté. Cela se ressent à travers la perception de beauté d’une œuvre d’art, elle dépend de l’émotion et du plaisir qu’elle procure, cependant le regardeur fait l’œuvre, elle dépend donc de nos expériences et de notre culture. Souvent, on trouve beau ce que l’on a vu dans les livres d’histoire, à la télévision, les stéréotypes des œuvres d’art, cependant ce n’est pas pour cela qu’on aime. Une distinction et a faire sur ce point, lorsque l’on juge une œuvre, peut-on la trouver belle alors qu’on ne l’aime pas ?
Pour finir un sujet est traité, « Pourquoi le beau dérange-t-il les architectes ? » Pour un architecte, un bâtiment réussi est un bâtiment juste, malgré tout, la question de la beauté a toujours été au cœur de l’art de bâtir. Pour le grand public les belles architectures sont rares, les mochetés abondent, tout est question de gout. Les architectes veulent éviter la question de beau, le bâtiment doit être juste, mais l’architecture n’a jamais échappée aux jugements de valeur, aux codes, aux ordres, aux justes perspectives, aux questions d’échelle et de proportions. Mais aujourd’hui les architectes modifient leur approche de la beauté. L’architecture étant une œuvre, on ne peut pas la juger de belle ou non. Mais peut être qu’une belle architecture est avant tout une architecture sensuelle qui est aimable au corps.
VIGARELLO, Georges; SAILLARD, Olivier; GROYS, Boris; ARASSE, Daniel, 2009 : Qu’est-ce que la beauté?, in Beaux Arts magazine 300, MAI 2009. CARAVAGE, Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit, 1599 : Martyr de Saint Mathieu, Huile sur toile, 323 x 343 cm, CHAPELLE CONTARELLI, SAN LUIGI DEI FRANCESI, ROME. CHARDIN, Jean Siméon, 1728 : La raie de Chardin, Musée du LOUVRE, PARIS, FRANCE. INGRES, Jean-Auguste-Dominique, 1814 : La grande odalisque, Musée du LOUVRE, PARIS, FRANCE. COURBET, Gustave, 1853 : Les Baigneuses, huile sur toile, 227×193 cm, MONTPELLIER, Musée FABRE. PICASSO, Pablo Ruiz, 1907 : Les Demoiselles d’Avignon, huile sur toile , 244 x 234 cm, Museum of Modern Art, NEW YORK. BACON, Francis, 1954 : Figure with Meat, huile sur toile, THE ART INSTITUTE OF CHICAGO. |