MATTHU, Roland, 2001 : Œuvre et lieu, in Architecture et musée, COLLECTIF , Éditions LA RENAISSANCE DU LIVRE, p209.

FOCK AH CHUEN Emilie

MATTHU, Roland, 2001 : Œuvre et lieu, in Architecture et musée, Collectif , Éditions LA RENAISSANCE DU LIVRE, p209.

Roland MATTHU, architecte, propose de réfléchir à la question de l’architecture muséale de qualité. Avec l’évolution des différents médias et de la muséographie, comment satisfaire l’exigence du public ?

Cependant, avant de se poser la question du « comment », il serait judicieux de se questionner tout d’abord sur le rôle, l’importance, et la signification d’un musée. Pour cela, MATTHU explique que le musée est un lieu pour des œuvres. Dans le sens où il y a un aller retour permanent entre l’œuvre et le lieu. En effet, il insiste sur le fait que le musée n’est pas là pour représenter l’œuvre, mais bien pour la présenter et la servir au mieux ; en permettant une conversation sensorielle entre le public et l’œuvre. Le musée est donc l’endroit qui nous permet de nous confronter de manière directe et concrète avec la matérialité de l’œuvre. C’est donc uniquement au travers de cet échange sensible et physique que peut naître une compréhension et une appréciation de l’œuvre.

Le musée est le lieu dédié aux œuvres. C’est là qu’elles se vivent, qu’elles existent et même qu’elles prennent sens. Ainsi par exemple les ready made de DUCHAMP n’ont de sens qu’exposés dans un musée. C’est le changement de contexte qui change le statut de l’objet et permet de transformer un objet du banal en œuvre d’art. Le musée doit donc offrir à l’œuvre l’espace nécessaire et suffisant pour s’exprimer et exister. Si ce lieu n’a pas les caractéristiques nécessaires, le caractère ou l’atmosphère adéquate, il n’y a pas d’échange entre l’œuvre et le lieu. Celle-ci devient alors muette et incapable de communiquer avec le public.

Plus particulièrement dans les travaux de sculpture ou d’installations, on trouvera cet échange particulier entre l’œuvre et l’espace. Ainsi certaines œuvres sont conçues pour un espace particulier et un échange avec lui. L’œuvre déplacée de son espace perd tout son sens. On ne sculpte plus la matière, c’est la matière qui sculpte l’espace. Beaucoup d’œuvres de DAN FLAVIN ont besoin d’un espace particulier pour s’exprimer et plus particulièrement d’un espace solide avec de murs. Un autre exemple est l’installation de SERRA, La matière du temps conçue spécifiquement pour la plus grande salle du GUGGENHEIM DE BILBAO.

Pour mettre en lumière les qualités requises pour un espace muséal, l’auteur oppose deux musées : le musée de CASTELVECCHIO de CARLO SCARPA et celui du centre POMPIDOU de PIANO et ROGERS. Ces deux musées ont des manières de présenter les œuvres complètement opposées. Ainsi au CASTELVECCHIO, il y a une personnalisation de la présentation où chaque œuvre bénéficie d’un lieu et d’une ambiance particulière. Ce système est particulièrement bien adapté pour les collections permanentes. A contrario, au centre POMPIDOU, on a un grand plan libre avec des plans indépendants et modulables qui constituent alors le lieu et l’espace. Ce système convient plutôt aux grandes expositions temporaires ou aux formes d’art récent alors qu’il desservirait un tableau ou une sculpture.

Dans tous les cas, on voit bien que la qualité et la matérialité du lieu doit être fonction de l’œuvre. C’est cet aller retour permanent entre architecture et œuvre qui permet son expression la plus sincère. Le musée devenant de plus en plus un symbole fort de la ville et de sa culture, il est, plus que jamais, le symbole d’un échange entre architecture, art et public.

MATTHU, Roland, 2001 : Œuvre et lieu, in Architecture et musée, Collectif , Éditions LA RENAISSANCE DU LIVRE, p209.

DUCHAMP, Marcel; BRETON, André, 1942 : First Papers of Surrealism , New York.

FLAVIN, Dan, 1971 : Untitled (To Donna 5a).

FLAVIN, Dan, 1975 : Untitled (Monument for Vladimir Tatline).

FLAVIN, Dan, 1973 : untitled (to you, Heiner, with admiration and affection).

SERRA, Richard, 1993-2000: La matière du temps, exposition permanente MUSÉE GUGGENHEIM DE BILBAO.

SCARPA, Carlo, 1956 : Museo civico di Castelvecchio, VÉRONE.