Freedomland,ANTFARM, 1973.

GRIGONE Lasma

Freedomland,ANTFARM, 1973.

«Une architecture Pop? » pose la question de sa définition à partir des expériences radicales menées au début des années soixante par les anglais et un cercle d’autrichiens partagés entre Vienne et New York. La confrontation de ces deux approches culturellement très différentes oppose les protagonistes de la scène anglaise, fascinés par la production de masse, la technologie et les sciences fictions (les débuts d’Archigram et le Fun Palace de Cedric Price) aux viennois (Hans Hollein, auteur des célèbres Transformations, Walter Pichler, Raimund Abraham). Claes Oldenburg, proche d’Hollein depuis 1958, est présent avec quelques-uns des «giant monuments». Tous sont concernés par les procédures pop de l’appropriation, qu’ils utilisent sur des modes et avec des perspectives totalement différents, allant du détournement ludique d’une technologie omniprésente aux transpositions poétiques / politiques des «objets ».

Une seconde séquence traite d’une question typique des «swinging sixties»: la Maison du Futur. Face à l’exemple fondateur des Smithson en 1956 qui la conçoivent en plastique selon les normes et le style de la production automobile américaine, sont déclinées différentes variations de l’habitat futur- mobile, autarcique, capsule, gonflable… avec les projets de Ionel Schein, François Dallegret et Banham, de la “Monsanto House“, Matti Suuronen, Arthur Quarmby, David Greene, Angela Hareiter, Johanne Nalbach et Gernot Nalbach… En contrepoint sont présentés deux exemples de mégastructures d’Arata Isosaki et de Walter Jonas.

Une troisième séquence, intitulée clichés made in USA, présente la vision pragmatique américaine. Des projections sur grand écran présentent d’une part la démarche centrale de Robert Venturi et ses projets des années soixante, notamment la Guild House de Philadelphie, d’autre part sa découverte et sa lecture de Las Vegas, au travers de ses photos prises entre 1965 et 68 et publiées dans cette bible que fut Learning from Las Vegas.

Simultanément sont projetées des images relatant la fondation du premier Disneyland à Anaheim en Californie, un autre laboratoire de l’«archi-entertainment», expérimenté dans ces villes du divertissement.

ANT FARM

En 1968, Doug Michels et Chip Lord fondent Ant Farm, groupe radical d’architectes établis entre San Francisco et Houston, sur la côte ouest des Etats-Unis. Ils furent ensuite rejoints par Curtis Schreier ainsi que par d’autres membres (Hudson Marquez, Douglas Hurr). Influencé par Buckminster Fuller, Paolo Soleri, Archigram, les modes de vie nomades, les performances chorégraphiques d’Anna Halprin et Lawrence Halprin, Ant Farm s’affirme comme un groupe d’architectes « underground », à l’instar des fourmis d’où ils tirent le nom de leur groupe. Fascinés par les voitures, la culture pop, ils réaliseront vidéos, performances, installations, déployant une activité conceptuelle jusqu’en 1978, où l’incendie de leur atelier marque la fin du groupe.

Freedomland


Un an après le succès de la House of the Century, le promoteur immobilier Kenneth SCHNITZER commande à Ant Farm un centre commercial destiné aux adolescents de Houston. Le collectif propose Freedomlandpays de la liberté »), lieu à usage multiple posé comme un « paysage lunaire » courbe et irrégulier, sous toit gonflable. Après l’entrée monumentale dotée d’un pavillon dédié à l’enfance, Freedomland comprend quatre zones circulaires, un centre de loisirs et de détente avec cinémas, restaurants et club, une aire commerciale avec des magasins, un petit studio de télévision, et un espace dévolu aux arts (musique, théâtre, art et média). Le « plus grand serpent du monde », structure gonflable créée en 1970 par Ant Farm, relie les trois derniers espaces. Il existe une réelle parenté entre ce projet et ceux de l’architecture radicale italienne, notamment le Luna Park II d’Andrea Branzi de 1966 qui proposait l’hybridation d’un centre commercial avec un parc d’attraction. Moins critique cependant, Freedomland se veut plus constructif. L’idéal de vie défendu par les Américains est celui d’une éducation globale de soi, dans une société de consommation et de loisirs. Le projet ne fut malheureusement pas retenu par le client, et donc jamais réalisé.

Mes pensées

J’aime bien l’organisation Ant Farn et leur philosophie des series d’interventions artistiques, inovations, les maisons du future et la Dolphin Embassy. J’admire leur créativité et la bravoure. Parler du centre commerciale pour les adolescents est vraiment futuriste. Hybride avec les formes et créant un sentiment un peu de vaisseau spatial. On a également l’impression de faire partie de l’espace, comme si nous étions sur la Lune et non sur Terre. Le projet n’a pas pu se réaliser,mais de nos jours on peut voir des centre commerciaux similaires, avec des attractions pour le jeune public, peut être que ce projet a été un des premier avec un design si original, mais je crois que ce travail correspond bien pour le public américain – une société de consommation et de loisirs. Et ils ont vraiment compris leur société et ont fait un projet un peu exagéré, mais avec un concept très fort.

References :

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www.antfarm.com

www.frac-centre.fr/public/publicat/livrets/ant_farm.pdf

http://www.frac-centre.fr/public/collecti/artistes/antfarm/noti01fr.htm

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