PICON, Antoine, 2000 : Les utopies urbaines ,entre crise et renouveau, in LA REVUE DES DEUX MONDES, avril 2000, pp. 110-117.

FONTANA Laure

PICON, Antoine, 2000 : Les utopies urbaines ,entre crise et renouveau, in La Revue des deux mondes, avril 2000, pp. 110-117.

http://www.enpc.fr/enseignements/Picon/Villeutopie.html

Depuis toujours le monde, et en particulier les architectes et les urbanismes, a dans la tête une ville idéale, belle et rationnelle. Vaste utopie qui habite les hommes depuis la Renaissance comme en témoignent les récits de Thomas More ou plus récent ceux de Françoise Choay. La ville idéale est souvent la description mythifiée de l’organisation économique, politique et sociale d’une communauté humaine qui passerait aussi par l’architecture.

S’accorder à planifier la ville pour y créer une harmonie est devenue la base d’une pensée urbaine qui s’apparente donc à une utopie. Comme si notre société était incapable d’agir sur le ville, pourtant le lieu le plus porteur de dimension sociale et culturelle. Cependant cette quête de l’utopie ne semble plus être un enjeu prioritaire aujourd’hui. Nous sommes rentré dans une ère où le réalisme devance l’utopie. Notre paysage est devenu celui « de la consommation de masse », un paysage ou les centres commerciaux régissent le fonctionnement des villes, reliant pôles attractifs et quartiers résidentiels sous une pluie d’enseignes publicitaire.

La ville s’étend, elle n’est plus confinée dans un cadre strict où la mise en place d’idéaux est possible. « Le degré de développement économique des territoires dont elle se compose, ou encore les temps de transport entre ces territoires » font que l’image de la ville se transforme. Elle n’est plus reconnaissable de part sa forme urbaine mais par les manifestations ou événements qu’elle abrite (coupe du monde, catastrophes naturelles … ) Le caractère « événementiel » de cette « ville illimité » reflète l’ère de consommation dans laquelle nous sommes rentrés au détriment de celle de l’utopie. Le caractère parfait et idéal des villes utopiques empêchaient ce genre de débordements.

Mais alors qu’en est-il de l’utopie dans nos sociétés actuelles? Les nouvelles technologies ne peuvent-elles pas être porteuses de cette utopie qu’on croyait perdue ? Ne témoignent-elles pas du désir de « redonner un sens à la vie individuelle et collective, du rêve de transparence et de communication universelle ». Cependant cette utopie demeure plus conventionnelle et terre-à-terre car elle est liée à des actions quotidiennes devenues presque banales : aller sur facebook, consulter ses mails, surfer sur le net,. Cette nouvelle utopie urbaine qu’est internet est en adéquation avec la mondialisation qui assaille la planète, elle tend à rapprocher toujours plus acheteurs et vendeurs. On est donc loin de la ville utopique en tant que « contrée imaginaire » simplement parce que l’utopie regroupe un large cercle de propositions.

À croire que ces nouvelles utopies technologiques vont encore évoluer pour s’adapter toujours plus à « ces villes informes, sans structure spatiale claire ». Destinées à se développer en fonction d’un « réseau d’échanges économiques et culturels » de plus en plus vaste, les villes ont besoin de cette technologie devenue plus que nécessaire dans ce monde basé sur « l’accès a l’information ». Ce n’est qu’une nouvelle facette d’une utopie urbaine qui mute en fonction de l’évolution des villes et de ses habitants.

Alors que les anciennes utopies de villes idéales s’adressaient aux citoyens des Lumières par exemple, cette nouvelle utopie ne s’adresserait elle pas à des cyborgs, « ce mixte de chair et de machine », qu’est peut-être voué à devenir l’homme ?

PICON, Antoine, 2000 : Les utopies urbaines ,entre crise et renouveau, in LA REVUE DES DEUX MONDES, avril 2000, pp. 110-117.

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http://www.enpc.fr/enseignements/Picon/Villeutopie.html

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