CAFE GEOGRAPHIQUE, 2004 : Le voyage en Utopie : nécessité pour concevoir la ville de demain ?, Café – Géographique à AIX EN PROVENCE. Réunion du 11 mars 2004.

FONT Marine

CAFE GEOGRAPHIQUE, 2004 : Le voyage en Utopie : nécessité pour concevoir la ville de demain ?, Café – Géographique à AIX EN PROVENCE. Réunion du 11 mars 2004.

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Utopia, de THOMAS MORE (1516) est considéré comme l’origine du terme « utopie » ainsi que du genre littéraire utopique. Dans cet ouvrage il relate un récit de voyage au cours duquel l’île d’Utopia est découverte par un navigateur. Cette île est maillée par un réseau de villes construites sur le même modèle urbain avec les mêmes édifices et le même système politique. Les habitants y mènent une vie qui repose sur l’idée d’une société égalitaire, fondée sur l’humanisme catholique mais ou subsiste tout de même une certaine rigidité et austérité. Cela reste une critique radicale de la société qui ne se veut en aucun cas comme un programme d’action.

THOMAS MORE est considéré comme « l’inventeur » du terme « utopie» cependant la quête de la cité idéale remonte à l’antiquité, de nombreux exemples pouvant être cités, comme lors de la construction de la ville de MILLET en 494 av. JC, par HIPPODAMOS , ou dans “République“, ou PLATON présente l’île des Atlantes.

Durant le XVIIème siècle, une trentaine de textes utopiques ont été rédigés, souvent inspirés par THOMAS MORE. L’idée d’une cité utopique revient en permanence, cependant elle peut être très différente d’une personne à l’autre et d’une époque à l’autre.

Au XVIIIème siècle, l’idée de progrès entre en utopie et suite à de nouvelles approches, l’utopie tend à devenir une promesse, elle est considérée comme réalisable. On passe d’une utopie onirique et imaginaire à une uchronie, un imaginaire destiné à se concrétiser à plus ou moins long terme.

CLAUDE NICOLAS LEDOUX amène avec les SALINES ROYALES D’ARC ET SENANS un exemple concret ou l’utopie devient réalité. C’est une architecture symbolique et visionnaire. Le phalanstère de FOURIER également, il n’arrivera d’ailleurs jamais à mettre en œuvre ce qu’il souhaitait réellement.

Au XXème siècle, de nombreuses réflexions sur des cités utopiques ont vues le jour également. La cité jardin, de Ebenezer Howard qui cherche à apporter une réponse au problème de l’habitat à l’ère industrielle, ou les villes industrielles, de Tony Garnier. Ces réflexions n’amènent pas forcément de réelles solutions car elles sont imaginaires et ne pourraient se concrétiser. Cependant, elles permettent d’amener de nouvelles visions de la ville et de nouvelles réflexions qui pourront être utilisées et inspirer les villes futures.

Après la seconde guerre mondiale en France, les villes ont été sous la pression de la reconstruction. La vision utopique de Le Corbusier sur les villes contemporaines a alors été appliquée d’une manière simplificatrice en un urbanisme fonctionnel prônant la séparation spatiale des fonctions. Cette appropriation de la vision utopique a amenée à la construction des grands ensembles que l’on connaît, et qui maintenant, ne fonctionnent plus dans notre société actuelle. Les champs traditionnels de l’utopie urbaine évoluent, aujourd’hui, les champs d’expression de l’utopie sont ceux de la ville numérique, architecturée par les réseaux d’information, de télécommunication, de mondialisation.

Chacun possède sa vision de ville idéale mais chaque époque amène son lot de nouveautés, de questionnements et de problèmes.

Depuis quelques années, une logique de grappes de villes s’est mise en place, ce sont les métropoles qui entraînent le développement régional et national, on vit aujourd’hui à une autre échelle.

Un des grands questionnements de notre époque est l’effet de serre. Le modèle actuel explose, nous sommes en train de tuer la planète, il faut trouver une solution. L’organisation de la ville de manière différente est une voie de recherche qui va forcément introduire des ruptures dans nos modes de vie. Un point important entre en compte également, le temps. Les villes du futur doivent être structurées au niveau de l’espace et du temps car l’éloignement physique n’est plus le seul à prendre en compte, vu le développement des transports de plus en plus rapides ainsi que la facilité de communication.

Le terme même de « utopie » a évolué, de l’idée de système idéal, le mot est passé au sens de « vue politique ou sociale qui ne tient pas compte de la réalité », ou à l’emploi courant en terme de conception irréalisable, rêve.

Pour Paul Ricoeur, « la fonction positive de l’utopie est d’explorer le possible ». L’utopie est une nécessité, une société sans utopie est une société sans dessein, elle a besoin d’être tournée vers l’ailleurs pour évoluer. Mais l’utopie est dangereuse si on cherche à la réaliser à n’importe quel prix. Son rôle est avant tout symbolique.

Actuellement, on manque d’utopie globale, le développement durable peut il fonctionner comme une utopie globale ? L’effet de serres peut il être considéré comme une utopie apocalyptique ?

Le « rêve démocratique » qui dit que chaque personne doit pouvoir participer à la construction de sa cité est peut être une des seules utopies que nous nous devons de conserver même si nous n’en connaîtrons peut être que des versions imparfaites.

CAFE GEOGRAPHIQUE, 2004 : Le voyage en Utopie : nécessité pour concevoir la ville de demain ?, Café – Géographique à AIX EN PROVENCE. Réunion du 11 mars 2004.

MORE, Thomas, 1516 : Utopia.

FOURIER, Charles, 1808 : Théorie des quatre mouvements et des destinées générales , Lyon .

VIDLER, Anthony, 1987 : Ledoux, PARIS, Éditions Hazan.

GARNIER, Tony, 1917 : Une cité industrielle.

RICOEUR, Paul, 1997 : L’idéologie et l’utopie, Éditions Le Seuil.

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