ESTIVIE, Guillaume, 2007 : Auroville, La ville dont la Terre a besoin, documentaire, Injam Production, FRANCE, 57′.

COQUART Jordane

ESTIVIE, Guillaume, 2007 : Auroville, La ville dont la Terre a besoin, documentaire, Injam Production, FRANCE, 57′.

« 1. Auroville n’appartient à personne en particulier. Auroville appartient à toute l’Humanité dans son ensemble. Mais pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine.

2. Auroville sera le lieu de l’éducation perpétuelle, du progrès constant, et d’une jeunesse qui ne vieillit point.

3. Auroville veut être le pont entre le passé et l’avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s’élancer vers les réalisations futures.

4. Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète. »

C’est après la mort de Aurobindo que sa femme, « la mère » fonda en 1968 une ville se voulant être la concrétisation de l’idéologie développée par son mari : Auroville, la ville dont la terre à besoin. Le but de cette cité est de réaliser l’unité humaine : « Il devrait y avoir quelque part sur la terre un lieu dont aucune nation n’aurait le droit de dire : “Il est à moi” ; où tout homme de bonne volonté ayant une aspiration sincère pourrait vivre librement comme un citoyen du monde, et n’obéir qu’à une seule autorité, celle de la suprême vérité ; un lieu de paix, de concorde, d’harmonie, où tous les instincts guerriers de l’homme seraient utilisés exclusivement pour vaincre les causes de ses souffrances et de ses misères, pour surmonter ses faiblesses et ses ignorances». Tel fut le discours prononcé par La Mère lors de la cérémonie d’inauguration de cette ville née des mains d’une centaine de volontaires dans un désert aride du sud de l’inde. L’ensemble se développe selon un plan en forme de galaxie proposé par Roger Anger permettant de conserver, à tous les stades du développement de la ville, 55% de surface verte. Au centre, le Matrimandir. Symbole de la ville, il est un lieu de méditation.

Chacun est libre de réaliser ses projets et de faire ce qu’il souhaite. On réalise ici ses projets en fonction de ses envies et des besoins de la ville. Cette liberté a engendré une grande richesse architecturale.

Néanmoins, face au constat de l’inefficacité des divers systèmes sociaux économiques proposés, Auroville n’offre pas de réelle solution. Les habitants parlent d’anarchie divine, de spiritualité concrète. Dans les faits, Auroville est largement subventionnée par des donations extérieures (notamment de l’UNESCO) et les habitants sont en général obligés de travailler quelques mois de l’année à l’extérieur afin de subventionner leur rêve Aurovillien. La communauté qui devait à l’origine accueillir 50 000 habitants ne regroupait en 2008 que 2 018 Aurovilliens (dont 1 570 adultes). Ce développement, bien qu’inférieur aux prévisions entraîne de nombreux problèmes.

Aujourd’hui Auroville fait face à un afflux massif de touristes. Des visites payantes du Matrimandir sont même organisées. Les populations locales ne s’intègrent que très peu dans la communauté (excepté par le programme d’enseignement gratuit que la cité offre a plus de 20 000 enfants). Les forts écarts de richesse entraînent de nombreuses tensions. Aujourd’hui Auroville est largement sécurisée.

Loin de l’âme pionnière des fondateurs, aujourd’hui une majorité des nouveaux arrivants sont des personnes possédant des fonds suffisants pour venir profiter d’une paisible retraite dans la ville. Magasin et entreprise sont apparus. Rattrapée par la réalité, l’argent est maintenant bien présent à Auroville, et, ont ne peut alors s’empêcher de se demander ce qui la différencie donc aujourd’hui d’une ville Européenne classique. La réponse se trouve peut-être dans cet état de recherche permanent de spiritualité et de bonheur qui porte les Aurovilliens, et pour lequel ils sont prêts à sacrifier certains de leurs idéaux.

ESTIVIE, Guillaume, 2007 : Auroville, La ville dont la Terre a besoin, documentaire, Injam Production, FRANCE, 57′.

RISSER, Helène, 2008 : Auroville, histoire d’une utopie, documentaire, INA, FRANCE, 60′.