JANSSENS, Nicolas, 2000 : Bâtisseurs de rêve, in KHIMAIRA n 5, janvier 2000.
BERGERET Maxime JANSSENS, Nicolas, 2000 : Bâtisseurs de rêve, in Khimaira n°5, janvier 2000.
« Il faut parfois se méfier de ses rêves »
L’architecture des rêves appelée aussi architecture utopique est une notion qui a traversé les cultures et les mouvements sociaux, architecturaux et culturels. De Platon à Le Corbusier, en passant par Marx, les différentes manières de résoudre les problèmes de la société dans les grandes villes nous rapprochent des idéaux de l’égalité et de l’équité. On recherche à mieux faire vivre les gens en bâtissant des villes où tout est conçu au préalable.
Alors que la ville s’agrandit démographiquement, mais aussi par son expansion urbaine, l’urbanisme dans les mégalopoles devient de plus en plus difficile. La réflexion sur l’idéal de la ville passe par de nombreux facteurs qui ne sont pas forcément architecturaux. Le bien-être des habitants et la manière dont ils sont confrontés ou pas aux espaces qui leur sont consacrés sont une première approche. L’architecture doit alors devenir un moyen de préserver ou de rapprocher les individus et leurs cultures ou habitudes qui les distinguent quotidiennement.
Le travail de Le Corbusier nous révèle que la solution à l’étouffement urbain passe par la mise en place de parcs et d’espaces communs. La ville entière doit être retracée à cause de son extension trop rapide provoquée par un manque de réflexion sur la qualité de vie et l’égalité entre les habitants. La nouvelle ville passe en partie par la recherche d’espaces horizontaux libres en apportant de la densité verticale ; mais surtout par le rapprochement entre individus et leurs « classes » qui ont trop souvent nuis à l’organisation de la ville et notamment sa (re)construction.
Karl Marx critique le non développement des services collectifs dans la ville. Il évoque l’idée de « condensateur social » exprimant trois points: le club ouvrier, le logement et la ville socialiste. Cet exemple nous conforte l’idée que la façon de penser la ville passe par la recherche sur la qualité de vie des habitants. Cependant l’architecture des rêves, un peu trop poussée, peut changer la donne et transformer un univers pensé pour la cohésion qui finalement deviendra castrateur.
Le film “Metropolis” explique bien le phénomène de séparation des «classes » avec une ville à double sens : ceux qui la font marcher et ceux qui vivent au dessus des problèmes. Le film débouche finalement sur une entente après avoir montré du doigt les problèmes de cette société à double vitesse.
L’architecture des rêves et la recherche sur l’idéal amènent ainsi sur une réflexion d’avantage sur le plan social que sur le plan architectural avec plus de travail sur le fond que sur la forme. Associer ces deux notions consent une solution plus complète permettant aussi de limiter la recherche de l’idéal et de tomber dans des « contre utopies ».
JANSSENS, Nicolas, 2000 : Bâtisseurs de rêve, in Khimaira n°5, janvier 2000. MARX, Karl, 1848 : Manifeste du Parti communiste. LANG, Fritz, 1927 : Métropolis , Allemagne, film, 210′. LE CORBUSIER, 1935, La ville radieuse, Boulogne. CHAPLIN, Charlie, 1936 : Les temps modernes, film, USA, 87′. |