VIRILIO, Paul (2010) : L’administration de la peur, Editions Textuel.

Paul VIRILIO est un urbaniste et essayiste français, né en 1932 à PARIS. Fondateur du groupe « Architecture principe » avec l’architecte Claude PARENT, il est professeur émérite au sein de l’école spéciale d’architecture. Il est principalement connu pour ses écrits sur la technologie et la vitesse, et sur la réalité issue de leur rencontre, la dromosphère.

L’ouvrage se présente sous la forme d’un entretien mené par Bertrand RICHARD (Les éditions textuel, 2010)

 

Le monde actuel semble dominé par les catastrophes. Le climat, la science, l’économie, tout semble hors de control. S’installe alors une angoisse collective relative à ces facteurs non maîtrisé. Paul VIRILIO montre dans cet entretien que la peur qui a dorénavant envahi notre quotidien n’est pas qu’une illusion médiatique. Elle est viscérale et systémique, et elle s’est instauré progressivement tout au long du 20ème siècle et trouve son paroxysme aujourd’hui, à l’heure des crash boursier, des drames écologiques et des attentas suicides.

Dans un premier temps Paul VIRILIO établie une chronologie des événements qui ont conduit le monde à la terreur. Le grand changement selon lui a débuté lors de la seconde guerre mondiale. La guerre éclaire, les rapports ambigu de l’occupant et du résistant, l’instrumentalisation massive de la science à des fins meurtrières. Le monde a changé de dimension et l’accomplissement de ce bouleversement s’est produit avec l’explosion de la bombe atomique. Dès lors le phénomène provoqué par l’homme le dépasse. Et avec l’instauration de la guerre froide, s’installe un climat de peur permanente. Celle de la guerre totale, de l’anéantissement instantané. C’est « l’équilibre de la terreur ». Un monde dans lequel c’est le militaire et le scientifique qui surpasse le politique. La science ouvre la brèche de la relativité, avec elle la question de la vitesse. La philosophie et la politique ne sauront pas intégrer cette nouvelle donne dans leur pensé.

La deuxième étape dans le processus de terreur est celui du terrorisme. Le fait qu’un homme seul puisse être la cause de catastrophes est un phénomène nouveau. Il y a un nouveau rapport de force entre les institutions (militaires et politique) et l’individu qui peut dorénavant assumer seul une déclaration de guerre totale. Ensuite il y ace que Paul VIRILIO nome « déséquilibre de la terreur ». Il s’agit d’une rupture dans la perception du monde à travers une temporalité bouleversé. Avec l’informatique, tous les flux ont été réduit jusqu’à la vitesse de la lumière. On assiste alors à une transmission instantané des information, une globalisation mondiale des connaissances, et ainsi une « synchronisation des de l’émotion ». C’est selon l’auteur une nouvelle forme de communisme des affects. La société devient toute entière régie par l’émotion, par l’instantané et les politiques cèdent aux solutions courtes-termistes. Cette contraction de l’espace temps, Paul VIRILIO l’identifie comme un nouveau type de pollution qu’il englobe dans le terme d’écologie grise. La contraction du temps des actions ne laisse plus le temps de la communication et rend la réalité « inhabitable ». Cette réalité qui par le biais des nouvelles technologies, dont nous sommes peu à peu dépossédé. Les technologies nous proposent une réalité augmenté qui nous prive d’une parti de notre champ perceptif et n’est en fait qu’une « réalité accéléra »

Le monde est maintenant visible sous la perception de la vitesse, alors qu’il était dominé par la lumière. Paul VIRILIO revient sur les trois grandes peurs, l’équilibre de la terreur avec la bombe atomique, le déséquilibre du terrorisme avec l’informatique, et la peur écologique avec la bombe génétique.

Face à ces peur, la société succombe à une fièvre « obsidionale » c’est-à-dire relative à l’enfermement. Il y a un phénomène de claustrophobie collective face a la superposition des peurs ajouté à la vitesse de la vie quotidienne. Car il y aune perte de la rythmologie
sociopolitique, il a une arythmie, une accélération et un dénie des temporalités naturelle.

La peur devient permanente et omniprésente, elle est institutionnalisé et accepté comme un standard. « La peur est devenu un environnement en ce sens qu’a été réalisé la fusion du sécuritaire et du sanitaire ». Cela abouti à l’instauration d’une dissuasion civile, d’une écologie dévoyé de l’espace vital.

Cette accélération du tempo est symptomatique, désormais on est toujours en retard. Il s’agit là d’un « masochisme quotidien et d’une mise sous tension consentie ». il y a une réelle perte de repère dans la temporalité. L’accélération qui mène à la synchronisation abouti à une forme d’immobilisme. On est en quelque sorte partout chez soi, grace aux nouvelles technologies. Par contre, il y a aussi ceux qui ne sont nulle part chez eux exclus et qui seront amené être exilé partout.

Face à la claustrophobie d’un monde trop petit pour l’humanité, la solution c’est de bouger constamment ou de fuir définitivement.

Désormais c’est l’accélération qui domine sur l’accumulation. Plus de stock et uniquement des flux. Et cette instantanéité de toute chose abouti à un manque de confiance, qui ne peut s’instaurer que dans la durée. On finit par ne plus croire en rien et d’entrer dans l’ère du « mono-athéisme » comme définit par l’auteur.

La connaissance et la recherche elle-même finit par être touché par le bouleversement de la vitesse. Ainsi la peur écologique peut être définit par trois composantes, la polutiondes substances, la polution des distances et la pollution delà connaissance. A partir des essais nucléaires, l’homme a abandonné la maîtrise de l’expérimentation en jouant à l’apprenti sorcier.

Enfin Paul VIRILIO explique que cette contraction du temps et des distances a engendré cette peur qui est devenue une composante essentielle de la société. Hors, la peur rend la vie insupportable. D’où les suicides professionnels constaté ces dernières années. La société doit donc impérativement se saisir de cette nouvelle donne et se reconstruire sur d’autres paradigmes, sur d’autres règles, avant de sombrer dans un totalitarisme nouveau.

Cette vision qui semble assez pessimiste doit nous alerter sur les bouleversement qu’a subit notre monde depuis quelques dizaines d’années. La révolution industrielle a engendré la standardisation des objets. Aujourd’hui on risque la standardisation des individus. L’individualisme se confond finalement avec la synchronisation de nos émotions alors que les politiques s’adaptent et s’inscrivent eux aussi dans l’instantané, rendant toute action dans la durée obsolète.

LANHER M.

 

 

VIRILIO, Paul (2010) : L’administration de la peur, Editions Textuel.