WENDERS, Wim, 1973 : Alice dans les villes, film, ALLEMAGNE, 110′.

SAINT GERMAIN Louis

WENDERS, Wim, 1973 : Alice dans les villes, film, ALLEMAGNE, 110′.

Un jeune journaliste allemand en reportage aux Etats-Unis est bloqué dans un aéroport en grève. Une femme dans la même situation lui confie sa fillette, Alice. Elle doit les rejoindre a Amsterdam. Au lieu de rendez-vous, aucune trace de la jeune femme…

Alice dans les villes fait parti d’un corpus de trois films, dont Faux mouvement et Au fil du temps. Cette trilogie du voyage ne peut être appréhendée que par une vision d’ensemble des trois œuvres, nécessitant l’étude de leurs similitudes.

Crées par le cinéaste Wim Wenders en son début de carrière, ces longs métrages sont le manifeste du “Nouveau Cinéma Allemand“, mouvement de l’Allemagne de l’Ouest plaçant la critique sociale et politique au cœur des films.

Chacune de ces réalisations traduisent de par un climat d’un extrême pessimisme l’impitoyable stagnation politique de la RFA. La violence des personnages figure une violence cachée de la société. Ce corpus tente d’exprimer la fatigue et le doute d’après 68, le décervelage et le nivellement d’une société de confort où certains cherchent vraiment un supplément d’âme qui ne subsiste que dans des marginaux, des artistes ou des suicidaires (chacun de ces personnages de société sont retrouvés à travers la trilogie, ayant par moment des interactions communes).

Plus que cela, c’est la question du regard du metteur en scène qui nous intéresse, celui d’un photographe de talent qu’incarne aussi Wim Wenders. Un talent qui par ses cadrages met en intense dialogue le personnage et son environnement. Chacun des longs métrages est construit autour d’un personnage principal vivant un certain rapport au monde.

Wim Wenders a ainsi un lent rythme de composition qui en faisant apparaître une foule de détails admirables, crée une véritable école du regard. Un regard architectural et sensible, mettant en scène une émotion dans le rapport aux signes des paysages et dans la perception des lieux. On assiste donc a une “urbaine poésie“, une errance physique et psychique, un regard neuf sur la ville moderne, “une poésie inattendue des grands ensembles urbains“. C’est un cinéma du fugitif, du suggéré. On participe à une simple marche, un voyage qui ne fait pas appel au spectaculaire ni aux ressorts dramatiques mais plutôt a des additions d’actions qui forment au final une histoire. C’est un parcours lent qui permet une analyse urbaine, une analyse sociologique.

Alice dans les villes en est l’exemple le plus a même d’être compris et relié au sujet abordés dans l’atelier. Dépars l’épopée des personnages, on redécouvre le contexte des années 70, ses différentes architectures, ses utopies… Les deux autres films, (en particulier Faux mouvement) sont plus difficiles à analyser de par les connaissances qu’ils exigent.

Ces réalisations permettent de mettre en exergue l’importance de l’analyse de son environnement lors de la création d’un projet. La finesse des perceptions passe par une lenteur du regard, de l’appréhension, mais ceci ne garantis pas malgré tout la réussite de sa quête. Quête de sens et recherche d’identité qui seront à l’image des films inatteignables et de l’ordre de l’utopie. Ceci nous condamne à rester plongé dans la subjectivité matérialisée par un pessimisme latent dans le corpus.

WENDERS, Wim, 1973 : Alice dans les villes, film, ALLEMAGNE, 110′.

WENDERS, Wim, 1975 : Faux mouvement, film, ALLEMAGNE, 103′.

WENDERS, Wim, 1976 : Au fil du temps, film, ALLEMAGNE, 175′.