DIDELON, Valéry (2011) : La Controverse – Learning from Las Vegas, Editions Pierre Mardaga.
RValéry DIDELON est étudiant au début des années 1990. Il lit Learning from LAS VEGAS paru quelques 20 années plutôt. Il l’interprète comme une remise en question par ces auteurs du mouvement moderne. Après une dizaine d’années d’exercice, il souhaite porter sa réflexion sur le rôle de l’architecte au sein de la société, à travers un doctorat en histoire de l’architecture. C’est à ce moment là qu’il se replonge dans l’ouvrage des VENTURI. Ce qui a suscité des réactions à l’époque, fût la position des VENTURI face à leurs confrères, qui réduisaient l’architecture à un simple outil de communication. La controverse est lié au fait que les VENTURI défendent l’architecture populaire, souvent jugé par L’auteur s’est attaché à l’écriture de cet ouvrage suite à une confrontation personnelle de l’interprétation de celui-ci. Il l’avait lu lors de ces études et quelques années plus tard, eu de nouveau l’opportunité de le relire. Il en fit une toute autre analyse et nous fait partagé le parcours qui a suivi cet « relecture ». L’ouvrage se décline en phase, correspondantes à l’évolution de son travail de recherche. CHAPITRE 1 CONTEXTE Ces deux jeunes architectes sont considérés comme des marginaux. Il profit d’études qu’ils encadrent, dans le cade d’ateliers universitaires, pour étudier l’évolution de la ville de LAS VEGAS et son changement qui a lieu à la fin des années 1960. La ville est prise en main par le pouvoir des grandes multinationales, qui influe une ère capitaliste engendrant une architecture populaire, à l’image du mouvement pop art. Ce qui sera donc décriée, par une catégorie d’architectes plutôt élitistes. Le souhait de s’engager socialement pour Denise SCOTT BROWN passe par l’urbanisme comme il se produit aux USA. La ville de LAS VEGAS, nommée la ville qui ne dort jamais a connu un développement rapide d’abord point de halte ferroviaire, puis installation d’une base aérienne, construction d’une barrage hydroélectrique, … Construction des premier club et hôtel permettant le divertissement de la population de LOS ANGELES. «Ce mélange de bon procéder entre électricité et industrie» va engendrer une croissance linéaire entre les deux villes. La place «du désert» permit l’étalement de parking, la création de voies larges, …, et des enseignes colorées et lumineuses. Cette ville est créée à l’image des ces différents concepteurs, gangsters pas toujours très sages. CHAPITRE 2 INTÉRÊT DU PAYSAGE COMMERCIAL ET VERNACULAIRE AMÉRICAIN En s’appuyant sur la particularité de cette ville, la revendication d’une architecture de la communication plutôt que de l’espace, est mise au jour. Les VENTURI constate sa vitalité. Le chaos du Strip de LAS VEGAS montre une appropriation de l’architecture populaire, et reflète un bien vivre de celle-ci. Toute une description de l’architecture et du mouvement moderne de l’époque conduit à remettre en question le mouvement qu’un certain éclectisme. Un élan international est constaté, il remet en cause, partout, les élites. Les VENTURI revendiquent de la possibilité de poursuivre une ville avec ce qui la compose déjà et non la tabula rasa. CHAPITRE 3 RÉCEPTION 1968-1971 L’auteur s’appuie sur le principe de Jean Paul SARTHE selon lequel un live n’existe que sil est partagé, c’est le lecteur qui donne le sens à un texte. Ce chapitre s’intéresse plus précisément aux réactions des journalistes, architectes et historiens entre 1968-1971 sur les deux articles publiés par les VENTURI et sur leur studio. Le travail des VENTURI au sein de l’école de Yale est considéré comme un atelier où l’expérience passe « autant à désapprendre qu’à apprendre ». En octobre 1971, le travail des VENTURI et de leur studio est exposé. The NEW YORK TIMES magazine écrit « les VENTURI ont rendu furieux les autres architectes, fasciné les étudiants, et sont peut-être devenus les figures les plus controversées de l’architecture américaine d’aujourd’hui », le paysage pop de LAS VEGAS. Durant cette période pas moins de 21 textes sont publiés autour de Learning from LAS VEGAS. La mie en valeur de notions de contradictions et de complémentarités mettent en exergue le mouvement naissant autour de thématiques : signe et/ou espace ; ordre et/ou chaos ; révolution et/ou statu quo ; utopie et/ou contre utopie ; avant-garde et/ou contre avant garde ; pop et/ou camp ; élitisme et/ou populisme. SIGNE ET/OU ESPACE : Selon un architecte argentin, les enseigne du Strip engendrent « une somme de significations complexes à travers une multiplicités d’associations », pour d’autres ce paysage évoque « une communication fictive, un simulacre de communication, rien que des bavardages, rien que du bruit » Analogie en architecture et langage est un mouvement de l’époque. A NAPLES, en 1967, Roland BARTHES affirme, que « la cité est un discours et ce discours est véritablement un langage : la ville parle à ses habitants, nous parlons notre ville… » Ce qui mets les VENTURI en confrontation avec leurs confrères c’est que ces derniers recherche plutôt de réponses d’ordre sociale et ne pense pas que la réponse soit dans les enseignes. ORDRE ET/OU CHAOS : Le strip est considéré comme un chaos de par les enseignes, … pour certains, c’est la « posture sociale, esthétique et intellectuelle adoptée par la plus récente avant-garde ». La position des VENTURI s’élève contre W. GROPIUS. Pour ce dernier, comme beaucoup d’autres, la ville de bord de route est considérée comme architecture populaire, avec les supermarchés, stations-services, motels, lampadaires, et sans planification urbanistique. RÉVOLUTION ET/OU STATU QUO : La critique faite aux VENTURI est de ne plus jouer leur rôle social, et de construire pour l’élite. La révolution est ressentie en Amérique et en Europe. Le soulèvement est de tout ordre. En réponse à leur postulat et pour appuyer leur volonté en tant qu’acteur social, il explique que leur parti est : « l’architecte qui commence avec ce qui existe » est « moins dangereux et plus efficace » UTOPIE ET/OU CONTRE UTOPIE : Considéré comme conservateur, il est question d’utopiste anti-utopiste. ÉLITISME ET/OU POPULISME : Les VENTURI sont accusés de promouvoir le capitalisme, et l’urbanisme populiste. Dans la tourmente politique et la campagne présidentielle, ils sont pris à parti comme soutien au président sans tenir compte des besoins des « masses ». AVANT-GARDE ET/OU ARRIÈRE AVANT GARDE : La réaction que suscite le livre s’inscrit pleinement dans cette thématique témoignant d’un changement d’ère. POP ET/OU CAMP : En situation de changement, Denise SCOTT BROWN, parle de la ville « comme un assemblage de sous-cultures » et valorisant les « besoins » des hommes. La confrontation des arts, l’inspiration du pop sur l’architecture, débat esthétique. « Elle (la période) met en évidences la variété, et souvent la qualité des arguments qui ont été mobilisées par les différents acteurs. ( …) On a ainsi beaucoup discuté, … du devenir de l’architecture et des formes qu’elle doit prendre dans une société dominée par les mass média. L’interrogation s’est donc posée sur le développement urbain, et suburbain, le long des voies, avec l’architecture commerciale. Remise en question de la place de l’architecte et de son rôle CHAPITRE 4 LEARNING FROM LAS VEGAS Ce chapitre va reprendre l’évolution des réflexions des VENTURI, les articles, interviews, conférences, exercices d’atelier, … avec pour réflexion de fonds, le devenir du modernisme, et aussi la composition de celui-ci. Cet ouvrage permet de regrouper et formaliser l’ensemble de leurs écrits sur LAS VEGAS. Ils attachent une importance toute particulière sur le rapport entre la forme et le fond. Ils vont pourtant rencontrer des difficultés avec la graphiste qui propose une « expérimentation visuelle hors normes » de leur ouvrage. Il s’avère que les reproches qu’ils révèlent chez d’autres architectes, ils n’arrivent pas au sujet de leur livre à l’appliquer. Pour les VENTURI, c’est l’aspect matériel qui crée le premier lien avec le lecteur. Le titre de l’ouvrage est largement « pesé » par leur auteurs, renvoyant à d’autres textes comme « la leçon de Rome » dans Vers une architecture. L’ouvrage se décline en trois parties. La première est le travail d’étude sur l’architecture de la rue commerçante, le strip. La seconde s’appuie sur cette dernière afin de mettre en place une généralisation sur le symbolisme dans l’architecture et l’iconographie de l’étalement urbain. Enfin la troisième tracera le travail de leur agence à partir des théories de la seconde partie. « Nous regardons en arrière vers l’histoire et la tradition pour aller de l’avant ; nous pourrions aussi bien regarder vers le bas pour aller plus haut » La position des VENTURI dans la controverse qu’ils suscitent et expliquée ainsi : « ils déplorent la manière dont les modernes ont réduits, selon eux, l’architecture à une simple spatialité ; comme la façon dont ils ont assujetti le « sens » à la « forme ». CHAPITRE 5 INTERTEXTE Le principe de ce chapitre est de s’intéresser à l’ensemble des textes du moment qui ont pu permis la réflexion. Cela passe par différentes formes, Valéry DIDELON le cite d’Annick BOUILLAGUET. D’après la citation l’auteur a pu relevé un grand nombre de personnalité que les VENTURI ont étudié. Après avoir répertorié les auteurs inspirants, il s’est attaché aux textes littéraires et les a classés en trois groupes thématiques. Le premier regroupe vingt textes sur l’architecture moderne et la crise, le seconde, dix-huit textes portant sur la ville américaine et la meilleure manière de l’aménager, le dernier, onze textes associant architecture, sémiologie, et littérarité Valéry DIDELON s’est attaché à six ouvrages parus à cette époque et en développe quelques lignes. CHAPITRE 6 RÉCEPTION 1972-1976 La tendance, et la controverse vont légèrement dévier vis à vis de l’édition précédente. Peu de modifications sont apportées à cette nouvelle édition. Cet ouvrage, à son époque est considéré par certains comme important. Jayne MERKEL explique : « Learning from LAS VEGAS est important parce qu’il est débattu, et il est débattu parce qu’il est stimulant et hérétique ». Cette autre phrase : « L’architecture de la culture populaire et de la culture savante sont étudiées, distinguées et comparées, et leurs possibles mises en relations et hybridations sont vues comme significatives et bénéfiques pour une société qui prend consciences d’elle-même. » montre combien la société est en plein changement, de tout ordre et que le domaine de l’architecture permet donc de débattre largement (politique, sociologique, idéologique, …). Les publications toucheront l’Europe, dont le mouvement moderne de l’époque et plutôt pour un retour à la ville historique qu’à la suburbanisation automobile qui n’en est qu’à ces débuts de ce côté de l’Atlantique. L’analyse de cette réception s’est effectuée pour Valéry DIDELON pour l’intermédiaire de cinq thèmes. Le médium est-il le message ? On en revient au problème rencontré avec la maison d’édition et l’image que cet objet (le livre lui-même) laisse percevoir. CONTEXTE DE FOND ET DE FORME. La chasse au canard – aborde la question du symbolisme et de l’esthétique. L’architecte bouffon du prince – toute la critique négative se manifeste, pensant que les VENTURI sont contre courant. Forrest R. WILSON dit « LFLV nous apprend à regarder là où nous avions décider de ne pas le faire. L’architecte comme roi est apparemment nu. Mais VENTURI est un architecte, et la critique la plus important sur l’architecture vient des architectes eux-mêmes. L’architecte-roi peut être nu, il reste en bonne forme physique » LE GOUT DE L’ORDINAIRE Les VENTURI se sont attachés à un « territoire maudit », à ce qui est d ‘habitude rejeté, ils considèrent le strip commercial non pas comme un non lieu mais comme un lieu. Le manque d’engagement social – Beaucoup considéreront le travail des VENTURI sans engagement social. Les architectes, critiques, se voient certainement dans leur rôle (parfois, une seule personne avec les deux casquettes) comme des savants devant inculquer et montrer le bon goût, le sens de LEUR vérité. Cependant certaines critiques souligneront que les VENTURI ont su habillement appliquer leurs théories à leurs projets d’agence. La controverse dynamique Pour répondre à la controverse, Denise SCOTT BROWN dit un jour, « nous prenons une chose répandue, qui est la culture populaire, que je n’appellerai pas précisément sous-culture parce qu’elle est tellement répandue, et nous essayons de la rendre acceptable à une sous-culture élitistes ». La conclusion de ce chapitre était à mon sens à méditer à l’époque, la méditer aujourd’hui et surtout à re-médite demain : « les VENTURI ont heurté au /plus profond « la morale des architectes », ou plutôt l’obligation qu’ils se font d’en avoir une » Stanislaus von MOOS En effet, l’architecte doit concevoir avec un minimum d’éthique, un engagement moral, politique et social. CHAPITRE 7 THE FORGOTTEN SYMBOLISM OF ARCHITECTURAL FORM La troisième édition sera cette fois-ci totalement composée graphiquement par Denise Scott BROWN et non par la graphiste de la maison d’édition. Le résultat est bien diffèrent, format, qualité de papier et surtout présentation de textes principalement. La quantité de sera bien moindre, ils ne développeront plus leur travail en agence. Leur philosophie est que les architectes peuvent apprendre de tout ce qui les entoure. VERLUCCO C.
VENTURI, Robert, SCOTT BROWN, Denise, 1968 : A signifiance for A&P parking lots or learning from Las Vegas, in Architectural Forum 128 no.2, pp36,43. VENTURI, Robert, SCOTT BROWN, Denise, 1977 : L’enseignement de Las Vegas, ou le symbolisme oublié de la forme architecturale, MITpress, Cambridge. LE CORBUSIER, 1923 : Vers une architecture, PARIS. VINEGAR, Aron; GOLEC, Michael (2009) : Relearning from Las Vegas, Minneapolis & London, University of Minnesota Press. VENTURI, Robert (1966) : Complexity and Contradiction in Architecture, New York, Editions Doubleday. SCOTT BROWN, Denise, 1971 : Learning from Pop, in Casabella 359-360. |