GREENAWAY, Peter, 1987 : Le Ventre de l’architecte”, film, ROYAUME-UNI, 118′.

PONCON Chloé

GREENAWAY, Peter, 1987 : Le Ventre de l’architecte“, film, ROYAUME-UNI, 118′.

Stourley Kracklite est un architecte américain invité à Rome pour organiser une exposition sur Etienne-Louis BoulléE, un architecte français du 18ème siècle. Kracklite est un grand admirateur de E-L Boullé cette exposition est l’aboutissement de 10 ans de recherches sur cet architecte dit visionnaire. Ce travail devient une obsession pour lui au point qu’il s’imagine communiquer avec son idole, il délaisse sa femme qui le quitte pour un architecte Italien et tombe gravement malade. Il représente l’artiste névrosé qui face à ses peurs, ses angoisses et ses obsessions perd le contrôle de sa vie.

Le thème du ventre dans le film représente la mort, la vie et la centralité. En effet Kracklite est torturé par son ventre car il meurt alors que sa femme est enceinte, la mort et la naissance se passent en même temps. La centralité c’est Rome, c’est la où née la culture architectural et artistique.

Pour comprendre le film il faut déjà savoir qui est E-L BoulléE car le réalisateur s’appuie entièrement sur ses théories pour la mise en scène, les cadrages, la lumière… Cette architecte était obsédée par la rigueur, les lignes épurées, la symétrie et la perspective, il a très peu produit car ses projets étaient trop colossaux mais il a beaucoup théorisé. Pour lui l’architecture doit montrer ce que la poésie ne peut pas décrire, c’est la mise en œuvre de la nature. Pour son époque il a une vision utopique et révolutionnaire de l’architecture, il s’inspire beaucoup de l’antiquité. Comme le personnage du film il devait être entre la lutte contre les influences politiques et les exigences artistiques.

Peter Greenaway réalise le film en fonction de la vision que E-L BoulléE a de l’architecture, les cadrages sont très rigoureux, symétriques et il y a beaucoup de gros plan sur l’architecture antique et les grandes perspectives. Il insiste sur la reproduction suivant les différentes formes d’Art : peinture, sculpture, photographie et photocopie qui sont associé au corps humain, E-L BoulléE était très intéressé par la théorie des corps. La bande son est omniprésente dans le film elle rythme les scènes et nous fait ressentir l’ambiance des lieux part des résonances, des grincements… Il fait un grand travail sur la lumière et les espaces, les allers-retours sont permanents ce qui crée des dualités entre les actions et les personnages.

Si le parti de Peter Greenaway était de nous montrer comment un architecte voit le monde alors il a atteint son objectif car on ressent parfaitement ce souci d’analyse des espaces, des compositions et de l’architecture qui nous entoure, il ne laisse rien au hasard.

Il pose la question du conflit qui existe entre les contraintes de la réalité (politique, économique…) et la volonté artistique en architecture, il est indispensable de trouver un juste milieu entre les deux, entre l’utopie d’un idéal artistique et le fait de fixer cet idéal par la matière le résultat débouche toujours par un compromis.

GREENAWAY, Peter, 1987 : Le Ventre de l’architecte“, film, ROYAUME-UNI, 118′.

PÉROUSE DE MONTCLOS,Jean-Marie, 1993 : Boullée, architecte visionnaire, Hermann.

JACQUES, Annie, 1988 : Les Architectes de la Liberté, Gallimard, Collection Découvertes n° 47.