VERHOVEN, PAUL, 1990 : Total Recall , film, USA, 113′ .

FONTANA Laure

Verhoven, Paul, 1990 : Total Recall , film, USA, 113′ .

Total Recall est un film américain de Paul Verhoeve, sorti en 1990, adapté de la nouvelle We can Remember it for You Wholesale de Philip K. Dick. Arnold Schwarzenegger en est l’acteur vedette même si la critique préféra récompenser le scénario et les costumes en décernant au film le prix du meilleur film de science-fiction.

L’histoire se passe en 2048 entre la planète terre et la planète mars. Le thème classique du devenir du monde est ici développé à travers l’histoire de Doug Quaid. Ce dernier mène une existence normale sur terre. Cependant il reste hanté par des rêves concernant la planète Mars et surtout par une femme, sorte d’idéal féminin qui lui revient toujours à l’esprit. Innocemment il décide de faire appel à une société appelée Rekall qui propose d’implanter dans la mémoire de ses clients des souvenirs factices aussi réels que les vrais. Doug choisit vite une vie d’agent secret sur Mars avec à ses cotés la femme de ses rêves. Mais ce processus va réveiller en lui des souvenirs oubliés. Il comprend vite que sa mémoire a été effacée et se souvient d’un séjour réel sur Mars, à l’époque où il était l’agent le plus redouté du cruel Coohagen. Mais alors qui est-il vraiment ? Douglas Quaid, le banal terrien ? Hauser, le génial espion qui aurait vécu sur Mars ? Les deux ? Aucun ? S’agit-il d’un l’implant de mémoire ou est- ce la réalité ? Commence alors pour le héros une épopée oscillante entre souvenir rêve et réalité. Il décide de s’envoler sur Mars à la recherche de son passé.

Le réalisateur peint ici un tableau assez classique en soi de la terre du futur et de la planète Mars qui serait devenue habitable. Sur terre c’est le règne de la technologie : les conducteurs de taxis sont remplacés par des robots, les cours de tennis sont donnés par des hologrammes dans le salon des ménagères, des panneaux publicitaires et des télévisions envahissent les rues et le métro… L’action se passe en ville et l’on retrouve la volonté de s’en faire dégager une atmosphère froide et grise, sans soleil, sans le moindre mètre carré de verdure, ou les édifices, les humains et la technologie auraient tout envahi. Image assez banale d’une possible mutation des choses qui prend en considération les avancées fulgurantes que nous connaissons actuellement dans le monde.

Le réalisateur y oppose cependant Mars. Comme elle n’a pas d’atmosphère, ses habitants doivent acheter de l’air à un groupe privé dirigé par Mr Coohagen, qui naturellement profite de cette situation pour s’imposer en maître sur la ville. Critique d’une cité ou la démocratie et la liberté auraient disparu sous le pouvoir et la richesse. En effet, l’air comme le pétrole sont des denrées vitales à notre société. Dans “Total Recall“, sur Mars ce sont les détenteurs de l’air qui ont le pouvoir et qui régissent la ville.

Et sur notre planète actuelle ne seraient-ce pas aussi les propriétaires du pétrole qui détiendraient le pouvoir ? Chez Verhoven, la population évolue donc sous un dôme en verre géant, tel une grosse bulle, a l’intérieur de laquelle l’air y est respirable. Tout autour ce n’est que poussière, désert et terre rouge. La ville est elle-même divisée en secteurs qui peuvent être isolés complètement les uns des autres par un système de barrières hermétiques. On retrouve l’illustration d’un désir utopique de maîtriser entièrement l’espace d’une ville, tout y étant planifié et géré par ordinateur. En réponse à toutes ces facettes restrictives de la ville la résistance martienne contre Cohaagen, l’administrateur de la colonie fédérale de Mars se fait sentir et le héros va rattacher leurs causes afin de permettre aux habitants cette nouvelle planète habitable de vivre dignement.

Le réalisateur tente de nous perdre entre les souvenirs factices et la réalité de la vie du personnage. Il nous entraîne ainsi plus facilement dans son monde où les aliens côtoient les humains, ou les robots évoluent au milieu des hommes. Univers entre réalité et délire qui reste porteur d’une interrogation maintes fois soulevée : qu’est ce que le futur réserve à notre planète ?

VERHOVEN, Paul, 1990 : Total Recall , film, USA, 113′ .

DICK, Philip Kindred, 1966 : We can Remember it for You Wholesale, in The Magazine of Fantasy & Science Fiction, Avril 1966.