GILLIAM, Terry, 1984 : Brazil , film, USA, 131′.
FONT Marine Gilliam, Terry, 1984 : Brazil , film, USA, 131′.
Ce film retrace l’histoire de Sam Lowry, employé de bureau peut ambitieux du Ministère de l’Information. Il évolue dans un monde rétro-futuriste totalitaire, auquel il échappe dans ses rêves, évoluant alors dans un monde de héros romantiques dans lequel il cherche à libérer une jeune femme. Mais son existence va être un jour perturbée par une erreur due à un insecte tombé dans une machine à écrire qui va amener à une erreur administrative et à l’arrestation d’un innocent. Il va alors tenter de réparer cette injustice, luttant contre ce système extrêmement contrôlé, en devenant lui-même petit à petit un ennemi de l’État. Vient se mêler à tout cela les tentatives de sa mère pour lui obtenir une promotion, l’intrusion d’un chauffagiste rebelle chez lui, et l’apparition de la femme de ses rêves en chair et en os.
L’histoire se passe « quelque part au vingtième siècle ». Des gadgets futuristes et des décors hérités de la littérature fantastique se mêlent dans ce rétrofutur à une esthétique vestimentaire des années 1950.
Brazil est une ville perdue dans un monde à part ou les citoyens se doivent de vivre selon des codes préétablis sans quoi le Ministère de l’Information intervient. Terry Gillian s’est inspiré du livre de Georges Orwell 1984 .
Ce film nous plonge dans un monde sombre et oppressant, une vision loufoque et pessimiste de notre monde envahi par un totalitarisme bureaucratique, un univers à la fois réaliste et complètement absurde, une critique d’une société surinformée et totalement bureaucratisée. Sam Lowry représente ce que nous sommes un peu tous, de petits grains de sable d’une machine implacable qui acceptons une vie terne et uniformisée. Il ne parvient à s’échapper à la monotonie et au contrôle de l’État que dans ses rêves. Au fur et à mesure du film, Lowry tente de s’affranchir, de se libérer de sa mère, son patron, ce qui compose sa vie si morne. Chaque acte de liberté devient pour lui une révolution face au totalitarisme, mais plus il devient libre, plus le système se ligue contre lui. Terry Gillian dresse ici une sorte de caricature à l’extrême d’un monde citadin qui tourne mal, qui évacue totalement la nature. A l’époque de la réalisation du film, les villes se développaient très vite et se densifiaient, le film transcrit cette crainte d’une ville verticale, très dense, polluée, ou la nature à disparue, en la poussant à l’extrême.
La ville est écrasante, étouffante par sa verticalité mais aussi son aspect sombre et disloqué qui semble loin de tout. La ville est le monde, rien ne semble exister hors de ses limites autorisées. L’architecture est très sobre et très simple, rien ne vient la décorer, l’orner, aucune publicité, image, rien ne vient perturber la rigueur extrême de ce monde. Toute iconographie autre que la propagande de la bureaucratie est inexistante. Les bâtiments sont d’immenses tours pour la plupart, souvent sous leur forme la plus basique, sans artifice. A l’intérieur des bâtiments on observe une très forte différence entre les quartiers riches et les quartiers pauvres, ainsi que les locaux administratifs. Ces derniers sont fait de succession d’espaces souvent très réduits, desservis par des immenses couloirs, c’est une architecture sobre, dure et froide. Pour les autres locaux, habitation ou commerces, l’intérieur ressemble à nos intérieurs, malgré une omniprésence de tous les réseaux techniques qui viennent marquer l’architecture et même l’orner.
L’aspect industriel est très présent, tout est automatisé. Les circulations sont verticales et horizontales et se font dans des boites qui ressemblent à des ascenseurs et servent de transport en commun, desservant les différents quartiers de la ville, tout est numéroté, ordonné, classé, même les habitants . Ceux-ci semblent vivre essentiellement à l’intérieur, la nature est totalement absente, ce qui amène un sentiment d’enfermement. Les espaces publics extérieurs sont de deux types, soit des espaces non aménagés laissés à l’abandon qui n’inspirent pas l’envie d’aller s’y promener, soit des espaces où l’on se croirait en intérieur, ou la lumière paraît toujours artificielle
” Si le film contient un message, c’est que les gens doivent persévérer. L’architecture est peut-être étouffante mais l’esprit conserve ses droits.” Terry Gillian
Il me semble difficile d’utiliser les images de la ville imaginée par Terry Gillian, car c’est une caricature poussée à l’extrême. Il est toutefois possible de s’en inspirer et d’utiliser certains éléments. Le coté industriel et les réseaux techniques apparents sont des choix intéressants qui amènent une vision différente de l’architecture. L’utilisation de la verticalité de la ville est un point de plus en plus présent dans les problèmes de densité aujourd’hui, et peut être utilisable sur de nombreux projets, dont le notre même si l’échelle n’est pas la même. Les transports en communs, traités comme des boites qui circulent horizontalement et verticalement amènent une simplicité de circulation.
GILLIAM, Terry, 1984 : Brazil , film, USA, 131′. ORWELL, George, 1948 : Nineteen Eighty-Four.
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