TAFURI, Manfredo, 1979 : Projet et Utopie, de l’Avant-Garde à la Métropole, BORDAS, Collection Espace et Architecture.
Manfredo TAFURI ( 1935 -1994 ) est architecte de formation. Après quelques années d’exercice, il se consacre définitivement à la recherche et devient un personnage majeur de l’histoire de l’architecture. Adhérent au principe marxiste, il s’efforce d’apporter une nouvelle vision de l’architecture et cherche à déstabiliser les idéologies.
TAFURI, Manfredo, 1969 : Architecture and utopia: design and capitalist development, MIT Press, 1979.
Contropiano: Materiali Marxisti n° 1, 1969.
Il enseigne à l’Institut universitaire d’Architecture de VENISE, il devient un militant actif du PARTI COMMUNISTE italien, et trouve à partir de 1968, une équipe fédératrice qui lui permet d’approfondir ses recherches mais aussi d’ apporter un nouveau programme pédagogique. Ces travaux ont transmis une nouvelle vision de l’architecture moderne différente.
Ce livre Projets et Utopies reprend en la développant une étude parue dans la revue Contropiano sous le titre Per una critica dell’ideologia architettonica. Cette étude reprenait les hypothèses énoncées dans l’ouvrage Théories et histoires de l’architecture où les prémices de la réflexion de Manfredo TAFURI sur la place de l’architecture dans son histoire étaient développés.
Ce livre vient donc en réaction aux multiples véhémences susciter par cette étude, et se heurte aux idéaux des architectes, à leurs idées pré-conçues. Il permet de comprendre l’évolution d’une pensée et fournit un ensemble d’hypothèses.
TAFURI démontre avec l’aide d’exemples que les architectes pensent toujours qu’en période de crises, une nouvelle idéologie viendra d’une manière salvatrice sauver leur discipline.
Dans un premier temps, il redéfinit la pensée du siècle des lumières : “La phénoménologie de l’angoisse bourgeoise se situe entièrement dans la libre contemplation du destin. ” Un cheminement pour montrer ce besoin de compensation idéologique qui a cessé peu à peu d’être fonctionnel. ” TAFURI détermine ici une crise du concept traditionnel de forme.
Il aborde ainsi la forme comme une notion d’utopie régressive, après cette période de formation idéologique, vers 1840, le fin de l’utopie et la naissance du réalisme ne sont pas des moments qui s’enchaînent. Pourtant la progression se crée, un processus se positionne l’idéologie de l’architecture devient idéologie du plan. Ces articulations sont importantes, et fournissent un cadre de référence pour les périodes futures.
L’utopie devient projet, les idéologies bourgeoises sont dépassées, la culture du XXème siècle a ressenti la non –productivité du travail intellectuel, les idéologies d’avant-garde tenteront de les effacer.
” En ce sens, l’autocritique de l’idéologie, c’est le projet de contrôler les formes du développement par le moyen de l’idéologie réalisée. ”
De plus, toutes les avant-gardes du XXème siècle se suivent selon les lois de l’avancement technique. La ville devient unité de production.
” Le problème, maintenant, est d’apprendre à ne pas subir ce choc, mais à l’amortir, à l’introjecter comme une condition inévitable de l’existence”.
La ville devient le champ de vérification des hypothèses théoriques.
TAFURI cite à ce stade de réflexion plusieurs architectes, novateur dans leur concept d’aménagement de ville, comme Ludwig HILBERSEIMER à STUTTGART.
HILBERSEIMER, Ludwig Karl (1885–1967), Großstadtarchitektur; Julius Hoffman Verlag, STUTTGART, 1927
LE CORBUSIER à ALGER développe des objectifs, il prend acte de la réalité de classe de la ville moderne, il intègre le public comme consommateur actif. ” Notre hypothèse se confirme. L’architecture comme idéologie du plan est dépassé par la réalité du plan, dés lors que celui-ci quitte le niveau de l’utopie pour devenir un mécanisme opératoire efficace. ”
LE CORBUSIER (1887-1965), « Plan d’aménagement de la ville d’Alger « in L’Architecture vivante, automne & hiver 1932 , pp. 5-9.
L’urbanisme moderne tente de conserver une forme de ville ou plutôt des principes, l’apport des avant-gardes historiques continue de jouer un rôle implicite dans les structures urbaines.
De ce fait lorsque toute idéologie aura disparu, l’architecte pourra envisager de nouvelles organisations pour le cadre bâti sans oublier la lutte des classes et le positionnement de chacun.
TAFURI reste dans sa pensée un novateur, qui m’a permis de comprendre les différents contextes d’époques et la notion d’utopie en architecture. Comprendre le rôle d’une architecture utopique liée à une idéologie, un facteur de pensées.
Je ne connaissais pas le travail de Manfredo TAFURI, il démontre l’importance et l’impact des faits historiques. Une idéologie ou une utopie pour quoi? – Faire avancer tout de même l’architecture.
Manfredo TAFURI termine son livre par :
“Il faut être conscient que la fonction de la critique des idéologies consiste aujourd’hui à détruire les mythes impuissants et inefficaces, qui fascinent encore les architectes et qui permettent de prolonger la survie d’espérances de projet anachroniques.”
BAILLE V. HILBERSEIMER, Ludwig Karl, 1927 : Großstadtarchitektur; Julius Hoffman Verlag, STUTTGART, 1927. LE CORBUSIER , 1932 : ” Plan d’aménagement de la ville d’Alger ” in L’Architecture vivante, automne & hiver 1932 , pp. 5-9. TAFURI, Manfredo, 1979 : Projet et Utopie, de l’Avant-Garde à la Métropole, BORDAS, Collection Espace et Architecture. TAFURI, Manfredo, 1969 : “Per una critica dell’ideologia architettonica” in Contropiano: Materiali Marxisti n° 1, 1969. |