ROWE, Colin; KOETTER, Fred, 1975 : Collage City, in Architectural Review 158, no.942, pp66-90.

GUERANT Florian

 

ROWE, Colin; KOETTER, Fred, 1975 : Collage City, in Architectural Review 158, no.942, pp66-90.

 

COLIN ROWE et FRED KOETTER proposent dans ” COLLAGE CITY “l’une des critiques de l’architecture et de l’urbanisme modernes les plus influentes de l’époque. La solution qu’ils proposent pour remédier à ce mouvement qu’ils réfutent est le principe de collage, qui se réalise en deux temps :

 

Le premier est une critique de ” L’UTOPIANISME “, qui par définition est une aspiration irréelle vers une situation politiquement et socialement idéale. Dans le texte, les auteurs assimilent ce terme aux utopies urbaines et architecturales du début de la deuxième moitié du XXème siècle, notamment addictes aux tours et aux espaces complètement ” inconstruits “, c’est-à-dire non gérés, non pensés comme espace urbain. Ils ne réservent alors à l’architecture moderne qu’un triste futur malgré les grandes et belles idées qu’elle dégageait initialement. Les auteurs parlent même d’une mort de l’architecture moderne due à “ l’ingénuité de son tempérament “.

 

Cette première analyse critique aboutit à des propositions que les auteurs appellent une ” thérapie ” dont les ” prescriptions ” seraient entre autres :

 

De repenser les villes traditionnelles dont le tissu extrêmement dense n’est selon eux que le résultat d’une “ préoccupation excessive de sur-articuler des éléments solides “, c’est-à-dire les bâtiments.

 

De créer des “ vides figuratifs ” (cf analyse du texte de SCHUMACHER) en inversant ainsi la pensée urbaine : Un vide, un espace, peut avoir un sens, et même obtenir ce sens grâce aux solides, aux bâtiments, qui l’entourent (ex : la galerie des Offices de FLORENCE).

 

De jouer à ce qu’ils appellent ” the long skinny building game “, (le jeu des longs bâtiments maigres !), c’est-à-dire jouer avec la mise en place d’éléments très fins soit comme filtre ou comme façade afin de mettre en valeur certains bâtiments ou certains paysages.

 

Ou encore de remettre en place les jardins urbains.

 

Ces prescriptions offriraient alors une ” hétérogénéité radicale ” des formes urbaines et architecturales.

 

Cette théorie est née d’une sorte de synthèse de différentes théories comme celle de CLAUDE LÉVI-STRAUSS sur la distinction entre le bricoleur et l’ingénieur, ou encore celle de l’ “ anti-utopianisme ” et le ” fallibilisme ” de KARL POPPER.

 

Pour ma part, je pense que ce principe de collage a été une bonne solution pour remédier à l’urbanisme radical des années 60 et 70. Il a permis de repenser l’espace, le ” vide ” comme lieu de vie, de sociabilité, comme un lieu ayant un sens. Je pense et j’espère que les architectes actuels ont toujours en tête cette analyse critique lors de la conception d’un projet pour ne pas réitérer les erreurs du passé.

 

ROWE, Colin; KOETTER, Fred, 1975 : Collage City, in Architectural Review 158, no.942, pp66-90.

 

SEGAL, Howard P., 1985 : Technological utopianisme in American culture, University of Chicago Press.

 

POPPER, Karl R., 1979 : La Société ouverte et ses ennemis. Tome 1: L’ascendant de Platon, Éditions Seuil, PARIS.