ROUILLARD, Dominique, 2004 : Superarchitecture – le futur de l’architecture 1950-1970, Éditions de La Villette.

NAVARRO Victor

 

ROUILLARD, Dominique, 2004 : Superarchitecture – le futur de l’architecture 1950-1970, Éditions de La Villette.

 

La superarchitecture trouve ses origines dans les années 50 principalement grâce à Alison et Peter SMITHSONS. Le mouvement naît en partie par opposition aux principes de la Chartes d’Athènes, trop réducteurs. L’organisation doit être modulable et s’adapter aux changements des sociétés. Pour eux le projet obéit à la théorie.

 

La ville se crée via des réseaux de flux et de relations matérialisés par un espace public fort correspondant chez les SMITHSONS à la rue, qui devient alors lieu d’échange et de vues. La nouvelle ville doit s’ajouter, s’ajuster sur l’ancienne et non se créer ex-nihilo (comme le fait NIEMEYER avec BRASILIA).

 

L’apogée de cette période se fera lors de la construction du quartier du MIRAIL à TOULOUSE par l’équipe CANDILIS.

 

Apparaissent ensuite les cluster-city (en français ville-grappe), web et stem exprimant diverses approches de définition de la ville de demain. Elle émerge au travers de l’ancienne via un réseau ponctué. Il y a une volonté d’avoir une structure non figée, répartie.

 

Peu à peu le TEAM TEN (dont les principaux acteurs sont les SMITHSONS, CANDILIS et WOODS) devient le centre des débat et vient remplacer le CIAM qui disparaît.

 

La Superarchitecture naît véritablement avec la définition des mégastructures, produits de la science-fiction et du questionnement sur le devenir de l’architecture. Les mégastructures sont perçues comme des nappes tridimensionnelles infinies s’opposant au permanent, au figé, donc modulables. Malgré une image souvent détournée en “immeuble-pont” ou “barres suspendues“, quelques architectes, comme Friedman et Constant parviennent à leur donner vie. Il s’agit pour eux d’une couche d’air ou chacun est libre d’aménager son espace: l’habitant devient acteur et participe à créer une architecture du Hasard.

 

Mais très vite il y a des divergences avec le TEAM TEN. Le confort en science-fiction implique une constance du climat, où l’homme est sédentaire et reçoit tout à domicile. R. B. FULLER décrit une volonté de diriger le climat pour s’affranchir de tout autre problème, créant une homogénéisation des espaces (publics = privés, dedans = dehors), l’agriculture se développe sous les nappes structurelles, jusqu’à en arriver à une disparition de l’architecture que la maîtrise du climat aura rendu obsolète: c’est “l’Eden retrouvé”.

 

Il y a de nombreux essais, notamment avec ARCHIGRAM, sur cette “architecture des sens“. On multiplie les bulles, les peaux, les casques, les masques dans le but de créer de micro-environnements, des environnements artificiels.

 

En Italie un mouvement de révolte se forme, la “contre-utopie“, dénonçant l’irréalisme des projets de leurs prédécesseurs. ARCHIZOOM et SUPERSTUDIO mette en avant les problèmes engendrés par cette architecture dans le système où elle est conçue: bâtiments invivables (pas de lumière, de dégagement visuel, etc.), répétition à outrance, fonctionnalisme primaire conduisant à une inhumanité des constructions. Par exemple ARCHIZOOM dessine le “MONUMENT CONTINU“, sorte de NO-STOP CITY traversant le monde entier, ses monuments, ses villes en les ignorant totalement…

 

En conclusion ce mouvement architectural fut surtout un mouvement de pensées sur l’avenir de l’architecture, les problèmes qu’elles pourrait engendrer et les solutions qu’elle pourrait apporter, et surtout sur le rôle que l’architecte a à jouer. Ce fut une période peu constructive mais pourtant capitale.

 

ROUILLARD, Dominique, 2004 : Superarchitecture – le futur de l’architecture 1950-1970, Éditions de La Villette.