CLEMENT, Pierre et RUTH, Sabine, 1995 : De la densité qui tue à la densité qui paye. La densité comme règle et médiateur entre politique et projet, in Les Annales de la Recherche Urbaine n 67 – juin 1995.

BERGERET Maxime

CLEMENT, Pierre et RUTH, Sabine, 1995 : De la densité qui tue à la densité qui paye. La densité comme règle et médiateur entre politique et projet, in Les Annales de la Recherche Urbaine n°67 – juin 1995.

La densité urbaine est l’un des principaux outils au sein des processus de conception de la ville. Depuis la fin du XIXème siècle, elle est devenue un des facteurs de la création de la ville moderne. Avec l’augmentation de la population urbaine, les différents acteurs de la ville ont du trouver des solutions afin de répondre à ces nouvelles attentes. Dès lors, on va commencer à parler d’agglomération, dans le but de résoudre les problèmes de la densification des villes. Après des premiers projets de cités utopiques, on va peu à peu distinguer l’émergence de réponses au concept de densité.

Les premiers travaux de grande ampleur, notamment de Haussman, mais surtout de Cerda (“Théorie générale de l’urbanisation“), proposent la création d’une trame urbaine extensive et infinie permettant la création d’une ville gérée et homogène. Une fois la trame mise en place, l’habitat ne peut plus évoluer de par son plan d’occupation des sols empêchant ainsi les spéculations. Dans son ouvrage, Cerda distingue alors trois points distincts constituants la ville. Tout d’abord « le contenant » ou l’espace physique de la ville, puis le « contenu », soit les membres ou organismes qui l’habitent, et enfin le « fonctionnement » qui correspond au rapport entre le contenant et le contenu. Ceci a pour but de réfléchir sur les besoins propres à chacun dans le cadre de regroupement d’habitats.

La seconde grande idée tentant de répondre à la problématique de la densité comme contrainte urbaine est la cité-jardin. La cité-jardin est « une alternative face au double phénomène de densification et d’extension démesurée de la ville ». Elle correspond donc à une réponse standardisée et prédéfinie de la densité urbaine. La densité devient alors un des éléments du programme car c’est celui qui met en forme le projet. Le principe de la cité-jardin est de travailler sur des habitats détachés les uns les autres par de la végétation ou une autre forme de vide. Le travail sur les cités-jardins aboutit à une réponse débouchant sur une densité moins importante en valorisant les jardins et les espaces publics pour davantage de bien être. Cette réponse ne pouvant s’utiliser dans n’importe quel type de situation, elle doit s’adapter à un travail préalable sur la densité.

La planification ou « zoning » correspond à la mise en place de différents secteurs pour des fonctions spécifiques et plus ou moins précises comme par exemple les pôles d’affaire, de logements, de commerces ou encore d’industrie ; tout cela dans le but de sectoriser la ville et de l’organiser avec, encore une fois, une densité maîtrisée. C’est le cas par exemple de villes comme Dublin ou encore de nombreuses villes américaines. Une des réponses à la densité fut ainsi la densification verticale permettant, en plan, une densification très élevée sans être pour autant remise en cause pour ce qui est de la qualité de vie. On peut même aller vers des exemples de tours entourées d’espaces libres amenant à une double réponse.

Ces différentes idées ont su répondre au problème de la densité urbaine mais ont aussi dispersé la ville au sens d’un desserrement du tissu urbain. En effet les villes, afin de limiter la densité, se sont étendues jusqu’à perdre leur dimension humaine. C’est le cas par exemple de Paris qui a subi le phénomène de « cosification ». Ce problème est en partie résolu par les transports permettant d’accéder facilement d’un point à d’un autre. On peut réfléchir sur la médiation du traitement de la densité urbaine car cet étalement de la ville peut augmenter des coûts de dysfonctionnements ou de problèmes d’environnement.

On ne doit alors pas se limiter à la densité du bâtit mais à la limite de la ville dans sa globalité et son ensemble urbain car la densité « n’est pas le seul instrument » de la planification de la ville.

CLEMENT, Pierre et RUTH, Sabine, 1995 : De la densité qui tue à la densité qui paye. La densité comme règle et médiateur entre politique et projet, in Les Annales de la Recherche Urbaine n°67 – juin 1995.

CERDA, Ildefons, 1867 : Teoría General de la Urbanización.