TOYO, Ito, 2000 : Médiathèque SENDAI, SENDAI, JAPON.

BERGERET Maxime

TOYO, Ito, 2000 : Médiathèque SENDAI, SENDAI, JAPON.

La médiathèque se situe à SENDAI, une ville Japonaise à 300 km de TOKYO. C’est un bâtiment public bâti après un concours en 1994 remporté par l’agence de TOYO ITO. La phase de conception a duré 2 ans entre 1995 et 1997 et la construction de 1997 et 2000.

Le bâtiment fait 7 niveaux, de hauteurs sous plafond différentes, afin d’apporter des ambiances propres à chaque fonctionnalité. La médiathèque possède différentes activités pour le citoyen : une bibliothèque, un centre d’information, une galerie d’art. Treize tubes, qui sont en fait de grandes colonnes en acier et en verre, viennent structurer les différents plateaux entre eux. Ces colonnes ne sont ni totalement verticales, ni de même dimension et sont disposées de manière aléatoire sur les plans. Selon les architectes, ces tubes auraient la forme d’algues flottantes dans l’eau. Les façades du bâtiment sont travaillées avec une double peau en verre ayant différents apports thermiques selon les saisons et permettant une transparence quasi parfaite, rayée uniquement par les différentes épaisseurs des étages.

Le schéma de la médiathèque est simple : une succession de plans perforés par des tubes et entourés de façades en verre. Par ces perforations verticales, l’architecte développe les transmissions électroniques, physiques, mais aussi différents éléments tels que l’air et la lumière. Ainsi les réseaux naturels et informationnels se rassemblent dans l’espace des colonnes structurant le bâtiment. Les façades rideaux ainsi que les tubes apportent l’idée d’une mobilité et d’une fluidité des éléments dans l’espace propre à la médiathèque. Le bâtiment est alors régi sous le principe de l’espace ouvert et libre. Par les moyens employés sur le bâtiment, TOYO ITO essaye de prolonger au maximum la malléabilité des espaces et son aspect en perpétuel changement. La double peau du bâtiment est en verre, avec un espace de 1 mètre entre les parois, et des fenêtres en haut du bâtiment permettent un système d’air conditionné : l’air chaud s’échappe par les fenêtres en été et se conserve entre les parois en hiver. Les tubes sont en acier et sont préfabriqués en atelier puis assemblés sur place. Les différentes dalles de chaque étage sont aussi en acier mais avec une structure alvéolaire.

La médiathèque de SENDAI possède de grands champs libres permettant de ne pas diviser l’espace en petits sous-espaces et éviter la hiérarchisation. Il n’existe donc pas de réelle différenciation sur la nature de l’espace. Les espaces privés et les espaces publics ne sont pas définis comme tels. On peut ainsi faire le lien avec la pensée de ITO qui défini deux notions : d’une part les « corps primitifs » qui correspondent à l’état naturel de l’homme, et d’autre part les « corps virtuels » qui sont la manière dont le corps a évolué et s’est adapté aux flux électroniques. L’homme, tout comme l’architecture, a su évoluer avec le temps et le progrès. Il existe un paradoxe chez les hommes qui aujourd’hui peuvent rester en contact grâce à toutes ces nouvelles technologies mais qui finalement vivent de plus en plus dans l’isolement à cause des ordinateurs ou des téléphones qui ne les obligent plus à être en contact physique. La discipline architecturale subit aussi un écart entre la notion constructive et technique, et la notion proprement architectural. A l’image du projet de TOYO ITO, l’architecture et les techniques de construction ne possède plus le même rapport comme on pouvait le constater dans le passé. Le concept a pris le dessus sur l’univers scientifique et technique et le lien inévitable qui existait avec l’architecture n’est plus celui que l’on pouvait observer dans l’architecture gothique qui utilisaient davantage la géométrie et la forme pour donner tout son sens aux bâtiments. L’architecture est souvent rattachée à un mode de construction ou même à un courant d’architecture. C’est le processus de conception qui va définir le lien entre toutes les notions. Même si aujourd’hui la complexité constructive progresse, l’architecture évolue davantage grâce aux progrès de l’industrie plutôt qu’au développement des théories.

TOYO, Ito, 2000 : Médiathèque SENDAI, SENDAI, JAPON.

TOYO, Ito, 2003 : Sendai Mediatheque, Editions ACTAR, Verb Manography.

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GARDAIR Marie

TOYO, Ito, 2000 : Médiathèque SENDAI, SENDAI, JAPON.

Dans cette interview, TOYO ITO parle de la frontière entre conception et construction. L’importance de chacun, comment passer de l’un à l’autre ?

À son sens, la construction, ou mise en place du chantier engendrent de nombreux problèmes techniques qui, peuvent former des obstacles au développement du projet. Cependant, la construction architecturale du projet reste primordiale et indissociable de la conception architecturale. Il souligne également que le projet appartient au monde virtuel, et c’est en ceci qu’il a plus de liberté et qu’il peut paraître plus idéale.

Cette vision TOYO ITO l’adapte à son projet : la médiathèque a SENDAÏ. En effet, la coexistence des flux matériels et immatériels organise le projet. Il met en place la construction « dure » et la construction « douce ». Ces deux notions séparent la construction structurelle (« dure ») de l’organisation spatiale (« douce »). En effet, l’architecte voulait les traiter séparément pour empêcher que les 13 tubes divisent l’espace des plateaux. Le but étant que les plateaux soient affranchis de toutes séparations d’espaces (murs..). Selon les projet, les constructions « dures » et « douces » peuvent être traité en même temps. Par exemple sur le projet que je dessine, je compte me servir de mes éléments porteurs comme de filtres de séparations entre les sous-espaces.

L’architecture de cette médiathèque tient compte des flux immatériels tissé autour de nous (sciences, techniques,..), elle décide donc de lutter contre l’isolement.

Toutes ces questions se tournent vers les deux corps qu’a définis TOYO ITO: « corps primitifs » et « corps virtuels ». Autrement dit la limite entre lieu et non-lieu. Ce qui existe et ce qui représente l’existant (passé, présent, ou future) par l’intermédiaire d’un support ; entre ce qui « est » et ce qui se ressent.

Il pense que créer du fixe dans une société nomade comme la notre, serait un non-sens. En effet comment peut on créer du fixe alors que le contexte ne va cesser d’évoluer ?!

C’est bien une architecture « en construction », évolutive, non figé, non achevé, que TOYO ITO veut proposer.

Comment créer un tel bâtiment, tout en assumant la construction qui impliquera forcément la séparation entre intérieur et extérieur. Pour lui cette frontière doit exister mais en restant aussi floue que possible. Pour la justifier il dit que la façade répond a des besoins et à une qualité de vie, sinon elle n’aurait pas lieu d’être. Il traite donc chacune des façades de manière différente selon les exigences (exposition, composition structurelle, descente des réseaux, des charges, besoins d’ouverture, …

TOYO, Ito, 2000 : Médiathèque SENDAI, SENDAI, JAPON.

TOYO, Ito, 2003 : Sendai Mediatheque, Editions ACTAR, Verb Manography.