BECHER, Bernd; BECHER, Hilla (1979-1991) : La série Typologie des monuments industriels.
Bernd BECHER est né en 1931 à Siegen dans une région minière. Après un apprentissage de peintre décorateur, il étudie la peinture à l’Académie des beaux-arts de STUTTGART. Il peint les paysages de sa région natale avant de recourir pour la première fois à la photographie en 1957 pour faire le portrait d’une mine en cours de démolition. Née en 1934 à Potsdam, Hilla BECHER, photographe de formation, quitte Berlin Est pour suivre sa carrière professionnelle en ALLEMAGNE de l’Ouest. Bernd et Hilla BECHER se rencontrent en 1959, l’année où débute leur collaboration avec une série de photographies de mines et maisons ouvrières de la zone industrielle de SIEGEN. Ils ont, d’emblée, une démarche « typologique », qui consiste à photographier les bâtiments en séries, en les classant souvent par destinations et usages. Leur travail est tout d’abord estimé par les ingénieurs et théoriciens de l’architecture. En 1969, l’exposition « Sculptures anonymes », de Bernd et Hilla BECHER, est organisée simultanément avec une rétrospective de l’art minimal américain. De nombreux commentaires soulignent des affinités entre les deux projets, notamment la sobriété des formes et la présentation en série. La « pureté » et la simplicité de leur démarche, ainsi que le choix de la répétition et de la sérialité, les rapprochent en effet de certains artistes minimalistes et conceptuels, mais, avec leur aspect purement documentaire voire « encyclopédique », ils s’inscrivent aussi dans la lignée de la tradition de la photographie objective. Typologies industrielles et artistiques Les séries typologiques ont été développées sur une période de 30 ans pendant laquelle Bernd et Hilla BECHER ont recensé et photographié des bâtiments industriels : châteaux d’eau, tours de refroidissement, puits de mine, silos et hauts-fourneaux. Avec une technique invariable et rigoureuse, ils procèdent de manière systématique en plaçant le bâtiment ou la structure photographié au centre de l’image, l’isolant autant que possible de son environnement et bannissant du cliché toute source de distraction (individus, nuages, ou fumée). Ces images montrent que l’intention esthétique précède le projet documentaire. Présentées dans un accrochage dense, sous forme de tableau de 9, 12 ou 15 photographies, sur plusieurs rangées, leur sens de lecture peut être horizontal, vertical ou diagonal. Par ce procédé, Bernd et Hilla BECHER veulent mettre l’accent, avant tout, sur les qualités plastiques des bâtiments : « Si les atouts ou les habillages esthétiques restent possibles jusqu’à un certain degré pour les autres constructions industrielles massives, la chaleur, la pression et le dégagement de gaz des hauts-fourneaux les excluent. Leurs différents éléments restent visibles de l’extérieur. D’un point de vue anatomique, le haut-fourneau est donc semblable à un écorché. La forme est donnée par les organes internes, les vaisseaux, le squelette… Les paysages urbains de PITTSBURGH, BIRMINGHAM, CHARLEROI, LONGWY et DUISBURG sont dominés par leurs hauts-fourneaux tout comme les cités médiévales l’étaient par leurs cathédrales.» (B. BECHER 1990) Monumentalités Industrielles Ainsi, les travaux de Bernd et Hilla BECHER donnent la mesure de ce que peut représenter le « patrimoine industriel » et son impact sur les paysages urbains. Cette notion sera d’ailleurs largement reprise et exploitée dans le projet de l’équipe GRUMBACH et Associés sur « le GRAND PARIS », pour qui les grands équipements de services collectifs, les ports, les silos, les usines, les centrales électriques, les usines de traitement des déchets, etc, deviennent les monuments de la Métropole du XXIème siècle. Formant ainsi le long du fleuve l’identité géographique d’un territoire riche en histoire. Questionnement Mais quel devenir pour ces sites industriels ? A l’heure de la ville des courtes distances, de la lutte contre l’étalement urbain, sur fond de crise du foncier, quelles mutations possibles pour ces vastes friches industrielles (existantes ou en devenir) situées au cœur de nos villes ou dans leurs périphéries immédiates ? Au regard des différentes typologies présentées dans les photographies de Bernd et Hilla BECHER, certains bâtiments industriels, part leurs configurations et les volumes qu’ils dégagent, permettent une ré-exploitation par un changement de fonction (silo, usines, gazomètres…). Pour d’autres en revanche, dont l’esthétique reste très empreint par leur fonction première (haut-fourneaux, cheminés,…), leur reconversion en œuvre d’art ou en mémorial apparait comme leur unique salut. GAUCHON D.
BECHER, Bernd; BECHER, Hilla (1979-1991) : La série Typologie des monuments industriels. LEJEUNE, Claire (2006) : Typologies anciennes : Bernd & Hilla Becher, catalogue d’exposition, Hornu (BELGIQUE), Musée des arts contemporains de la communauté française de Belgique, BRUXELLES. ZWEITE, Armin (2004) : Bernd et Hilla Becher, catalogue d’exposition (du 20 octobre 2004 au 3 janvier 2005), PARIS, Centre Pompidou, 93 p., ill. BECHER, Bernd; BECHER, Hilla (2002) : Industrial Landscapes / Bernd & Hilla Becher, with an interview by Susanne Lange ; Cambridge (Mass.), LONDON, the MIT press, 11 p. – 180 p. de planches. |