VENTURI, Robert, SCOTT BROWN, Denise, 1968 : A signifiance for A&P parking lots or learning from Las Vegas, in Architectural Forum 128 no.2, pp36,43.

BEILLARD Bertrand

 

VENTURI, Robert, SCOTT BROWN, Denise, 1968 : A signifiance for A&P parking lots or learning from Las Vegas, in Architectural Forum 128 no.2, pp36,43.

 

Le texte proposé est issu du livre “ L’ENSEIGNEMENT DE LAS VEGAS ” écrit par ROBERT VENTURI, DENISE SCOTT BROWN et STEVEN IZENOUR en 1972. Ils y développent une description du STRIP de LAS VEGAS (portion du LAS VEGAS BOULEVARD) à partir de laquelle l’idée d’une nouvelle ” forme ” d’architecture apparaît : l’architecture de communication. Nous allons essayer de récapituler brièvement leur travail.

 

Leur analyse se base sur l’étude du paysage, sur la manière d’examiner ce qui nous entoure. Le site choisi est une rue commerçante, le Las Vegas Strip. Le programme architectural de ce paysage est composé essentiellement d’éléments commerciaux. Ainsi les architectes modernes ont dû trouver une réponse compatible avec un langage commercial adapté. Ils développent donc à partir de cet élément particulier une vision globale de cette architecture.

 

Comme on peut le constater sur des photos de la Strip, l’architecture du bâti est secondaire. Ce qu’on remarque au premier plan, ce sont toutes les enseignes des hôtels, des casinos, des stations essence, … . L’architecture est ici désignée comme ” antispatiale “, la communication prend le dessus sur l’espace. Cette communication s’impose dans le paysage. Ce sont les enseignes qui servent de guide dans un espace à première vu ” chaotique“.

 

Les enseignes sont là pour attirer les individus. Face à une forte concurrence, les enseignes sont représentatives de symboles représentant au mieux le programme mis en avant. VENTURI et SCOTT font ici un lien entre le rôle des enseignes et les commerçants dans les BAZARS. L’enseigne est plus importante que l’architecture. Le bâti mis en arrière n’est plus qu’une ” nécessité modeste “.Le lieu n’est plus sans les enseignes. ” Les relations spatiales sont établies par des symboles plutôt que par des formes.”

 

Ici, même les grands parkings sont en avant par rapport au bâti. L’architecture proprement dite est complètement neutre. ” Le signe graphique dans le paysage est devenu l’architecture de ce paysage.”

 

Tout est mis en avant vers la route. Ainsi, dans cet environnement ” automobile “, les parkings deviennent ici un élément du paysage incontournable. “ Il est symbole aussi bien que commodité.”

 

Avec ces caractéristiques, le STRIP fait de LAS VEGAS la ville typique du désert. ” LAS VEGAS est au Strip ce que ROME est à la Piazza. ” Au-delà de cette notion ” d’architecture du symbole “, le Strip dégage d’autres caractéristiques.

 

Malgré une apparence désordonnée, il est recadré par le rythme régulier des poteaux d’éclairage. Ceci est en contraste avec l’irrégularité des enseignes. On a ainsi un jeu de eux visions opposées : “ la vision évidente des éléments de la rue et la vision difficile à percevoir des bâtiments et des enseignes. ” De ces deux visions on distingue naturellement deux ordres : les éléments de la grande rue sont d’ordre civique ; les enseignes et les bâtiments sont d’ordre privé. Ces deux ” ordres ” contiennent ” la continuité et la discontinuité, le mouvement et l’arrêt, la clarté et l’ambigüité, la coopération et la concurrence, la communauté et l’individualisme farouche.”

 

Ce mélange caractérise le style de LAS VEGAS. En effet, les bâtiments comme le paysage n’ont pas un style particulier mais plusieurs. Ainsi on peut dire que le style général du Strip est écliptique.

 

En revanche, il est important de dévoiler la face cachée du Strip, ce qu’il se passe à l’intérieur des bâtiments. On a de nouveau un grand contraste sur ce niveau. Les espaces intérieurs sont qualifiés d’ ” oasis “. On y retrouve le calme et la sérénité. VENTURI et SCOTT soulignent que cet effet de contradiction entre l’extérieur et l’intérieur était déjà utilisé avant le mouvement moderne, surtout dans l’architecture urbaine monumentale (ils prennent ici l’exemple des coupoles baroques, elles paraissaient plus hautes de l’extérieure que de l’intérieur : elles étaient symbole autant que construction spatiale).

 

On ne peut décrire cet environnement de communication sans parler du rôle qu’apporte l’éclairage dans la conception du Strip.

 

Pour les espaces extérieurs, la lumière transforme les bâtiments en enseigne de nuit. De plus, les enseignes elles même sont des sources d’éclairage.

 

Pour les espaces intérieurs, l’éclairage joue un rôle spatio-temporel. En effet, ” le temps semble sans limite car la lumière du midi ou celle de minuit sont identiques. L’espace parait sans limite car l’éclairage ne définit pas les contours. ” On peut alors affirmer que l’éclairage est architecture.

 

Il faut aussi préciser le caractère monumental des bâtiments en contradiction avec les idées reçues. En effet, pour des raisons financières et de conditionnement de l’air, les bâtiments le LAS VEGAS sont de ” grands espaces bas “. On peut donc dire que ce n’est pas forcément les espaces élevés qui créent la monumentalité d’un édifice.

 

Terminons sur le problème souligné précédemment : ” l’ordre difficile “. Pour cela nous développerons l’idée de HENRI BERGSON sur ce sujet. “L’individu doit travailler pour sélectionner et interpréter une variété d’ordre mélangés et changeant. C’est l’unité qui maintient, mais maintient tout juste, un contrôle sur les éléments en conflits qui la composent ; le chaos est tout proche ; sa proximité et le fait de l’évité donnent de la force.

 

L’analyse faite par VENTURI et SCOTT présente donc LAS VEGAS comme un ” phénomène de l’architecture de communication “. Je suis plutôt en accord avec ces propos même si je pense que ce type d’architecture porte plus au niveau des publicitaires.

 

VENTURI, Robert, SCOTT BROWN, Denise, 1977 : L’enseignement de Las Vegas, ou le symbolisme oublié de la forme architecturale, MITpress, Cambridge.

 

VENTURI, Robert, SCOTT BROWN, Denise, 1968 : A signifiance for A&P parking lots or learning from Las Vegas, in Architectural Forum 128 no.2, pp36,43.